Le ministère du Tourisme a l'intention de mettre en place une plateforme électronique réglementant le secteur de l'hébergement informel via des plateformes numériques, notamment Airbnb. Le but sera de soumettre cette partie croissante du secteur à l'imposition et à la concurrence, après avoir constaté qu'elle attire davantage de touristes que des établissements d'hébergement classés au niveau national. Pratiques et faciles d'accès, les plateformes communautaires payantes de location et de réservation de logements de particuliers attirent les voyageurs partout dans le monde. Au Maroc, l'utilisation de ces plateformes pour héberger notamment chez l'habitant et en toute distraction commence à irriter les professionnels du tourisme. Ne trouvant pas leurs comptes alors qu'ils respectent le cadre juridique ainsi que les normes établis par l'Etat, plusieurs fédérations de tourisme dénoncent aujourd'hui « une concurrence déloyale ». Succès hors circuit classique La secrétaire d'Etat chargée du tourisme Lamiaa Boutaleb a déclaré devant le parlement que le nombre de touristes au Maroc a augmenté de 14% l'an dernier, mais que les nuitées n'ont augmenté que de 8%. De ce constat, il s'avère qu'une partie non négligeable des touristes préfère héberger chez des particuliers ou dans des auberges, gîtes ou riads non répertoriés, notamment via Airbnb, plutôt que de réserver dans des établissements classés. Si elle reconnait que l'offre touristique marocaine est diversifiée, Lamiaa Boutaleb assure que cela ne se reflète pas sur le rendement du secteur, ou du moins, sur les statistiques du ministère de tutelle, n'enregistrant que les nuitées dans les établissements accrédités. « La durée moyenne de séjour au Maroc ne dépasse pas trois jours, ce qui veut dire que le touriste ne profite pas de la diversité de l'offre touristique dont nous disposons », explique la secrétaire d'Etat. Elle lie également son constat au fait que les destinations de montagne manque d'infrastructure de loisirs et de divertissement. Lamiaa Boutaleb assure que son département a établi un dialogue avec les responsables des plateformes numériques spécialisées dans les annonces de location individuelle, telles que Airbnb, « afin de trouver une solution pour commercialiser ce produit non structuré ». Elle annonce par ce biais qu'un site web devrait voir le jour. « Les particuliers offrant un hébergement via Airbnb devront s'y inscrire pour obtenir un numéro spécial et pour respecter certaines critères et conditions », prévoit Lamiaa Boutaleb. L'impératif de coopération Qu'on se le dise, cette mesure ne pourra se concrétiser sans la collaboration des plateformes numériques, l'américain Airbnb en tête. « Le numéro spécial sera nécessaire pour permettre l'affichage d'annonces des locataires marocains sur ce site », relève la secrétaire d'Etat. Elle précise aussi que « les services de la plateforme seront soumis aux impôts et taxes sur les revenus générés au Maroc ». A l'échelle africaine, le Maroc figure parmi les destinations les plus prisées par les utilisateurs d'Airbnb. Un rapport du site publié le 12 septembre dernier assure que le pays se range à la deuxième place, derrière l'Afrique du Sud. L'innovation opérée au sein même de l'offre Airbnb permet aujourd'hui de réserver des expériences et activités variées selon les villes et régions visitées. Soit une offre qui s'ajoute au service d'hébergement classique, ayant connu une de 1100% en 2018 selon Airbnb. Cette évolution n'est évidemment pas du goût des professionnels hôteliers, arguant que leur respect des dispositions réglementaires requiert la protection d'une concurrence nouvelle certes, mais plus adaptée aux nouvelles formes de voyage.