Dans le cadre de son nouveau cycle de conférence, le Centre d'études et de recherches humanitaires "Mada" a consacré sa dernière conférence au thème des "droits de l'Homme", explorant leurs enjeux philosophiques, juridiques et sociopolitiques dans le contexte de la transition démocratique. Dans le cadre de son cycle de conférences sur les "Concepts liés à la transition démocratique", le Centre d'études et de recherches humanitaires "Mada" a tenu, samedi dernier, sa deuxième conférence sous le thème des "droits de l'Homme". En ouverture de cette conférence, le professeur Younes Shahim a évoqué la nature de la relation entre l'universalité des droits de l'Homme et les spécificités culturelles, en mettant l'accent sur les notions et approches de philosophes tels que Slavoj Žižek, Krishon Eberhard, Mohammed Arkoun et Habermas, qui ont mis en évidence le conflit entre l'idée de l'universalité des droits de l'Homme et les spécificités culturelles des individus et des groupes. Quant au chercheur, Imad El Wrayachi, il s'est penché sur la question des droits de l'Homme face au pouvoir des entreprises technologiques à l'ère de la mondialisation à travers la perspective de la penseuse américaine contemporaine Shoshana Zuboff, mettant en exergue la question de la marchandisation de l'être humain sous prétexte que l'appât du gain légitime le recours aux moyens numériques. De son côté, le chercheur Mohamed Jebbour a abordé la question des droits de l'Homme entre le juridique, le politique et l'éthique, en comparant le concept de droit juridique et de droit politique dans le cadre de l'éthique politique. Par extension, il s'est attaché à déterminer le critère de catégorisation des droits de l'Homme qu'ils soient universels ou spécifiques. À la fin de son intervention, le chercheur a conclu que le modèle d'approche qui intègre le juridique, le politique et l'éthique aide à parvenir à une compréhension raisonnable et rationnelle des droits de l'Homme parce qu'il donne au concept un sens et une richesse au niveau théorique et une grande importance au niveau pratique, un modèle de compréhension qui considère le droit comme un droit moral qui est à l'abri des analyses coût-bénéfice ou des calculs de bénéfices sociaux. Lors de la deuxième partie de la conférence, le chercheur Abdelaziz Arrachidi est intervenu sur le thème "des droits de l'Homme, de l'universalité des principes aux doubles standards". Il a analysé l'évolution de l'universalité des principes jusqu'aux manifestations des doubles standards dans l'application internationale, en mettant l'accent sur les défis auxquels ces droits sont confrontés dans la pratique. Le chercheur a critiqué les doubles standards qui apparaissent dans les pratiques internationales, où les violations des droits de l'Homme dans certains pays (comme certains pays du Moyen-Orient ou d'Afrique) sont mises en avant alors que des violations similaires ou pires dans d'autres pays sont négligées en raison d'intérêts géopolitiques ou économiques, comme ils apparaissent dans le traitement différent de questions telles que les guerres, l'occupation, ou la suppression des libertés. Le chercheur Allioui Khlafa a axé, pour sa part, son intervention sur les questions relatives à la place accordée aux droits de l'Homme dans les programmes d'éducation islamique et de philosophie à travers une approche sociologique du système éducatif et une approche sociologique des valeurs, afin d'identifier les parallèles, les tensions et les convergences dans les deux systèmes sur les valeurs en général et sur le concept des droits de l'Homme en particulier. Le chercheur Mustaphfa Al Idrissi, à travers sa contribution intitulée Droits de l'Homme et exigence de la transition démocratique, réconciliation et équité et politique de la mémoire, est revenu, quant à lui, sur la contribution du cinéma marocain à la préservation de la mémoire collective, et comment il révèle les parties muettes de la littérature carcérale, notamment celles relatives aux années dites de plomb, en évoquant quelques films marocains qui ont travaillé sur cet aspect. Cette conférence a été marquée par des échanges approfondis et riches entre les participants et les intervenants, qui se sont tous accordés sur la qualité des thèmes abordés et la multiplicité des angles d'interrogation et des méthodes d'analyse, en raison notamment des approches variées mises en avant, de la philosophie politique à la philosophie du droit, en passant par les sciences politiques, la sociologie de l'éducation et la sémiotique, ce qui reflète la vocation du Centre Mada à s'ouvrir à tous les domaines de la connaissance et à les intégrer, afin d'éclairer le concept des droits de l'Homme en tant qu'élément essentiel de la transformation démocratique souhaitée.