Des eurodéputés espagnols ont saisi la Commission européenne au sujet de la relocalisation d'une escale sur la route entre l'Inde et les Etats-Unis par Maersk du port d'Algésiras à celui de Tanger. Ils mettent en cause la taxe carbone européenne, qu'ils jugent responsable de cette décision de l'armateur danois. Les ports espagnols sont en alerte face à une perte de compétitivité attribuée aux nouvelles réglementations climatiques de l'Union européenne. Dans une question écrite adressée à Bruxelles, des eurodéputés espagnols dénoncent les conséquences économiques de la taxe carbone imposée aux compagnies maritimes, qui favorise selon eux le port marocain de Tanger au détriment d'Algésiras et de Valence. "Un signal d'alarme" Juan Ignacio Zoido, ancien ministre de l'Intérieur, et Borja Gimenez, tous deux membres du Parti Populaire espagnol, mènent cette initiative. Selon eux, "la décision de grandes compagnies maritimes de rediriger leurs opérations vers le Maroc constitue un signal d'alarme". Dans une déclaration publiée sur X (anciennement Twitter), Zoido a averti des répercussions des taxes européennes sur la compétitivité économique de l'Union. Il a également souligné que le port d'Algésiras a franchi la barre des 100 millions de tonnes de marchandises manutentionnées en 2024 pour la neuvième année consécutive, avec une proportion importante de ce trafic issue des opérations de Maersk dans le terminal andalou. Dans ce contexte, il a appelé à "équilibrer les objectifs environnementaux et la compétitivité de nos entreprises" en vue d'éviter toute relocalisation du trafic maritime. Les deux eurodéputés attribuent le choix de Maersk de privilégier Tanger à l'instauration d'une taxe carbone par la Commission européenne. Ce mécanisme, qui s'applique depuis 2024, aurait poussé le groupe danois à opter pour des ports non soumis à ces contraintes. Voilà pourquoi Ils demandent à la Commission européenne d'expliquer les mesures qu'elle envisage pour garantir la compétitivité des ports européens sans compromettre les objectifs environnementaux du bloc communautaire. Nouvelles règles de l'UE Le système européen d'échange de quotas de carbone impose depuis 2024 aux compagnies maritimes de déclarer leurs émissions annuelles avant le 31 mars. En 2025, elles devront payer 40 % de leurs émissions de 2024. Ce pourcentage augmentera à 70 % en 2026, avant d'atteindre 100 % à partir de 2027. Il est à noter que Maersk a entériné en fin de semaine dernière ce remaniement de ses services de transport interocéaniques. Elle a ainsi confirmé qu'elle ne fera plus escale à Algésiras dans le cadre du service MECL reliant l'Inde et les Etats-Unis. A la place, le port marocain de Tanger Med sera désormais inclus sur cette route. La compagnie danoise a justifié cette décision par des ajustements commerciaux, fréquents dans le secteur maritime. Une telle réorganisation permet d'optimiser les coûts et de répondre à une dynamique mondiale en constante évolution, souligne Maersk.