L'affaire de l'écrivain franco-algérien, Boualem Sansal, arrêté et détenu depuis la mi-novembre pour atteinte à la sûreté de l'Etat, continue d'envenimer le climat entre Paris et Alger, déjà très tendu et exacerbé ces derniers jours par l'arrestation de plusieurs influenceurs algériens, accusés par la France d'appeler à la violence sur son territoire. La tension est encore montée d'un cran quand le président français, Emmanuel Macron, a déclaré, lundi devant les ambassadeurs français réunis à l'Elysée, que l'Algérie se « déshonore » en ne libérant pas Boualem Sansal. « L'Algérie que nous aimons tant et avec laquelle nous partageons tant d'enfants et tant d'histoires entre dans une histoire qui la déshonore, à empêcher un homme gravement malade de se soigner. Ce n'est pas à la hauteur de ce qu'elle est », a-t-il asséné. Critique du pouvoir algérien, Boualem Sansal, 75 ans, se trouve en effet dans une unité de soins depuis la mi-décembre. Réagissant mardi à ces déclarations, qui ont soulevé un tollé dans le pays, le ministère algérien des Affaires étrangères, les a qualifiées d'« inacceptables ». « Des propos du président français qui déshonorent, avant tout, celui qui a cru devoir les tenir de manière aussi désinvolte et légère. Ces propos ne peuvent être que réprouvés, rejetés et condamnés pour ce qu'ils sont, une immixtion éhontée et inacceptable dans une affaire interne algérienne », a souligné la diplomatie algérienne dans un communiqué. Et d'ajouter: « ce que le président français présente indûment et faussement comme une affaire de liberté d'expression n'en est pas une au regard de la loi d'un Etat souverain et indépendant. Elle relève essentiellement d'une mise en cause de l'intégrité. territoriale du pays, un délit punissable par la loi algérienne ». Le président algérien Abdelmadjid Tebboune a évoqué pour la première fois son arrestation le 29 décembre, le qualifiant d' »imposteur » envoyé par la France. L'auteur de « 2084: la fin du monde », naturalisé français en 2024, est poursuivi en vertu de l'article 87 bis du code pénal algérien, qui sanctionne « comme acte terroriste ou subversif, tout acte visant la sûreté de l'Etat, l'intégrité du territoire, la stabilité et le fonctionnement normal des institutions ». Selon le quotidien français Le Monde, le pouvoir à Alger aurait mal pris des déclarations de l'écrivain au média français Frontières, réputé d'extrême droite, reprenant la position du Maroc selon laquelle le territoire du pays aurait été tronqué sous la colonisation française au profit de l'Algérie.