Chaque jour qui passe, le régime algérien touche un nouveau fond. Le président Abdelmadjid Tebboune s'en est pris bassement à l'écrivain Boualem Sansal, qui croupit depuis plusieurs semaines dans les geôles pour des accusations farfelues. Après les zélateurs du pouvoir militaire et les médias aux ordres, qui distillent les attaques les plus insidieuses et les plus viles contre l'écrivain de 75 ans, c'est au tour du chef de l'Etat en personne de le traiter de tous les noms, bafouant la dignité et l'honneur d'un homme dont le seul tort est d'oser exprimer des pensées. « Vous envoyez un imposteur qui ne connaît pas son identité, ne connaît pas son père et vient dire que la moitié de l'Algérie appartient à un autre Etat », a déclaré Tebboune, dans une intervention surréaliste devant les deux chambres du Parlement. Lire aussi | Emprisonné en Algérie, l'écrivain Boualem Sansal court un grand danger Le pouvoir a mal pris des déclarations médiatiques de Sansal, dans lesquelles il rappelle seulement des faits historiques: le territoire du Royaume du Maroc a été tronqué sous la colonisation française au profit de l'Algérie. L'auteur de « 2084: la fin du monde », naturalisé français en 2024, est incarcéré depuis la mi-novembre pour atteinte à la sureté de l'Etat, en vertu de l'article 87 bis du code pénal. Celui-ci considère « comme acte terroriste ou subversif, tout acte visant la sûreté de l'Etat, l'intégrité du territoire, la stabilité et le fonctionnement normal des institutions ». Lire aussi | «Houris» de Kamel Daoud et les démons d'un passé algérien sanglant Confronté à une contestation populaire grandissante, Abdelmajid Tebboune s'en est pris également à la France, que les généraux algériens ajoutent à toutes les sauces pour justifier leurs interminables échecs politiques, diplomatiques et économiques. « Ceux (en France) qui disent que nous avons laissé un paradis à l'Algérie devraient savoir que 90% du peuple algérien était analphabète au moment de l'indépendance », a souligné Tebboune. « La colonisation a laissé l'Algérie en ruines (…) ils doivent admettre qu'ils ont tué et massacré des Algériens ». Lire aussi | Le général Changriha au gouvernement algérien: un pion visible pour masquer l'invisible ? Alger a retiré son ambassadeur à Paris fin juillet quand le président français Emmanuel Macron a apporté un soutien appuyé à la marocanité du Sahara, avant de se rendre à Rabat fin octobre pour une visite d'Etat couronnée d'un grand succès.