Dans son discours à l'occasion de l'inauguration de la session d'autonome du Parlement, le Roi Mohammed VI a axé ses orientations sur le dossier du Sahara, mettant en exergue les récentes avancées significatives, notamment le soutien de la France à la souveraineté du Maroc sur l'intégralité de son territoire saharien, un pays dont l'influence n'est pas négligeable. « Voilà donc la République Française qui soutient la souveraineté du Maroc sur l'ensemble du territoire du Sahara et qui appuie l'Initiative d'autonomie dans le cadre de l'intégrité territoriale marocaine, comme seule base pour le règlement de ce conflit régional artificiel », a souligné le Souverain. Dans son décryptage du contenu de ce discours phare, le politologue Mustapha Tossa, qui a considéré cette adresse comme « un discours de triomphe », estime que « pour le Maroc, la France n'est pas n'importe quel pays. La France, aux côtés de l'Espagne, possède une connaissance approfondie de l'historique, l'archive et la mémoire de ce conflit régional. Donc, c'est très important qu'un pays comme la France puisse acter la marocanité de Sahara ». Et de rappeler: « Et puis, le Souverain marocain dit que la France est un pays qui a beaucoup d'influence dans le monde et c'est un membre permanent du Conseil de sécurité. Ainsi, pour le Souverain, le fait que la France adopte une telle posture à l'égard de ce conflit exerce un effet d'entraînement sur l'ensemble des pays européens, notamment les pays scandinaves et d'autres nations qui étaient initialement hésitantes ou réticentes ». « Avec le soutien de l'Espagne et de l'Allemagne, la France incite donc ces pays réticents à sortir de leur position ambiguë. En effet, j'ai souvent souligné que tant qu'un pays comme l'Espagne ou la France n'avait pas clarifié sa position, il n'y avait aucune raison de penser que des pays éloignés géographiquement et face à cette crise puissent prendre une initiative », a poursuivi Tossa. Quant à l'appel du Roi à intensifier les efforts en matière de coordination ainsi qu'en diplomatie partisane et parlementaire, le politologue a déclaré que la lutte est loin d'être achevée. Il a affirmé que la bataille se poursuit, soulignant qu'il reste encore des pays à convaincre et à séduire quant à la légitimité des droits des Marocains sur le Sahara. « Le Souverain marocain a fortement mis l'accent sur la diplomatie non officielle, impliquant les organisations non gouvernementales, les parlements et la société civile. Donc, il y a une vraie harangue de la part du Souverain à l'égard de ces composantes de la société marocaine pour leur dire qu'il faut aller de l'avant, il faut continuer le travail jusqu'à l'obtention totale de la reconnaissance internationale, sans exception de la marocanité du Sahara », a-t-il détaillé. Selon Tossa, l'attention se concentre principalement sur deux pays considérés comme clés dans ce combat, à savoir l'Afrique du Sud et le Venezuela, l'un situé en Afrique et l'autre en Amérique latine. Par conséquent, le Roi invite les parlementaires, les partis politiques et les membres de la société civile à redoubler d'efforts pour obtenir l'adhésion de ces pays qui demeurent réticents à reconnaître la marocanité du Sahara. S'agissant des grands projets structurants cités par le Roi dans son discours, notamment le Gazoduc Maroc-Nigéria ainsi que l'Initiative Afrique Atlantique, le spécialiste a fait savoir que le Monarque « parle en langage stratégique et visionnaire pour cette région. Il veut changer la physionomie de cette région. Cette initiative Atlantique implique de nombreux pays. La proposition de donner une ouverture sur l'Atlantique aux pays du Sahel est une manière de les impliquer dans le devenir économique et la transformation régionale ». Le gazoduc constitue, pour sa part, un projet économique colossal et structurant, a noté Tossa, précisant que le Maroc a su conquérir les cœurs de certains pays en mettant en avant son ambition de transformer la réalité et d'améliorer le présent selon une logique de coopération gagnant-gagnant avec ces nations africaines. Cette stratégie, mise en œuvre par le Souverain marocain depuis plusieurs années, a commencé à porter ses fruits, entraînant l'adhésion de ces pays partenaires, a-t-il affirmé. « Alors, le prochain défi, le prochain combat diplomatique qui s'imposera au Maroc serait de tenter de convaincre les membres de l'Union africaine de faire en sorte d'expulser la fantomatique RASD de leur rang, ce qui serait le point culminant de la victoire marocaine sur ses adversaires et sur tous ceux qui s'opposent à son unité territoriale et à la marocanité du Sahara », a conclu le politologue.