Un nouveau chapitre se dessine dans la crise qui secoue les facultés de médecine et de pharmacie au Maroc depuis plus de 8 mois. Alors que les groupes parlementaires de la majorité ont dévoilé une proposition, fruit de médiations intensives, destinée à mettre un terme à cette impasse, la situation demeure tendue. Le ministre de l'Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l'Innovation, Abdellatif Miraoui, semble prêt à mettre en œuvre cette proposition. Cependant, les étudiants en médecine, loin d'être convaincus, continuent de la rejeter avec force. Cette proposition, émanant du ministère de l'Enseignement supérieur, vise à apaiser les tensions et à sauver l'année universitaire en cours. Selon un communiqué de la commission de dialogue des groupes de la majorité à la Chambre des représentants, dont le journal Hespress FR a pu obtenir une copie, cette initiative s'inscrit dans un effort parlementaire pour trouver des solutions durables aux grèves qui paralysent les facultés de médecine, pharmacie et médecine dentaire. Le ministère affiche sa détermination à boucler l'année universitaire 2023/2024, en collaboration avec les doyens des facultés concernées. Pour ce faire, une session de rattrapage du premier semestre est programmée pour le 5 septembre 2024, avec la promesse d'organiser d'autres sessions au cours du deuxième semestre. Une réunion cruciale est prévue ce mardi entre le ministre Miraoui et les doyens des facultés, afin de discuter de l'application de l'accord de médiation parlementaire. Cependant, l'ombre d'un échec plane sur cette initiative. Les étudiants en médecine n'y voient qu'une « manœuvre« , arguant que leurs revendications essentielles sont ignorées. Parmi ces revendications figurent la clarification du parcours universitaire, la réintégration des étudiants suspendus, et le refus catégorique de la réduction des années d'études de sept à six ans, une mesure perçue comme une gestion « chaotique » d'une crise qui touche plus de 25.000 étudiants. Une source au sein de la commission nationale des étudiants en médecine, pharmacie et médecine dentaire, s'exprimant sous le couvert de l'anonymat, a qualifié la proposition ministérielle de « nébuleuse« , soulignant l'absence de garanties concrètes quant à la satisfaction des revendications étudiantes. Selon cette source, « le gouvernement est bien conscient de la gravité de la situation« , et malgré les médiations parlementaires, les revendications principales n'ont cessé d'être réitérées. Dans une déclaration à Hespress FR, la même source a rejeté l'idée que la simple reprogrammation des examens puisse constituer une réponse satisfaisante. « Les étudiants attendent un véritable dialogue et une réponse concrète du gouvernement« , a-t-elle insisté, soulignant que la crise ne peut être résolue par des mesures partielles. La gestion de la crise par le ministère est perçue comme « chaotique » par les étudiants, qui refusent de voir les étudiants suspendus traités comme des « otages« . Ils pressent donc le gouvernement de répondre à toutes leurs revendications sans en fragmenter la résolution. « Le gouvernement répète les mêmes promesses depuis juin, sans pour autant s'attaquer aux véritables préoccupations des étudiants« , a déploré la même source. Concernant la reprogrammation des examens, la source a critiqué le fait que les résultats de la session de rattrapage ne seront accessibles qu'après la délibération finale, créant ainsi une situation d'incertitude pour les étudiants. « Nous n'accepterons pas que la réussite des examens de la session printanière soit conditionnée par celle des examens de la session automnale« , a-t-elle martelé. Cette gestion de crise ne fait qu'exacerber les tensions. La source estudiantine a conclu en affirmant que « le véritable sauvetage de l'année universitaire passe par l'écoute des revendications étudiantes, et non par des manœuvres dilatoires« . L'appel du ministère et des groupes parlementaires à une réaction positive des étudiants en médecine semble tomber dans l'oreille d'un sourd. « La véritable réaction positive serait que le gouvernement engage un dialogue sérieux et responsable« , a insisté la même source, rejetant toute solution imposée unilatéralement par le gouvernement. Finalement, la position des étudiants est claire : ils rejettent la gestion actuelle de la crise par le ministère, qu'ils jugent en contradiction avec l'engagement de sauver l'année universitaire. « Les étudiants agissent de bonne foi. Et s'ils avaient perçu un véritable engagement dans les offres du gouvernement, ils auraient réagi positivement sans tarder », conclut notre source.