Suite aux propos « antisémites et diffamatoires » proférés par le dénommé Mehdi Ghezzar, le Club des Avocats au Maroc (CAM) a adressé, ce mercredi 28 août, un signalement au Parquet de Paris afin de demander l'engagement des poursuites appropriées. Les détails. Dans le document de signalement dont Hespress FR détient copie, le Club des Avocats au Maroc a signalé au procureur de la République française « les propos antisémites et diffamatoires tenus par Monsieur Mehdi Ghezzar, chroniqueur de l'émission Les Grandes Gueules diffusée sur la chaîne RMC, qui, au-delà de constituer une attaque contre l'honneur du Royaume du Maroc, encouragent la haine raciale et incitent à la discrimination, conformément aux dispositions de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse« . Avant de citer les « infractions » commises par Mehdi Ghezzar, le Club des Avocats au Maroc a d'abord rappelé les faits qui remontent au 25 août 2024, lorsque, lors d'une intervention sur le plateau de la chaîne algérienne AL24 News, « Mehdi Ghezzar a tenu des propos gravement diffamatoires et incitatifs à la haine. Il a affirmé que, dans le contexte du conflit entre Israël et le Hamas palestinien, le peuple marocain n'a pas le droit de manifester son mécontentement, sa solidarité avec le peuple de Gaza, par décret royal ». « C'est interdit, ils risquent des peines de prison. Ils n'ont pas le droit d'en parler dans les mosquées, pas le droit de dire : nos frères palestiniens sont en train de mourir sous les bombes », rappelle le Club, qui souligne que lors de cet échange, « Monsieur Ghezzar a également approuvé les propos du présentateur d'AL24 News, qui affirmait de manière mensongère que le conseiller du roi marocain, André Azoulay, était l'initiateur de ce supposé décret, en précisant à tort qu'il est Israélien. Monsieur Ghezzar a renchéri : C'est un pays qui se nourrit de mouches sionistes de la désinformation continue à travers les réseaux sociaux, Internet, les unités de presse. (...) Les bases de la société ont été complètement spoliées par une partie étrangère à la population », accusant ainsi le Maroc d'être « téléguidé par un régime sioniste », contrairement à l'Algérie qui, selon lui, résisterait au 'diktat sioniste' ». De plus, le CAM souligne que Mehdi Ghezzar « a proféré des accusations infondées et diffamatoires contre le Royaume du Maroc, affirmant que ce pays serait comparé à la 'Thaïlande de l'Afrique', insinuant que le Maroc serait un pays de pédophilie, d'insécurité, et de corruption morale : ' Vous voulez voler un enfant ? Il y en a. Vous voulez violer un enfant ? Il y en a. Vous voulez acheter de la drogue ? Il y en a. Vous voulez de la prostitution ? Il y en a. Vous voulez des casinos ? Il y en a. C'est tout sauf un pays musulman', sans étayer ces allégations », peut-on lire dans le document. Selon le Club des Avocats, « ses propos diffamatoires, diffusés à une large audience, non seulement portent atteinte à l'image et à la dignité du Royaume du Maroc, mais incitent également à la haine raciale et à la discrimination ». Les infractions d'injure publique et de provocation à la discrimination Dans le même document de signalement, le CAM explique en détail les infractions et injures commises par Mehdi Ghezzar. On y trouve de la « provocation à la discrimination » (Article 24 de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse). Le Club explique donc que, selon cet article, « Ceux qui, par l'un des moyens énoncés à l'article 23, auront provoqué à la discrimination, à la haine ou à la violence à l'égard d'une personne ou d'un groupe de personnes à raison de leur origine ou de leur appartenance ou de leur non-appartenance à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée, seront punis d'un an d'emprisonnement et de 45.000 euros d'amende ou de l'une de ces deux peines seulement ». En qualifiant le Maroc d'« État sioniste » et en le comparant à un pays de « pédophilie et de drogue », le Club des Avocats souligne que « Ghezzar incite directement à la haine contre un groupe de personnes sur la base de leur origine nationale et religieuse, ce qui constitue une infraction manifeste de provocation à la discrimination ». Concernant l'injure publique (Article 29 de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse), le Club des Avocats précise que l'article 29 dispose : « Toute expression outrageante, terme de mépris ou invective qui ne renferme l'imputation d'aucun fait est une injure », notant que les termes utilisés par Mehdi Ghezzar, tels que « État voyou », et ses insinuations sur le Maroc en tant que pays de « pédophilie » et de « drogue » constituent des injures publiques dirigées contre une nation et ses citoyens, répréhensibles au sens de la loi précitée. Références aux déclarations du Président Macron sur l'antisémitisme Dans cet axe de sa missive envoyée au Parquet de Paris, le Club des Avocats au Maroc estime qu'il est pertinent de rappeler les propos récents du Président Emmanuel Macron, qui, dans un discours prononcé le 25 août 2024, a souligné l'importance de combattre l'antisémitisme, qu'il a qualifié de « combat sans fin ». Le Président Macron a réaffirmé l'engagement de la République française à lutter fermement contre toute forme de discours de haine et de discrimination, y compris ceux à caractère antisémite, qui menacent la cohésion nationale. « Au vu de ces éléments, le Club des Avocats au Maroc vous prie de bien vouloir examiner ce signalement et d'engager les poursuites appropriées à l'encontre de Monsieur Mehdi Ghezzar pour les infractions susmentionnées. Le CAM se réserve également le droit de se constituer partie civile devant le Tribunal Correctionnel de Paris pour ces faits », conclut la missive.