L'économie marocaine, souvent secouée par les fluctuations des prix des carburants, vient de connaître une accalmie passagère en ce début de mois d'août. Les consommateurs, habitués aux montagnes russes des prix à la pompe, ont accueilli avec une pointe de scepticisme la récente baisse des prix. Selon les informations fournies par Jamal Azrikem, président de l'Union nationale des propriétaires, commerçants et gestionnaires des stations-service du Maroc, le prix du litre de gazole a diminué de 0,30 dirham, tandis que celui de l'essence a baissé de 0,25 dirham. Répit fugace pour les consommateurs Cette diminution, bien que modeste, n'est pas uniforme à travers le pays. Un professionnel du secteur a confirmé que les variations des prix sont influencées par l'emplacement des stations-service et les dynamiques locales du marché. Ainsi, ce qui pourrait apparaître comme une bonne nouvelle pour les habitants d'une ville, pourrait n'avoir qu'un effet négligeable dans une autre. Il est crucial de comprendre que ces ajustements nationaux sont souvent le reflet des mouvements sur la scène internationale. Par exemple, au début du mois de juillet, les prix des carburants au Maroc avaient subi une hausse, avec une augmentation de 0,33 dirham pour le litre de gazole et de 0,16 dirham pour l'essence. Cette hausse coïncidait avec une montée en flèche des prix du pétrole brut sur les marchés mondiaux, stimulée par des événements géopolitiques comme l'assassinat d'Ismaïl Haniyeh, figure de proue du Hamas. Libéralisation en demi-teinte Depuis la libéralisation du marché des carburants au Maroc, les prix sont ajustés à la fin et au début de chaque mois. Cependant, cette libéralisation, censée apporter plus de transparence et de compétitivité, laisse encore à désirer quant à ses effets réels sur le portefeuille des consommateurs. Les dernières données montrent une augmentation des prix des contrats à terme pour le Brent, qui a grimpé de 0,70%, atteignant environ 80,08 dollars le baril. De même, le prix des contrats à terme pour le West Texas Intermediate (WTI) approche les 90 dollars le baril. Ces hausses internationales trouvent inévitablement écho au niveau national, affectant les prix à la pompe. Rapport du Conseil de la concurrence Le rapport du Conseil de la concurrence du mois dernier a mis en lumière une augmentation de 9,1% des importations de gazole et d'essence au cours du premier trimestre 2024, atteignant approximativement 1,47 million de tonnes. En valeur, cela représente une hausse de 0,9%, soit un total de 12,89 milliards de dirhams sur une base annuelle. Malgré cette augmentation des importations, le rapport souligne que les coûts d'achat pour les distributeurs n'ont que légèrement augmenté : 0,17 dirham par litre pour le gazole et 0,32 dirham par litre pour l'essence. Ces augmentations sont toutefois nettement inférieures aux hausses des prix internationaux des produits pétroliers raffinés. Avenir incertain En fin de compte, cette baisse des prix, bien que bienvenue, ressemble davantage à un pansement temporaire sur une plaie béante. La volatilité des marchés internationaux et les incertitudes géopolitiques continueront de peser sur les prix des carburants au Maroc. Les consommateurs marocains, eux, restent en attente d'une solution plus durable qui pourrait enfin stabiliser les coûts énergétiques et amener un soulagement tangible à leurs finances. Le répit actuel, aussi modeste soit-il, rappelle l'importance de stratégies énergétiques plus robustes et d'une gestion plus transparente des ressources nationales. Mais, pour l'instant, cette baisse des prix est à savourer avec prudence, en gardant un œil vigilant sur l'évolution des marchés mondiaux.