La position de la France sur la question de la marocanité du Sahara est longtemps restée « floue », mais les choses tendraient à changer au vu des évolutions observées récemment. Sorti de nulle part, un communiqué du ministère algérien des affaires étrangères est venu, ce jeudi, nous apprendre que Paris a informé Alger d'un changement de position sur le Sahara. C'était largement suffisant pour que l'Algérie exprime sa « profonde désapprobation ». Une information fuitée ou un nouvel épisode de la saga du voisin de l'Est? « Le gouvernement algérien a pris connaissance avec un grand regret et une profonde désapprobation de la décision inattendue, inopportune et contre-productive du gouvernement français apportant un soutien sans équivoque et sans nuance au plan d'autonomie sur le Sahara Occidental dans le cadre de la souveraineté marocaine« , a indiqué le communiqué du MAE algérien. Un pas algérien non calculé suite au choc reçu par l'information ou une autre tentative de semer la zizanie ? Pour y voir plus clair, Hespress FR a sollicité Driss Lagrini, politologue et enseignant-chercheur à l'Université Cadi Ayyad de Marrakech, qui croit fermement que « cette reconnaissance viendra un jour, et nous voici, on s'en approche« . « Aujourd'hui, nous assistons à un tournant décisif dans le contexte géopolitique du Maghreb, en particulier concernant la question du Sahara. Depuis plusieurs mois, des signaux clairs indiquent que la France s'oriente vers une reconnaissance de la proposition d'autonomie marocaine comme La solution viable et pragmatique pour ce conflit longtemps enlisé. Ce développement marque une avancée significative dans la résolution d'un conflit artificiel qui a trop longtemps entravé la stabilité et le développement de la région", indique-t-il. D'après le spécialiste en politiques et relations internationales, l'annonce récente de la France, affirmant que le projet d'autonomie est le choix optimal pour dépasser les divergences, résonne comme un écho de justice dans les arènes internationales. "Cette reconnaissance ne se contente pas de soutenir la position marocaine, mais elle met également en lumière les contradictions dans la politique étrangère de l'Algérie, qui, d'une part, se dit non impliquée, et d'autre part, manifeste un intérêt marqué et une réaction hystérique face aux évolutions diplomatiques sur ce dossier. Cette position ambiguë révèle l'inquiétude d'Alger face à un changement d'attitude de la part d'un acteur majeur comme la France, membre permanent du Conseil de sécurité des Nations Unies", explique notre interlocuteur. Bien que cette déclaration ne soit pas encore officielle, affirme l'expert, la France semble reconnaître non seulement l'efficacité du projet d'autonomie marocain, mais aussi la nécessité d'un nouveau paradigme dans la gestion des conflits régionaux. L'approche précédente, basée sur la gestion des crises pour des motifs divers, semble désormais obsolète. En choisissant de soutenir ouvertement la solution d'autonomie, la France se place du côté de la réalité, celle d'une proposition marocaine qui a gagné en légitimité internationale et en pertinence stratégique. Pour lui, "ce pré-soutien français" s'ajoute à ceux déjà exprimés par des pays influents tels que l'Espagne, l'Allemagne et avant cela les États-Unis. Il est raisonnable de s'attendre à ce que d'autres nations suivent cette voie, reconnaissant ainsi la justesse et la viabilité de la solution proposée par le Maroc. "En effet, les résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU, depuis 2007, ont constamment confirmé cette orientation, tout en rappelant l'importance de respecter le cessez-le-feu et de tenir l'Algérie pour responsable de ses positions", rappelle Driss Lagrini. Pour l'Algérie, ces évolutions représentent un défi majeur. Face à une opinion publique de plus en plus préoccupée par des questions de développement et de réformes politiques, le maintien d'une politique étrangère fondée sur des positions rigides et anachroniques semble de plus en plus insoutenable. Le temps est venu pour Alger de revoir ses priorités et d'adopter une approche plus constructive et pragmatique. Pour conclure, Lagrini semble optimiste et s'attend à une déclaration officielle : "le soutien de la France à la proposition d'autonomie pour le Sahara constitue une étape majeure vers la résolution de ce conflit. C'est une reconnaissance de la justesse de la position marocaine et un appel à la communauté internationale pour qu'elle suive cet exemple. Le chemin vers la paix et la prospérité régionales est encore long, mais des signes prometteurs nous indiquent que nous sommes sur la bonne voie".