L'Algérie a exprimé, jeudi, sa « profonde désapprobation » de la décision de la France d'apporter son soutien au plan d'autonomie proposé par le Maroc pour le Sahara. « Le Gouvernement algérien a pris connaissance avec un grand regret et une profonde désapprobation de la décision inattendue, inopportune et contre-productive du gouvernement français apportant un soutien sans équivoque et sans nuance au plan d'autonomie sur le Sahara Occidental dans le cadre de la souveraineté marocaine », a indiqué le ministère des Affaires étrangères algérien dans un communiqué. La décision a été communiquée officiellement à l'Algérie par les autorités françaises ces derniers jours, a ajouté le ministère des Affaires étrangères, sans donner de date précise. Alger a donc pris le temps de réfléchir à la question avant d'y répondre de manière officielle. Les mots choisis par le ministère algérien des Affaires étrangères sont à la hauteur de du choc reçu. Alger a utilisé un langage ordurier ciblant aussi bien la France que le Maroc en les traitant de « puissances coloniales, anciennes et nouvelles » qui « savent se reconnaître » et se rendre des mains secourables. L'hystérie algérienne devant la décision française n'est pas compréhensible, tout du moins puisqu'il ne s'agit pas d'une grande nouveauté dans le message communiqué par Paris. La France a été l'un des premiers soutiens appuyés à la proposition marocaine d'autonomie depuis 2007 au sein du Conseil de sécurité. Cependant la réaction de la diplomatie algérienne qui monte au créneau, a tout l'air de signifier qu'elle exprimé la peur d'une reconnaissance franche de la marocanité du Sahara de la part de la France. Autrement dit, cette communication servirait en quelques sortes, à menacer Paris, comme Alger l'avait fait avec Madrid, sans succès. Pour le ministère algérien, « la décision française relève manifestement d'un calcul politique douteux, d'un apriori moralement contestable et de lectures juridiques que rien ne conforte et rien ne justifie ». Avec cette réaction épidermique, l'Algérie exprime une nouvelle fois qu'elle est la réelle deuxième partie au conflit artificiel autour du Sahara marocain. Oubliant que la légalité internationale est du côté du Maroc, la communication algérienne remet en cause tout le soutien de la communauté internationale qui appuie le Maroc dans la sauvegarde de sa souveraineté sur ses provinces du Sud et suppose que cette même communauté internationale serait en faveur d'un « processus de décolonisation ». Selon la diplomatie algérienne, Paris apporterait « un soutien injustifiable à une souveraineté contestée et contestable du Maroc sur le territoire ». Alger fulmine et s'inquiète que la position de la France n'influence de manière ultime la processus politique au Sahara après que les Etats-Unis, qui sont le porte plume du Conseil de sécurité aient déjà reconnu la souveraineté du Maroc sur le Sahara. Les autorités algériennes n'ont pas ménagé leurs efforts diplomatiques pour tenter de renverser la tendance du soutien à la marocanité du Sahara au sein de l'ONU (depuis la nomination de l'Algérie comme membre non permanent du Conseil de sécurité), toujours en porte-à-faux de la communauté internationale, viennent de subir une grande déconvenue. Elles soutiennent même que supposément « la conjoncture actuelle connaît une mobilisation des bonnes volontés au sein des Nations Unies à l'effet de donner un nouveau souffle à la recherche d'un règlement au conflit du Sahara », et que la décision française s'inscrirait à contre-courant de ces efforts. Le Gouvernement algérien retient de la décision française qu' »elle ne sert absolument pas l'objectif de la paix au Sahara », et qu'elle prolongerait « une impasse » alors que le seul pays qui entrave la paix et le règlement de ce conflit c'est l'Algérie, en refusant de retourner aux tables rondes, et en refusant le contenu des résolutions du Conseil de sécurité. « Le gouvernement algérien tirera toutes les conséquences qui découlent de cette décision française et dont le Gouvernement français assume seul la pleine et entière responsabilité », a conclu le communiqué de ministère algérien. Pour le moment, ni la France ni le Maroc ont commenté cette information. La réaction de l'Algérie a devancé l'annonce de la France. Les prochains jours devraient fournir plus d'informations sur ce nouveau développement de la question du Sahara.