À l'approche de la date du 7 septembre, jour supposé des élections présidentielles anticipées en Algérie, le pays donne cette impression de s'interroger sur l'utilité des ce élections, tant le régime est verrouillé sur un seconda mandat du président Abdelmajid Tebboune. Il s'interroge sans doute à voix basse, pour camoufler une différence populaire pour un scrutin dont le résultat est décidé à l'avance avant même d'avoir débuté la campagne électorale. Et pour cause. L'actuel président Tebboune s'adresse aux Algériens et au monde comme si aucune force humaine en peut le priver d'un second mandat. Dans son discours et dans sa logique il enjambe aisément et sans aucun complexe ni hésitation, le prochain scrutin présidentiel. À titre d'exemple, sa précipitation à confirmer sa visite en France fin septembre début octobre signifiait à tous, qu'elle ait lieu ou pas, cette élection présidentielle ne sera qu'une formalité, voire une illusion démocratique que ne trompe personne. Second facteur qui explique cette défiance à l'égard de cette élection, le retour des lièvres classiques, comme Louisa Hanoune ou Abdelkader Bengrina pour ne citer que ces deux profils . Il est clair que le régime militaire algérien paie le prix le plus cher à convaincre certains profils de se présenter à cette élection en espérant gagner en crédibilité, notamment auprès des certaines chancelleries prêtes à céder leur crédulité. Ces candidats-lièvres ont pour mission de provoquer un simulacre de campagne et de débats politiques. Leurs connexions avec le sérail militaire algérien sont si évidentes que n'importe quelle posture qu'ils adoptent ou propos qu'ils diffusent, obéit à une stratégie préparée pour consolider le second mandat de Tebboune. Cette réalité est si parlante que les supposés amis de Louisa Hanoune, notamment ceux qui simulent une opposition au régime algérien, lui demandent d'exiger un prix en échange de sa participation comme lièvre à cette élection et non le faire uniquement pour aider à faire avaler la pilule du second mandat. L'autre preuve, si besoin encore était, qu'il s'agit d'un simulacre d'élections est la détermination du régime algérien à empêcher toute candidature susceptible de faire dérailler ses plans et éventuellement de séduire les foules. Non pas dans les urnes, puisque leur bourrage reste une opération sous contrôle de l'armée, mais au niveau du débat public qui risque de virer à la dénonciation des incompétences et des blocages. Toute personne susceptible de porter une parole critique, un discours de changement, est à bannir. Dans ce contexte d'incertitude, le régime algérien pourrait même être tenté de ne pas organiser ce simulacre d'élection. La prolongation du mandat de Tebboune sans passer par la case élections était déjà dans les tuyaux avec la décision de recourir à des élections anticipées. Aujourd'hui, il semble que les cerveaux de ce régime sont à la recherche de la meilleure recette acceptable et vendable pour donner à Tebboune un second mandat sans se donner la peine d'organiser une élection que tout la monde sait fallacieuse. Dans la recherche de cette formule, un document signé par tous les partis politiques, tous les corps constitués, les institutions formant l'Etat prolongeant volontairement Tebboune pour un second mandat, n'est pas à exclure. Cette démarche pourrait être expliquée par un contexte international instable et une volonté de ne pas faire faire subir au pays une épreuve électorale qui risque de la fractionner davantage. Tebboune a raison de se poser cette question : des élections pourquoi faire ? Il est tellement convaincu d'avoir un bilan brillant à tous les niveaux. Pour lui, outre qu'il croit posséder le meilleur système de santé d'Afrique, son économie est censée être la troisième du continent. Il pense qu'avec sa diplomatie, la parole de l'Algérie est mieux entendue et sa crédibilité restaurée. S'arrêter en si bon chemin serait rendre un mauvais service aux Algériens. Dans la réalité, si le sérail militaire algérien s'est résolu à prolonger la présence de Tebboune à la tête de l'Etat, c'est qu'au jour d'aujourd'hui, il n'a pas trouvé d'alternative comparable à la docilité de Tebboune et à son respect radical des directives de l'armée algérienne. Cette armée, avec tous ses clans, sait qu'avec un exerce démocratique présidentiel transparent, le risque est grand de voir les urnes donner la victoire à une personnalité incertaine, ce qui l'obligerait à faire revivre aux Algériens le cauchemar d'un certain 12 janvier 1992.