Le Parti du Progrès et du Socialisme a adressé, ce mardi 21 mai, sa deuxième lettre ouverte au Chef du gouvernement. Dans celle-ci, la formation dirigée par Nabil Benabdellah dit vouloir mettre l'accent sur les lacunes de l'action gouvernementale dans une logique de critique constructive, pour inciter le gouvernement à se départir du discours de satisfaction absolue. Dans cette lettre en 10 points, le parti du Livre interpelle le gouvernement notamment sur la montée inquiétante du chômage, en particulier chez les jeunes. Le taux de chômage a atteint un niveau sans précédent, passant de 12,3% en décembre 2021 à 13,7% en mars 2024, avec un taux de 36% chez les jeunes, rappelle le secrétaire général du PPS, qui décèle dans ces chiffres « un échec retentissant des approches économiques du gouvernement, ainsi que son incapacité manifeste à renforcer les capacités des entreprises marocaines et à développer une véritable politique d'industrialisation moderne ». En ce qui concerne les objectifs économiques énoncés et l'amélioration du climat des affaires, le PPS rappelle que le gouvernement s'était engagé à atteindre un taux de croissance annuel de 4 %, mais qu'il n'y est pas parvenu, n'atteignant qu'un taux compris entre 1 % et 3 % au cours des années 2022 et 2023. De même, le gouvernement n'a pas réussi à attirer davantage d'investissements directs étrangers, qui ont chuté de 53 % en 2023, relève le PPS, qui reproche également à l'Exécutif de ne pas être en mesure d'assainir le climat des affaires et d'éradiquer les pratiques illégitimes. « En effet, en 2023, notre pays a perdu trois places dans l'indice de perception de la corruption, se classant 97e sur 180 pays dans le monde. L'indice de liberté économique a également chuté à 56,8 (en dessous de la moyenne mondiale de 58,6), plaçant notre pays à la 101e place sur 184 pays », déplore Nabil Benabdallah. Le gouvernement s'est montré incapable à faire face à la hausse des prix Le gouvernement, qui s'était engagé à faire face à une situation marquée par une hausse sans précédent des prix des biens de consommation et des services, à soutenir le pouvoir d'achat des familles marocaines et à développer la classe moyenne, n'a pas pu concrétiser ces objectifs. « Durant la première moitié du mandat de votre gouvernement, il est établi qu'environ 3,2 millions de citoyens ont basculé sous le seuil de la pauvreté et de la précarité », souligne Nabil Benabdallah. En outre, précise le SG du PPS, « le gouvernement prétend avoir réduit le taux d'inflation à 0,3 %, oubliant que ce taux a affiché durant deux années consécutives des niveaux records, à deux chiffres, notamment pour les produits de première nécessité. Les prix de ces produits ne sont jamais revenus à leur niveau antérieur comme les prix des viandes rouges qui oscillent désormais entre 100 et 140 dirhams le kilo, tandis que ceux du gazole et de l'essence varient entre 13 et 16 dirhams le litre ». Nécessité urgente d'une loi de financement de la protection sociale En tenant compte des déclarations gouvernementales à propos de l'allocation à court terme de 50 milliards de dirhams par an pour la couverture sanitaire, les aides sociales directes et le soutien à l'acquisition de logements et en considérant les lacunes majeures relevées dans la mise en œuvre, ainsi que l'exclusion de millions de familles qui méritent de bénéficier de tout ou partie des composantes de la protection sociale, le PPS demande au gouvernement d'envisager une « loi de financement de la protection sociale » pour « garantir la pérennité et la transparence, et pour que les montants financiers effectivement engagés à cet effet soient clairement portés à la connaissance du grand public ». En conclusion de sa lettre, le PPS exprime le souhait que le gouvernement aborde les situations de tension sociale et les expressions de protestation populaire, légitimes et responsables, en adoptant une démarche d'écoute et de dialogue. « Au premier rang de ces situations, la grave crise que traversent les facultés de médecine et de pharmacie depuis maintenant cinq mois, sans la moindre action efficace du gouvernement, ainsi que les cas d'enseignants sanctionnés en représailles (par le gouvernement) pour avoir exercé leur droit constitutionnel de grève », note le parti du Livre.