Les agriculteurs européens sont en émoi, non seulement contre leurs gouvernements respectifs, mais également contre l'Union européenne et ses réglementations strictes concernant l'agriculture dans le vieux continent. Pourtant, ces mêmes agriculteurs européens s'en prennent aux marchandises marocaines destinées à l'Europe, y compris au Royaume-Uni, bien qu'il ne fasse plus partie de l'UE, suggérant ainsi que les exportations marocaines vers l'UE sont à l'origine de tous leurs maux, ce qui est évidemment loin d'être le cas. Dans le cadre du débat sur cette crise européenne, qui affecte désormais les agriculteurs et les producteurs agricoles marocains, la Confédération Marocaine de l'Agriculture et du Développement Rural – Association des interprofessions agricoles (COMADER) a réagi en soulignant que le partenariat entre l'UE et le Maroc doit être équitable et bénéfique pour toutes les parties impliquées. Dans une analyse de la situation parvenue à Hespress FR, la Confédération explique tout d'abord que les relations commerciales entre le Maroc et l'UE sont régies par l'Accord d'Association Maroc-UE de 1996, mis en œuvre en 2000, comprenant différents protocoles (notamment les protocoles de produits agricoles et de pêche fixant les conditions d'accès aux marchés de ces produits). Dans un premier temps, la COMADER rappelle que les échanges commerciaux agricoles entre le Maroc et l'UE se font dans le cadre desdits protocoles agricoles, qui ont subi plusieurs modifications depuis 2000, les dernières datant de 2010, avec une mise en œuvre le 1er octobre 2012. Elle précise ainsi que les exportations marocaines de produits agricoles vers l'UE bénéficient de certaines préférences tarifaires, mais il en va de même pour les exportations de produits agricoles de l'UE vers le Maroc. Elle souligne qu'il ne s'agit en aucun cas d'une libéralisation totale des échanges agricoles. Chiffres à l'appui, la COMADER avance qu'entre 2021 et 2022, les exportations marocaines de produits agricoles ont augmenté de 15 % vers l'UE et de 2 % vers l'Espagne. En comparaison, sur la même période, les exportations de produits agricoles de l'UE vers le Maroc ont augmenté de 75 %, et celles en provenance d'Espagne ont bondi de 20 %. En 2022, le solde de la balance commerciale des produits agricoles est positif pour l'UE, atteignant environ 900 millions d'euros. « Les produits agricoles marocains exportés vers l'Union européenne sont de qualité et respectent strictement, sans exception, les exigences réglementaires des marchés de destination, notamment en ce qui concerne les normes de commercialisation, sanitaires et phytosanitaires. Ces produits sont d'ailleurs contrôlés par les autorités marocaines avant leur exportation, ainsi que par les autorités européennes avant leur entrée sur les marchés européens », souligne la Confédération. La COMADER met également en avant les notifications RASFF (Rapid Alert System for Food and Feed) émises par l'Union européenne durant l'année 2023, démontrant que le Maroc respecte parfaitement les normes européennes, pour tous les produits confondus. Sur une liste des 15 principaux exportateurs vers l'UE, le Maroc se classe en 3e position en termes de conformité. Néanmoins, elle exprime son inquiétude face aux attaques récurrentes et infondées dont les produits marocains sont la cible, ainsi que la stigmatisation médiatique dont les agriculteurs marocains sont les victimes collatérales. Dans ce sens, la COMADER entend travailler avec ses partenaires européens pour préserver la relation commerciale au bénéfice des deux parties, dans le cadre d'un respect mutuel du flux des marchandises, et ne saurait tolérer toute action contraire. Le jeudi 8 février, sur l'autoroute reliant les villes de Séville et Cadix, un camion marocain chargé de tomates a été pris pour cible par des agriculteurs espagnols, dans une attaque spectaculaire qui a perturbé la quiétude de la journée. Les manifestants ont bloqué le passage du véhicule et ont déchargé sa cargaison, exprimant ainsi leur mécontentement face à la concurrence marocaine. Des images capturées par des professionnels du secteur du transport international et diffusées par Hespress témoignent de la colère des agriculteurs espagnols, qui, rejoignant leurs homologues dans plusieurs pays européens, ont choisi cette fois-ci d'intercepter un camion en provenance du Maroc. Initialement destiné à approvisionner la Grande-Bretagne en tomates, le destin de ce convoi s'est vu détourné vers l'Espagne, où il est devenu l'objet central de manifestations bruyantes et déterminées.