Le gouvernement espagnol a exhorté cette semaine la Commission européenne par écrit à « une extrême vigilance sur le respect de l'accord » signé par l'UE et le Maroc pour s'assurer que les conditions convenues concernant l'importation de tomates en provenance du pays africain soient respectées. Le journal AgroDiario, spécialiste espagnol du domaine agricole, a révélé que Fernando Miranda, secrétaire général à l'agriculture et à l'alimentation, a évoqué la mise en garde des organisations agricoles andalouses, ces derniers jours, de ce qu'il a appelé une "grave altération" sur le marché européen de la tomate en raison d'une offre excédentaire des pays extérieurs à l'Union.
Parmi les organisations dont le responsable gouvernemental espagnol fait allusion, figure la Coordination des Organisations des Agriculteurs et Eleveurs (COAG) qui s'est déjà attaquée aux expéditions agricoles marocaines destinées au marché communautaire, estimant que la baisse des cours de ventes de fruits et légumes sur les marchés européens est provoquée par l'entrée massive des exportations marocaines.
Selon cette Organisation professionnelle, la croissance extraordinaire des importations en provenance de pays à l'image du Maroc dans l'Union européenne est due, en grande partie, à la signature continue d'accords de libéralisation du commerce des produits agricoles.
« L'impact de l'arrivée des fruits et légumes marocains s'est ressenti depuis début novembre quand les producteurs ont constaté la baisse du prix de commercialisation de leurs marchandises, alors qu'ils avaient placé d'énormes espoirs sur cette campagne », a affirmé le secrétaire général de l'association, Andrés Gongora.
En décembre dernier, faut-il le rappeler, des agriculteurs membres de la COAG ont bloqué l'une des principales voies d'entrée et de sortie des marchandises du port de Motril pour protester contre l'entrée des importations en provenance du Maroc. La tomate marocaine a de la cote Il convient de souligner que cette « guerre commerciale » enclenchée par les espagnols intervient dans un contexte où la campagne d'exportation des tomates marocaines vers le marché européen bat son plein. Malgré la présence des pays concurrents comme l'Espagne, les exportateurs marocains arrivent en effet à s'en sortir, le kilo de la tomate marocaine avoisinant 1,5 euro, suivant le calibre du fruit, et ce, dès la première semaine de la campagne d'exportation. « La tomate marocaine a toujours eu la cote dans le marché européen, et ce, malgré la rude concurrence », rapporte un confrère francophone, citant un membre de la Fédération interprofessionnelle des producteurs et exportateurs de fruits et légumes, pour qui les facteurs à l'origine de cette prouesse sont à la fois externes et internes. « Dans le cadre du plan agricole Maroc Vert, des efforts considérables ont été déployés pour booster la production et la superficie cultivée en tomates primeurs, et promouvoir le label de la tomate marocaine », ajoute la même source. Par ailleurs, il est à saluer le « travail remarquable » des producteurs et exportateurs nationaux, lesquels allient innovation et agressivité pour se distinguer de la concurrence. Selon les données disponibles du service statistique ESTACOM (ICEX-Tax Agency), les tomates marocaines figurent à la troisième place du classement des fruits et légumes exporté vers l'Espagne, avec un volume de 58.770 tonnes à fin octobre 2020, soit 183,87% de plus qu'entre janvier et octobre 2015, période où les ventes étaient de 20.700 tonnes.