Pour plusieurs, l'hydrogène vert n'est que l'association d'un élément chimique à une couleur alors qu'il est en réalité un processus des plus révolutionnaires de l'ère de la transition énergétique propre. Élément chimique le plus abondant dans l'univers, l'hydrogène se trouve partout sur notre planète, mais son exploitation en quantités significatives se veut à travers son isolation. Plutôt qu'une source d'énergie, l'hydrogène est considéré comme vecteur d'énergie, « car dans un système énergétique, l'hydrogène permet un stockage saisonnier de longue durée pour pallier au problème de l'intermittence des énergies renouvelables », explique Nouhaila Nabil, responsable du système de production d'hydrogène vert à l'Institut de recherche en énergie solaire et énergies nouvelles (IRESEN). La molécule H est également convertible en d'autres molécules vertes à haute valeur ajoutée, comme l'ammoniac et le méthanol pour l'industrie des engrais, ou encore pour la production d'acier ou le raffinage du pétrole, fait savoir Nouhaila Nabil. L'hydrogène vert présente un potentiel considérable pour la transition énergétique. Il peut être utilisé comme combustible propre pour les transports, le chauffage et l'industrie, ce qui en fait une alternative prometteuse aux combustibles fossiles. Irréfragable dans son atout, l'hydrogène vert présente ainsi une « bonne alternative aux fuels de sources fossiles » en vue de la réduction de l'empreinte carbone, a-t-elle précisé. Pour sa part, l'hydrogène vert fait référence à de l'hydrogène produit à partir d'électricité d'origine renouvelable, en l'occurrence éolienne, solaire ou hydraulique. Ce processus se fait généralement grâce à l'électrolyse de l'eau, soit la décomposition de sa molécule H2O en H2 et O. Sa production est promue comme une alternative propre et durable aux sources d'hydrogène traditionnelles plus polluantes, notamment l'hydrogène noir, l'hydrogène gris ou l'hydrogène bleu, couleurs reflétant la méthode de production de cet élément chimique, respectivement à partir du charbon, du reformage à vapeur et du reformage à vapeur avec captage de CO2. Facteur clé dans la lutte pour la justice climatique, l'hydrogène vert, produit à base d'énergie solaire et éolienne abondante sur notre pays et sur le continent africain, promet de développer une infrastructure de stockage afin de « favoriser l'indépendance énergétique du continent et de soutenir son développement économique durable », souligne l'experte. Dans le cas du Maroc, l'hydrogène vert représente un domaine en plein essor, aligné sur les ambitions nationales de devenir un leader dans les énergies renouvelables, notamment dans le cadre de la stratégie nationale pour la transition énergétique. Illustrant cet aspect, la présentation d'un prototype de voiture à hydrogène de production 100% marocaine préfigure un premier pas dans un avenir où des véhicules du Royaume pourraient être propulsés par une énergie propre et inépuisable. Dans ce sens, Nouhaila Nabil estime que l'utilisation de l'hydrogène vert comme carburant pour les véhicules à pile à combustible peut aider à développer l'électromobilité, réduisant la pollution atmosphérique. Selon elle, l'implication des communautés locales est cruciale pour le succès de ces initiatives, en l'occurrence à travers leur intégration dans la planification des projets en raison de leur connaissance approfondie du territoire, de son environnement et de ses ressources. Il s'agit également de créer des opportunités économiques d'emplois et de stimuler l'économie régionale d'une manière durable. Pour rappel, la stratégie nationale pour le développement de l'hydrogène vert, « L'offre Maroc », prévoit une production de 100.000 tonnes d'hydrogène vert d'ici 2030, dont 50.000 tonnes pour l'exportation, d'après le dernier rapport du Centre marocain de conjoncture (CMC). L'objectif est toujours de surmonter les défis présents du coût de production encore élevé de cette filière énergétique, de favoriser des infrastructures de transport et de stockage ainsi que de développer le cadre réglementaire, le tout pour contribuer à réduire la dépendance aux combustibles fossiles et à atteindre les objectifs de durabilité. Ainsi, les aboutissements de la COP28 en faveur de l'abandon des combustibles fossiles peuvent expliquer la nécessité de se focaliser davantage sur l'hydrogène vert comme vecteur de la transition énergétique maniant un petit atome pour un grand pas vers la durabilité. Ceci est d'autant plus favorisé par les progrès technologiques et les investissements croissants dans ce domaine qui font de l'hydrogène vert une solution prometteuse pour un avenir énergétique propre. Les promesses de marché de masse, les technologies et les investissements signifient tous que l'hydrogène vert est là pour transformer le paysage énergétique, car « le secret du changement consiste à concentrer son énergie pour créer du nouveau, et non pas pour se battre contre l'ancien ». En investissant dans la recherche et le développement de cette technologie, nous pouvons construire un avenir plus durable et plus décarboné.