Le Royaume devrait réfléchir à une conception optimale pour le déploiement de la chaîne de valeur d'hydrogène vert et de ses applications au Maroc et ce à moindre coût pour être plus compétitif sur le plan international. Tel est le plaidoyer des participants à une rencontre organisée par l'Académie Hassan II des Sciences et Techniques jeudi à Rabat sous l'intitulé "Verrous scientifiques et technologiques de l'Hydrogène vert au Maroc". Plusieurs experts et académiciens ont souligné à cette occasion la nécessité de concevoir et de gérer les systèmes d'hydrogène vert selon une approche holistique intégrant notamment la recherche et le développement, l'ingénierie et l'économie de manière à lever certains verrous relatifs entre autres aux coûts et aux infrastructures de stockage, de transport et de distribution, qui butent sur l'émergence d'un nouveau gisement énergétique présentant plusieurs avantages par rapport aux combustibles fossiles traditionnels. Produit à partir d'énergies renouvelables solaires ou éoliennes, l'hydrogène est obtenu à partir de différentes techniques, à savoir le reformage du gaz naturel à la vapeur d'eau, l'électrolyse de l'eau et la gazéification. Il peut être vert, gris, bleu ou jaune. Intervenant lors de la première session intitulée "Transition énergétique et modèles économiques pour l'hydrogène vert", Pr Philippe Tanguy, Directeur général de la stratégie -HTEC, Quebec-Canada, a indiqué que l'hydrogène constitue un substitut direct aux hydrocarbures et au charbon, un outil de pilotage des réseaux électriques et une brique chimique pour décarboner les industries. Abordant les modèles économiques à même de permettre la construction d'une économie de l'hydrogène vert, M. Tanguy, également membre associé de l'Académie Hassan II des Sciences et des Technologies, a prôné la création d'écosystèmes locaux régionaux confinés à de petits territoires dans lesquels l'ensemble de la chaîne de valeur devrait être contrôlée depuis la production jusqu'à l'utilisation de l'hydrogène vert. Après avoir salué les avancées considérables enregistrées par le Maroc en matière d'énergies renouvelables, M. Tangy a affirmé dans une déclaration à la MAP que le Royaume devrait accélérer la cadence en la matière en mettant en place des projets aux technologies éprouvées à même de mobiliser des investissements à l'échelle internationale et un système éducatif qui palliera à la pénurie de main-d'œuvre qualifiée (ingénieurs et techniciens). Yahiya Zniber, Président du Cluster Green H2 Maroc et président du CA de Maghreb Steel, est revenu quant à lui sur les différentes applications de l'hydrogène (Ammoniac, Acier et Méthanol), faisant remarquer que la création de Hydrogen Valleys sur les plans local et régional ne fait qu'augmenter la valeur de cette molécule. Dans son intervention axée sur "La chaîne de valeur de l'hydrogène vert et décarbonation de l'industrie", M. Zniber a également souligné que la stimulation de la demande doit être activement soutenue par les différents acteurs du secteur. De son côté, le Directeur général par intérim de l'Institut de Recherche en Energie Solaire et Energies Nouvelles (IRESEN), Samir Rachidi, a passé en revue, lors de la deuxième session axée sur les "Verrous technologiques à relever pour l'hydrogène vert", la feuille de route de l'hydrogène vert comme vecteur d'une transition énergétique innovante visant la création d'un cadre favorable pour développer une industrie de l'hydrogène vert au Maroc. M. Rachidi a soutenu que le Maroc possède un grand potentiel pour produire des molécules vertes à un coût compétitif, ajoutant que le Royaume est un pays pionnier et proactif dans la région pour l'exploration de son potentiel et de préparer les étapes nécessaires pour le déploiement de cette économie à forte valeur ajoutée, citant à titre d'exemples les sites de Dakhla, Laâyoune et Jorf Lasfer. Cette rencontre a été organisée à l'occasion de la célébration de la 17ème Session plénière commémorant l'installation de l'Académie Hassan II des Sciences et Techniques par SM le Roi Mohammed VI. Organisée en partenariat avec le cluster marocain sur l'hydrogène vert et l'IRESEN, cette rencontre a pour objectif de dresser un état des lieux en matière d'avancées de la recherche scientifique et technologique sur les éléments critiques de la chaîne de valeur de l'hydrogène vert et les applications pertinentes pour le Maroc à l'horizon 2035. Cet événement, marqué par la tenue d'un panel autour des priorités stratégiques d'utilisation de l'hydrogène vert au Maroc et les recherches et innovations d'accompagnement, consiste également à dégager des voies de recherche et à encourager les chercheurs nationaux à travailler sur le sujet, ainsi qu'à présenter les différentes approches en cours et les premiers succès dans ce domaine à l'échelle international. (MAP)