Premier jour de la reprise scolaire après les vacances et les classes sont toujours vides. Confrontés à ce mouvement de grèves, l'avenir des élèves est à la traîne. A ce que paraît, la crise éducative au Maroc persiste malgré l'annonce d'une augmentation des salaires des enseignants de 1.500 dirhams qui devrait prendre effet à partir de janvier 2024. En espérant mettre fin à ces grèves paralysant l'école publique marocaine, le gouvernement et les quatre syndicats les plus représentatifs du corps des enseignants ont finalement trouvé un accord ce dimanche 10 décembre, entre autres, une augmentation salariale. De ce fait, assisterons-nous à une fin de la crise éducative ? Pour y arriver, le trajet est encore long et épineux. Les discussions demeurent délicates, l'intention de maintenir la grève est toujours présente. Approché par Hespress, FR, Zouhair Haboula, membre du bureau national de la Coordination nationale des employés du ministère de l'Éducation nationale exclus du cadre, nous a confiés que l'escalade est maintenue tant que le retrait du statut unifié et la relance du dialogue ne sont pas exécutés. En partageant avec nous ses revendications, notre intervenant réclame que « nous n'avons pas enduré tout ça pour revendiquer 25 dirhams par jour, soit 750 dirhams par mois. Nous ne souhaitons pas compromettre l'avenir des élèves pendant toute cette période en échange de décisions qui ne satisfont personne. Ces remaniements étaient prévisibles, car nos demandes ne sont pas de nouvelles requêtes, mais des droits légitimes en attente de traitement ». « Nous avons signé des accords avec le gouvernement, similaires à l'accord d'hier qualifié d'historique, à celui du 26 avril 2011, du 19 avril 2011, et du 18 janvier 2022. Ces accords sont reconnus pour leur importance, et c'est ce que nous attendons du gouvernement et du ministère », précise Zouhair Haboula. L'ultime revendication pour résoudre ces questions en suspens est « de respecter nos droits légitimes. Quant à l'augmentation que l'on présente comme historique, la véritable augmentation historique est celle des prix, atteignant jusqu'à 500 %, avec certaines catégories augmentant de 400 % et d'autres de 300 % », compare notre interlocuteur. Dans le détail, souligne-t-il que « le refus de dialogue, qui n'a pas été discuté, est fondamental pour restaurer la dignité de l'éducation au Maroc. Le statu quo a été maintenu, mais la question du statut a été omise au profit de la question du gel. Le prochain concours de l'éducation nationale qui aura lieu samedi est assujetti aux mêmes conditions, dont l'exigence de ne pas dépasser trente ans, ce qui réactive le statut ». En dénonçant les décisions gouvernementales, le membre du bureau national de la Coordination nationale des employés du ministère de l'Éducation nationale exclus du cadre déclare que « nos revendications ont été négligées, et l'augmentation salariale proposée visait simplement à satisfaire quelques groupes, sans considérer les 26 groupes de coordination sur le terrain. Malheureusement, même ceux qui semblaient satisfaits émettent des critiques et ont des programmes d'escalade ». Cette semaine, un sit-in est programmé ce jeudi, une grève de mercredi à samedi, « nous tiendrons une conférence de presse au Club de la Presse de Rabat. La coordination nationale de l'enseignement, représentant les vingt-six composantes du secteur éducatif, publiera un communiqué expliquant notre refus. La situation a été aggravée par le fait que la fédération nationale de l'enseignement -orientation démocratique n'est convoquée qu'après la conclusion des décisions, excluant ainsi un syndicat important du dialogue, qui dispose d'une large base d'affiliés, ce qui a créé une crise de confiance », nous livre-t-il. « Avant de s'asseoir avec la coordination, le ministre de l'Intérieur devrait réfléchir. D'autres gouvernements ont accepté de participer aux comités de coordination et d'ouvrir la porte au dialogue. Malheureusement, ce gouvernement persiste dans une politique de fuite en avant et de poudre aux yeux, en ignorant le principe fondamental d'un dialogue solide impliquant toutes les parties concernées », revendique notre interlocuteur. Et d'ajouter : « Les syndicats présents à la réunion n'ont pas appelé à la grève, contrairement à ce que certains ont affirmé. Certains de leurs communiqués ont été publiés appelant au retour dans les classes. Ces syndicats ne représentent donc pas les personnes qui revendiquent, contrairement à la coordination, qui n'a pas signé l'accord du 14 janvier 2023, un point que le gouvernement a négligé. Ce ne sont pas des calomnies, mais des faits ». En conclusion, Zouhair Haboula insiste sur la persistance des grèves qui luttent pour préserver la dignité du corps éducatif marocain, « nous ne pouvons pas sacrifier la dignité des enseignants pour une somme dérisoire. La dignité englobe divers facteurs tels que les conditions de travail, la surpopulation et de nombreux autres problèmes. Les accords proposés ne tiennent pas compte de ces réalités. Prétendre que les grèves sont normales est un non-sens, car 98 % des institutions ont été paralysées. Si notre protestation est historique, les changements qui en résultent doivent également être historiques ».