Les récentes précipitations ont ravivé l'espoir des agriculteurs, ranimé les sols craquelés et rempli les barrages assoiffés. Il s'agit là sans doute des prémices d'une saison agricole prometteuse qui s'annonce, mais l'évolution du secteur reste tributaire des précipitations des prochains mois, nous déclare Riyad Ouahtita, ingénieur et consultant agricole. Accueillies avec satisfaction, les premières précipitations généralisées sur une bonne partie du Royaume donnent le coup d'envoi de la campagne agricole. Après des années de sécheresse qui ont sévi sur le Maroc, la pluie soulage les agriculteurs qui veulent croire à une bonne saison agricole. Selon les chiffres annoncés par la Direction météorologique, avec les précipitations enregistrées dans le Royaume, entre vendredi et mardi derniers, les hauteurs de pluies ont atteint 142 mm à Tanger, 65 à Ifrane, 48 mm à El Jadida, 46 mm à Fès et 30 mm à Béni Mellal, 38 mm à Agadir. Contacté par Hespress FR, Riyad Ouahtita, ingénieur et consultant agricole, a confirmé que les précipitations enregistrées sont arrivées à un moment opportun pour les agriculteurs et constituent pour eux un début qui augure d'une bonne saison. « Si les précipitations restent régulières jusqu'en février-mars, on peut alors dire que la campagne agricole a été sauvée et la sécheresse vaincue », espère le consultant agricole. « Pour les cultures bour ou pluviales les précipitations permettent le lancement des travaux : labour-apport des engrais de fond et plantation ». En ce qui concerne l'arboriculture, les récoltes d'agrumes et d'olives vont en bénéficier également puisque « la pluie en humidifiant l'air contribue à améliorer la qualité des fruits », ajoute notre intervenant. Même si les précipitations sont arrivées avec presque vingt jours de retard, « aujourd'hui, nous parlons de l'espoir du début d'une campagne agricole réussie. Si ces pluies continuent, l'agriculture de base, les jachères, connaîtront une reprise », estime Riyad Ouahtita. Cependant, « si les précipitations sont similaires aux années précédentes, irrégulières ou sporadiques. Nous serons vulnérables à la sécheresse », se désole notre interlocuteur. En évoquant la sécheresse, Riyad Ouahtita, nous explique les différents types qui entravent l'essor agricole marocain, «il faut savoir qu'il existe 3 types de sécheresse : la sécheresse hydrologique, météorologique et agricole. Le Royaume sera alors vulnérable à la sécheresse météorologique, car en ce qui concerne les autres, nous disposons des bases dont nous avons besoin pour poursuivre une bonne et riche saison agricole ». « Même si les précipitations sont sporadiques, elles sauveront le Maroc de la sécheresse hydrologique et agricole », réitère le spécialiste. Et d'ajouter : « Il faut comprendre que le pays se dirige vers une vague de froid durant laquelle même la consommation humaine d'eau va diminuer. Il en va de même pour les plantes, leur consommation d'eau diminue car la teneur en humidité est élevée et est retenue par le sol, elles n'en ont donc pas besoin de plus ». Ces précipitations se sont répercutées positivement, également, sur la nappe phréatique et l'état de remplissage des barrages et des parcours. En répondant à notre question sur l'état des barrages, le consultant a déclaré que « toute goutte d'eau qui s'additionnera sera un atout pour freiner la sécheresse ». Néanmoins, « les précipitations n'ont pas été généralisées sur l'ensemble du Maroc. Il y a des zones où pas une seule goutte n'est tombée. Heureusement, le dernier programme d'interconnexion des barrages a pris en compte ce processus, c'est-à-dire que les barrages remplis se déverseront dans les moins pleines ou vides », estime Riyad Ouahtita. En effet, l'agriculture constitue un véritable levier économique pour le Royaume, cependant les fluctuations météorologiques et le réchauffement climatique, placent le Maroc au cœur des régions les plus arides au monde.