La saison des précipitations est ouverte avec le début des pluies tombées cette semaine au sud du Maroc et remontant vers le centre et le nord du pays. H24Info fait le point sur les précipitations à venir et l'impact sur la campagne agricole avec trois experts. Fortes pluies, orages et chutes de grêles dans plusieurs provinces, annonce l'alerte météo de jeudi et vendredi. Un vent d'espoir pour les agriculteurs qui n'ont pas vu de gouttes tomber depuis près d'un mois. Contacté par nos soins, Hussein Youabd, responsable communication au sein de la Direction de la Météorologie Nationale (DMN), explique qu'on assiste à « une ouverture à la suite d'une dépression par le sud du pays depuis jeudi, ce qui a donné quelques pluies dans le sud mais aussi dans le centre du pays ». Vendredi, il y a encore eu des pluies généralement faibles à modérées avec des prévisions de remontée vers le centre et le nord du pays, sur les plaines Atlantique nord, d'Essaouira à Tanger, détaille Youabd qui précise que les perturbations sont prévues pour l'instant jusqu'à samedi, et que la situation « devient un peu plus favorable par rapport au dernier semestre ». Sur cette base, Fouad Amraoui, expert en gestion de l'eau, estime toutefois que « la pluie arrive un peu tardivement cette année ». « En année normale, on a des pluies qui doivent démarrer fin septembre, au plus tard en octobre. Et cette pluie qui arrive n'est pas généralisée, elle ne touche qu'une partie du territoire donc on n'est pas encore sorti de l'auberge. Il faudrait qu'il pleuve pendant plusieurs jours avec des intensités importantes, comme on n'a pas eu de pluie pendant plusieurs mois, sans compter le taux de remplissage des barrages actuellement au plus bas, donc ça n'augure pas une bonne année », présage le professeur chercheur en hydrologie à l'Université Hassan-II de Casablanca et président de l'Association de Recherche Action pour le Développement Durable. Lire aussi : Fouad Amraoui: « Toutes les conditions sont réunies pour une bonne saison agricole » Au 19 novembre 2021, le taux de remplissage des barrages à échelle nationale est de 34,7% avec 5590.3 mm3 de réserves en eau. En 2020 à la même date, ce taux était supérieur d'environ un point, soit 35,8%. « Le défi du pays est de pouvoir continuer à s'approvisionner en eau entre des besoins en croissance et des ressources qui sont de plus en plus limitées », poursuit Amraoui qui rappelle que l'agriculture marocaine nécessite 85% du potentiel en eau national. Et d'ajouter: « Quand il ne pleut pas, les agriculteurs sont obligés de puiser dans les nappes souterraines en y prélevant beaucoup plus que ce qu'elles perçoivent, ce qui fait qu'on est en train de vidanger ces réservoirs. Toutes les nappes du Maroc sont en déficit et avec cette sécheresse, les choses s'aggravent d'année en année. On espère que ces mois prochains soient pluvieux pour qu'on puisse au moins rattraper le taux de remplissage au niveau des barrages ». Retard « rattrapable » pour les céréales d'automne à cycles courts De son côté, Monem Rhoul, ingénieur agronome, se veut plutôt optimiste et juge le retard « rattrapable ». Les précipitations actuelles dans les Provinces du Sud, le Souss et la vallée du Draa sont « un bon signe ». « Si jamais le retard s'accumule, les seules cultures qui vont être un peu pénalisées sont les céréales d'automne, mais pour le moment, il n'y a pas de problème », rassure l'expert. « Pour l'instant, on gère bien la situation parce que dans les céréales d'automne, il y a plusieurs types: les variétés à cycles longs et celles à cycles courts. Il faut oublier les premières et se concentrer plutôt sur les secondes pour lesquelles la situation est rattrapable », renchérit l'agronome. « On va perdre un peu sur tout ce qui est chanvre et paille, mais au niveau du grain, il n'y a pas de problème ». Le spécialiste souligne aussi que la situation est rattrapable « si on arrive à gérer au niveau du choix des variétés de semences ». « Il faut vérifier que les fournisseurs ont suffisamment de stock de variété d'automne de cycles courts pour honorer la demande actuelle, et sensibiliser les agriculteurs dans ce sens », conclut-il.