L'attitude de l'Algérie face aux développements inquiétants dans la bande de Gaza, est hautement suspecte et difficile à appréhender. Comme à son habitude, le pays souffle le chaud et le froid. Où est passé le pays qui se présente et se targue d'habitude d'être le premier défenseur de la cause palestinienne? Les médias algériens sont muets depuis le déclenchement du conflit armé entre Palestiniens et Israéliens. Mis à part un communiqué laconique du ministère algérien des Affaires étrangères et un appel entre le chef de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas et le président algérien Abdelmadjid Tebboune, il n'y a eu aucune manifestation de soutien de l'Algérie avec le peuple palestinien. La question de l'absence de réaction de la part d'Alger dans un contexte aussi difficile, où le soutien des Etats arabes est plus que nécessaire, est plus que jamais mal convenue, surtout que le président algérien n'a eu de cesse de faire des déclarations sur le conflit palestinien comme supposée cause nationale première de l'Algérie. Que reste-t-il du commentaire d'Abdelmadjid Tebboune qui disait suivre « personnellement » le dossier palestinien? Lors de la réunion d'urgence convoquée par le Maroc en tant que président de la session actuelle du Conseil de la Ligue arabe sur instructions du Roi Mohammed VI, l'Algérie a eu un comportement des plus inadéquats en de pareilles circonstances. De leur côté, les médias algériens ont supprimé toute allusion au Maroc qui a convoqué cette réunion. Réunis au niveau ministériel, les représentants des pays arabes ont abordé les actions politiques à entreprendre aux niveaux arabe et international afin de mettre fin à l'escalade dans les territoires palestiniens. Au lieu de soutenir l'action arabe, l'Algérie représentée par son ministre des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, a émis des réserves sur le texte final à adopter. Dans un discours, Attaf est allé jusqu'à défendre l'attaque du Hamas sans le nommer. « L'occupation sioniste pensait à tort que le peuple palestinien était impuissant et qu'il avait baissé les bras », a-t-il déclaré. La belliqueuse Algérie ne reconnaît pas Israël comme un Etat et l'appelle l' »entité sioniste », elle ne reconnaît pas non plus les victimes israéliennes dans ce conflit alors que la résolution adoptée a condamné les assassinats de civils des deux côtés. L'Algérie a émis des réserves aussi parce que la résolution a appelé à la libération des otages israéliens. En tant qu'Etat combattant la paix et qui se nourrit de la haine plus que d'autre chose, l'Algérie a naturellement refusé les termes justes de la position du Conseil de la Ligue arabe. Alger, proche du régime iranien, ne pouvait donc pas soutenir le texte de la résolution qui souligne que l'Organisation de la libération de la Palestine (OLP) est le seul représentant du peuple palestinien. Mentionner le Hamas, téléguidé par l'Iran, aurait certainement levé les réserves de l'Algérie. Pourtant le texte adopté mercredi, et qui devait réunir à l'unanimité l'action arabe, pour montrer son unité -et qui a failli notamment à cause de l'Algérie- avait tout pour passer sans aucune réflexion. Le texte exigeait l'arrêt immédiat de la guerre israélienne sur la bande de Gaza et son voisinage, et a appelé toutes les parties impliquées à la retenue, tout en demandant d'assurer la protection des civils. L'Etat algérien qui nourrit son peuple avec des discours défendant la cause palestinienne, est resté muet durant toute cette période de guerre. Aucun contact avec les principaux acteurs de la communauté internationale n'a été noué, le président algérien est resté muré dans un silence assourdissant, les médias algériens observent le silence et critiquent le Maroc comme à leur habitude... Le plus saisissant dans ce Black out algérien, c'est l'absence de réactions de la rue algérienne, connue pour être véhémente et très attachée à la cause palestinienne. Aucune manifestation n'a été organisée en Algérie en solidarité avec la Palestine, et cela ne peut pas passer inaperçu dans un pays qui ne rate pas une occasion de sortir les drapeaux. Ce silence assourdissant ne pourrait être justifié que par la volonté du régime algérien d'éviter des débordements de la rue et la reprise subite du mouvement anti-régime du Hirak, essoufflé par les restrictions de la pandémie du covid. Le pouvoir hypocrite algérien, qui fanfaronne d'habitude de son soutien à la cause palestinienne, est absent de la scène internationale quand il le faut, une attitude qui tranche avec celle du Maroc, avec qui l'Algérie a rompu ses relations diplomatiques à cause de sa « normalisation avec Israël ». Le Royaume a pris les choses en main dès le début des hostilités en condamnant les attaques et en appelant à la désescalade immédiate, tout en convoquant la réunion d'urgence de la Ligue arabe sur instructions royales, sans oublier des discussions qui ont été lancées au niveau bilatéral avec d'autres pays. A retenir aussi, et surtout, la liberté du peuple marocain de s'exprimer et de manifester dans les rues. Les manifestations pro-palestine se comptent par dizaines, face à une Algérie qu'on n'entend plus. Où sont passés les grandes paroles et les grands discours? Où sont les actions?