Alors que le Maroc a exprimé sa préoccupation à la suite du déclenchement des actions militaires dans la bande de Gaza et a condamné «les attaques contre les civils d'où qu'ils soient», le PJD, le PPS, l'AFG et le PSU, ainsi que l'association Justice et bienfaisance ont exprimé leur soutien à la résistance palestinienne et ont tenu Israël responsable des faits. D'autres formations politiques n'ont pas encore réagi. Samedi en matinée, des factions de la résistance palestinienne dans la bande de Gaza ont lancé une attaque sans précédent contre les bases militaires israéliennes et les colonies alentours, dans une région sous le blocus imposé par Israël depuis 2007. L'opération dite «Déluge d'Al-Aqsa» a permis à la partie palestinienne de contrôler des bases militaires israéliennes et certaines colonies. Depuis, les échanges de tirs se sont poursuivis de part et d'autre, dans plusieurs zones. Cette opération inédite a fait plus de 600 morts du côté israélien et a abouti à la capture de dizaines d'entre eux par des combattants palestiniens. L'armée d'Israël a riposté par des raids intenses sur la bande de Gaza, alors que le Premier ministre Benjamin Netanyahu a estimé que Tel-Aviv était «en état de guerre», pointant le Hamas comme étant derrière l'«attaque soudaine et meurtrière contre l'Etat d'Israël et ses citoyens». Au Maroc, le gouvernement condamne le ciblage des civils Dans un communiqué du ministère des Affaires étrangères, le Maroc a exprimé sa «profonde préoccupation» quant à la détérioration de la situation dans le bande de Gaza et le déclenchement d'actions militaires, tout en condamnant que des civils soient pris pour cible, «d'où qu'ils soient». La diplomatie marocaine a mis en garde contre les répercussions de l'impasse politique sur le processus de paix dans la région et contre les dangers d'une tension croissante qui en résulterait. Par ailleurs, elle appelé à cesser «immédiatement» tout acte de violence, au retour au calme et à éviter «toute forme d'escalade qui porterait atteinte aux chances de paix» régionale. Le communiqué des Affaires étrangères insiste aussi sur «l'approche du dialogue et des négociations» comme «seul moyen de parvenir à une solution globale et durable à la question palestinienne», sur la base des résolutions internationales et du principe reconnu de la solution à deux Etats. Dans une deuxième déclaration officielle, la diplomatie a annoncé que, sur instructions du roi Mohammed VI du Maroc, président de la session en cours du Conseil de la Ligue des Etats arabes au niveau ministériel, une réunion d'urgence avec les ministres arabes des Affaires étrangères a été convoquée, pour des consultations concernant l'escalade et la détérioration de la situation dans la bande de Gaza. La réunion permettrait également de trouver des solutions à cette situation. Le ministère a indiqué, dans sa même déclaration, que des consultations étaient en cours pour permettre la tenue de la réunion durant la semaine, au siège de la Ligue des Etats arabes au Caire (Egypte). Des partis et des organisations politiques soutiennent la résistance, d'autres observent le silence L'association Justice et bienfaisance (Al Adl wal Ihsane) a décrit l'opération palestinienne comme une «victoire historique sans précédent», qui a dissipé l'illusion de «l'armée invincible de l'entité sioniste». «Cette épopée constitue un tournant décisif dans la performance de l'offensive de la résistance», s'est félicitée la Jamâa, ajoutant dans un communiqué que «la bataille a démontré, par toutes les preuves tangibles, que l'option de la résistance était la seule et unique option pour la libération de la terre et l'assainissement des lieux saints». Quant au processus d'Oslo, au processus de paix et aux politiques de normalisation, Al Adl Wal Ihsane les a qualifiés, dans ce contexte, de «méthodes pour légitimer l'occupation et cautionner ses exactions contre le peuple palestinien». Dans le même sens, la structure de mouvance rigoriste a réitéré ses appels à «renoncer à la normalisation avec l'entité sioniste et la considérer comme une trahison de la cause palestinienne». Si le Parti de la justice et du développement (PJD) déclare suivre «avec une grande fierté les développements qui se déroulent sur la terre bien-aimée de la Palestine», la formation islamiste ajoute pour sa part que «cette opération héroïque menée par la résistance palestinienne est une réaction naturelle et légitime aux violations quotidiennes» pratiquée par «l'ennemi sioniste, à travers une politique raciste et extrémiste du gouvernement» de Tel-Aviv. De son côté, le Parti du progrès et du socialisme (PPS) a qualifié l'action de la résistance palestinienne d'«acte d'autodéfense faisant partie des droits légitimes du peuple palestinien, en réaction naturelle à la politique de terrorisme, de meurtre, de colonisation, de racisme et de déni total des droits du peuple palestinien par l'entité sioniste et son gouvernement extrémiste, dans le silence et de l'indifférence internationale». La formation d'opposition a par ailleurs estimé que «la situation explosive actuelle est la conséquence des perspectives fermées pour le peuple palestinien de défendre son existence, sa dignité et sa liberté». «Elle est également le résultat des perspectives bloquées d'établir une paix juste et durable», a ajouté le PPS. Le parti de la Fédération de gauche a, lui, indiqué suivre «de près et avec fierté les développements de la bataille héroïque lancée par la résistance palestinienne», qui «est une réponse aux crimes sionistes en cours contre le peuple palestinien». Dans ce sens, la formation a exprimé son «soutien absolu à cette bataille historique de l'héroïque résistance palestinienne, illustrant un nouveau tournant décisif dans le cours du conflit palestinien avec une occupation sioniste raciste et ses partisans parmi les pays impérialistes». De son côté, le Parti socialiste unifié (PSU) a décrit aussi l'opération palestinienne comme «une bataille héroïque» qui a «pris de court l'ennemi sioniste occupant et l'opinion publique internationale par sa force, son efficacité et sa pénétration profonde dans la forteresse de l'entité sioniste». Il s'agit d'une occasion pour «corriger le cours des relations du gouvernement marocain avec Israël, d'abandonner le processus de normalisation et d'annuler tous les accords qui en résultent», a plaidé la formation de Nabila Mounib. Les partis de la majorité gouvernementale observent quant à eux le silence. Hier, le Groupe d'action nationale pour la Palestine a organisé un sit-in de solidarité avec le peuple palestinien devant le Parlement du Maroc à Rabat. Les manifestants ont brandi notamment des banderoles condamnant la normalisation. Des positions nuancées du côté des capitales arabes Depuis le début de l'opération, les réactions arabes se sont enchaînées, principalement à travers les ministères des Affaires étrangères des pays de la région, notamment l'Arabie saoudite, des Emirats arabes unis, le Qatar, le Sultanat d'Oman, le Koweït, l'Egypte, la Jordanie, l'Irak, la Syrie et l'Algérie, en plus de la Ligue des Etats arabes et le Conseil de coopération du Golfe. Le Liban, l'Algérie, la Tunisie, le Qatar, l'Irak, le Koweït, la Syrie et le Sultanat d'Oman ont tenu le gouvernement israélien de droite responsable de cette escalade. Pour leur part, la Jordanie, l'Egypte, l'Arabie saoudite et les Emirats arabes unis ont appelé à l'arrêt immédiat de la montée de violence entre les deux parties, à la protection des civils et à la retenue. Ces déclarations nuancées n'ont pas pointé la responsabilité d'Israël dans l'escalade des tensions militaires régionales sans précédent.