En marge des Assemblées annuelles du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale (BM) qui se tiennent actuellement à Marrakech et se poursuivront jusqu'au 15 octobre, un panel de haut niveau s'est tenu ce mardi pour discuter des défis systémiques auxquels le monde est confronté et des moyens de favoriser la stabilité économique mondiale. Intitulé « Faire face aux grands chocs systémiques : Comment favoriser la stabilité du mouvement ?« , ce panel a réuni des personnalités éminentes du monde de la finance et de l'économie en présence des panélistes de la ministre de l'Economie et des Finances, Nadia Fettah Alaoui, la directrice du FMI, Kristalina Georgieva, Christine Lagarde, présidente de la Banque Centrale Européenne, Tidjane Thiam, président exécutif de Freedom Acquisition Administrateur du Groupe Kering, Ngozi Okonjo-Iweala, directrice générale de l'OMC et enfin Alexis Crow, directeur mondial des pratiques d'investissement géopolitique. Persévérance du Maroc face aux chocs La ministre de l'Économie et des Finances, Nadia Fettah Alaoui, a souligné l'engagement continu du Maroc à surmonter les défis économiques et à maintenir sa stabilité. Elle a rappelé que même après des événements tels que le récent tremblement de terre, le Maroc est déterminé à ne pas s'arrêter, mais à poursuivre ses projets de développement. La ministre a également mis en avant la vision à long terme du Maroc, soulignant que le pays ne dévie pas de ses priorités en matière de santé, d'éducation et de filets de sécurité pour favoriser la croissance économique, soulignant ainsi l'importance de la collaboration avec les partenaires pour relever les défis, notamment la gestion de l'eau. « Nous ne sommes plus dans cet état d'esprit qui consiste à dire que nous devons faire face à la sécheresse. Nous devons avoir un plan permanent pour nous assurer que l'eau potable puisse être fournie au moyen de solutions alternatives. Nous avons donc besoin de continuer à collaborer avec nos partenaires. D'ailleurs, je voudrais remercier les institutions qui ont aidé le Maroc à réussir cette dynamique« , a-t-elle confié lors de ce panel. Des fondamentaux solides De son côté, la directrice du FMI, Kristalina Georgieva, a salué les efforts du Maroc pour renforcer ses fondamentaux économiques, ce qui en fait un pays plus résilient face aux chocs. Interrogée sur sa perspective concernant la trajectoire et le rôle du Maroc dans la région ainsi que son évolution, Georgieva a déclaré : « En parlant de mode, je dirais que la chose la plus tendance que j'ai portée récemment était le maillot des Lions de l'Atlas samedi dernier. Ce que vous voyez sur le terrain de football, avec les hommes et les femmes marocains évoluant avec dynamisme, reflète l'énergie inépuisable de ce pays. Nous venons de présenter le livret relatif à l'expérience du Maroc. En parlant de sécheresse, ce dont nous avons besoin, c'est de découvrir le potentiel de croissance, car la croissance mondiale est lente et continuera de l'être. Nous n'atteignons pas le niveau de croissance nécessaire pour nous remettre des chocs qui se produisent partout dans le monde et pour prospérer davantage à l'avenir. » En conséquence, en ce qui concerne la question de savoir quelle est la recette qui fonctionne au Maroc et pourrait fonctionner encore mieux, la directrice du FMI a insisté sur l'importance de disposer de fondements solides. « C'est un peu comme renforcer les fondations d'une maison pour qu'elle puisse résister aux tremblements de terre. Le Maroc l'a fait. Comme l'a souligné la ministre, cela ne s'arrête pas là, car le monde évolue, tout comme le Maroc. L'inflation au Maroc est passée de 13 % à 5 %. Il reste encore un long chemin à parcourir, certes, mais c'est de cela dont je parle, des fondements solides. Lorsque des chocs surviennent, une économie dotée de bases solides est plus résiliente« , a-t-elle souligné. Le deuxième point soulevé par la directrice du FMI est que « le Maroc comprend bien que la diversification de l'économie pour l'avenir est cruciale. Il dispose de nombreuses sources d'énergie renouvelable« , a-t-elle souligné avant de revenir sur une question qu'elle a abordée avec ses partenaires au sein du gouvernement marocain, à savoir leur vision de l'avenir. « Ils ont répondu que nous souhaitons que le Maroc soit à la pointe de l'économie verte. Nous avons entendu la ministre nous expliquer les mesures prises en ce qui concerne les ressources en eau, car il est effectivement essentiel, tant pour la survie des individus que des entreprises, de gagner cet avantage concurrentiel. Il faut constamment rechercher cet avantage concurrentiel et éliminer les obstacles entravant les investissements privés. C'est le deuxième ingrédient de cette recette pour la réussite« , a-t-elle confié. Christine Lagarde : La paix et l'intégration régionale comme clés du succès Lors de son intervention au panel, Christine Lagarde, présidente de la Banque Centrale Européenne, a mis en avant le rôle crucial de la paix dans la stabilité économique mondiale. Elle a souligné que les conflits et les guerres peuvent anéantir la reprise économique en quelques semaines, soulignant ainsi l'importance de la résolution pacifique des conflits. Lagarde a également évoqué la nécessité de promouvoir l'intégration régionale, en particulier dans la région méditerranéenne, où les disparités économiques persistent. Elle a noté que les partenariats économiques peuvent être renforcés grâce à l'investissement dans les infrastructures et l'exploitation des ressources renouvelables. « Si vous investissez beaucoup dans l'infrastructure, avec le temps, vous verrez que cela va changer votre position économique et la production. Le Royaume du Maroc a investi plus de 30 % de son PIB depuis environ 20 ans, simplement dans l'infrastructure. Et comme l'a dit Kristalina tout à l'heure, si l'on regarde les ressources renouvelables dans cette partie du monde, il y a le solaire, le vent, l'hydrogène, etc. Lorsqu'on regarde cela, c'est incroyable de voir ce qui manque de l'autre côté de la Méditerranée, et c'est justement le renouvelable« , a-t-elle expliqué. Et d'ajouter : « Les partenariats peuvent être construits sur cette fragmentation. On parle en anglais de reshoring, frechoring, d'alliances qui se nouent, cela peut se passer dans cette région du monde, parce qu'il y a des partenariats qui existent en Europe dont nous bénéficions depuis de nombreuses décennies, et ces partenariats pourraient être élargis pour atteindre l'autre rive de la Méditerranée« . Dans l'ensemble, le panel a souligné l'importance de la coopération internationale, de la solidarité sociale et de l'investissement dans des domaines tels que les énergies renouvelables pour favoriser la stabilité économique mondiale et la résilience face aux chocs systémiques. Les participants ont également encouragé une approche régionale et une plus grande collaboration entre les pays pour relever les défis mondiaux. La stabilité économique mondiale reste un objectif prioritaire, et les discussions lors des Assemblées annuelles du FMI et de la BM continueront à aborder les moyens de réaliser cet objectif dans un monde en constante évolution.