Dans un contexte de hausse persistante des prix du pétrole sur la scène internationale, les prix des carburants demeurent stables au Maroc. Cette initiative des compagnies pétrolières s'inscrit parfaitement dans la continuité de l'élan de solidarité qui anime le Royaume, suite au séisme dévastateur ayant durement touché de multiples régions du pays. Malgré l'impératif d'une augmentation de 50 centimes qui était prévue pour le 15 septembre dernier, les distributeurs de carburant au Maroc ont finalement décidé de ne pas la mettre en œuvre en raison des circonstances exceptionnelles liées au séisme d'Al Haouz, bien que les cours du pétrole sur les marchés internationaux aient déjà atteint des sommets significatifs. En effet, les prix du pétrole à l'échelle mondiale continuent de grimper, flirtant avec la barre des 100 dollars, que ce soit pour le Brent ou son homologue américain, le WTI (West Texas Intermediate). Il s'agit d'ailleurs du plus haut niveau enregistré depuis dix mois. Cette hausse substantielle des prix du pétrole au cours des derniers mois découle de la décision prise par l'Arabie saoudite et la Russie de maintenir la réduction de la production jusqu'à la fin de l'année. Les deux pays de l'Opep+ ont décidé des coupes conséquentes pouvant aller jusqu'à 2,5 millions de barils par jour. Parallèlement, les perspectives de demande de pétrole ont été stimulées par la reprise de l'économie chinoise, le regain d'activité dans le secteur du transport aérien ainsi que la demande croissante du secteur de la pétrochimie. Au Maroc, les prix des carburants ont enregistré cinq augmentations successives au cours du mois d'août, une situation inédite sur le marché national. À l'heure actuelle, le prix du gazole se situe à environ 13,60 dirhams par litre, tandis que celui de l'essence a déjà dépassé 15 dirhams, des niveaux nettement supérieurs à ceux enregistrés en début d'année. Le rythme de l'augmentation des prix des carburants s'est effectivement accéléré pour atteindre 6,7% en août. De son côté, Mostafa Labrak, directeur général d'Energysium Consulting et expert en hydrocarbures, a affirmé que l'actuel élan de solidarité en réponse au séisme a empêché les compagnies pétrolières d'appliquer la première augmentation prévue le 16 septembre. Il s'est toutefois, interrogé sur la durabilité de cette situation et sur son impact potentiel sur les entreprises qui débuteront leurs activités commerciales en enregistrant des pertes. En outre, l'expert explique que si le prix du baril de pétrole atteint les 100 dollars, cela pourrait avoir des conséquences graves, notamment le maintien d'un niveau élevé d'inflation. Cela inciterait les banques centrales à maintenir des taux d'intérêt élevés pour tenter de contenir l'inflation en réduisant la demande et en baissant les prix du pétrole et de ses dérivés. Il a conclu en affirmant qu'il n'est pas dans l'intérêt des pays de l'OPEP+ de maintenir le prix du baril au-dessus de 100 dollars, étant donné que cela pourrait créer de l'instabilité dans l'économie mondiale. Par ailleurs, au mois d'octobre, les intentions des compagnies de distribution de carburant se révéleront. Le premier scénario suggère que les entreprises seront contraintes de mettre en place une double augmentation, tenant compte de la hausse reportée de ce mois de septembre. Cela engendrera inévitablement une hausse significative des prix à la pompe, impactant le pouvoir d'achat des consommateurs. Quant au deuxième scénario, il suppose une prolongation du report de l'augmentation jusqu'à la mi-octobre. Cependant, à mesure que le prix du baril de pétrole continue sa rapide ascension, la flambée des cours des carburants finira par peser lourdement sur les entreprises ainsi que sur les Marocains. Les prochaines semaines seront déterminantes pour l'orientation que prendra cette situation.