Les compagnies pétrolières n'ont pas appliqué la hausse qui était prévue normalement sur les prix à la pompe à la fin de cette première quinzaine du mois de septembre. Ont-elles agi par solidarité ou de peur d'être critiquées par les consommateurs au moment où le pays enterre ses morts suite au récent tremblement de terre ? Alors que cette hausse devait être de l'ordre de 50c/l, le manque à gagner sur une durée de deux semaines a été estimé à 135 MDH. Les automobilistes paient toujours au même prix le litre du gasoil qui se vend autour de 13,30 dirhams, alors que celui de l'essence est affiché à près de 15 dirhams, et ce depuis la dernière hausse du 16 août. Pourtant, toutes les conditions semblaient réunies pour une augmentation des tarifs affichés au niveau des stations-service, expliquent les spécialistes, s'appuyant sur le cours du pétrole qui suit encore sa tendance haussière. «Le cours du pétrole poursuit malheureusement son envolée dépassant ces derniers jours les 90 $/b, en réponse principalement au maintien des coupes drastiques de la production du pétrole par l'OPEP, d'environ 2,5 millions de baril/jour.», souligne Mostafa Labrak, directeur général d'Energysium consulting, ajoutant que l'impact se fait aussi sentir sur les produits raffinés, notamment le gasoil. Résultat, poursuit l'expert, «au Maroc, théoriquement une augmentation de 50 cts/l était à prévoir dans nos stations-service pour le gasoil, et ce dès ce 16 septembre». Une augmentation qui n'a finalement pas eu lieu. Visiblement, les compagnies ont plutôt préféré maintenir les prix à la pompe à leur niveau actuel. Si les distributeurs n'ont pas annoncé le pourquoi du maintien des prix, il n'est pas exclu que cette décision soit en lien avec le contexte actuel marqué par un deuil national suite au terrible tremblement de terre. Rappelons brièvement que le séisme qui a récemment frappé le Maroc a causé la mort d'environ 3.000 personnes et des milliers de blessés ainsi que des dégâts matériels importants. Une catastrophe d'une rare violence dont le Royaume devrait mettre du temps à se remettre, alors que la solidarité s'organise partout dans le pays pour venir en aide aux nombreuses victimes des zones sinistrées. Il est donc tout est à fait plausible que les compagnies aient décidé de ne pas appliquer la hausse prévue, considérant ainsi le manque à gagner comme une forme de contribution au soutien des sinistrés du séisme. Selon Mostafa Labrak, cette hausse devait être de l'ordre de 50c/l. Dès lors, le manque à gagner en termes de ventes serait de l'ordre de 135 MDH, pour une quinzaine de jours, sachant qu'on consomme au Maroc environ 270.000.000 l toutes les deux semaines. On ne saura sans doute jamais si les compagnies ont agi par solidarité ou de peur d'être critiquées par les consommateurs au moment où le pays enterre ses morts. Une seule certitude, la mobilisation nationale en faveur des sinistrés n'a jamais été aussi forte. Grande solidarité nationale En effet, depuis l'activation du Fonds 126, en réponse au tremblement de terre qui a frappé le Royaume il y a une semaine, un véritable élan de solidarité nationale s'est manifesté. En une semaine seulement, ce sont plus de six milliards de dirhams qui ont été collectés, témoignant s'il le fallait de la générosité et de la volonté des acteurs locaux publics et privés de soutenir les victimes du séisme en ces moments difficiles. Un signal fort a ainsi été donné par le Souverain. «Sur proposition de son actionnaire principal, Le Roi Mohammed VI, le Conseil d'Administration d'Al Mada a décidé d'accorder une contribution financière au fonds spécial pour la gestion des effets du tremblement de terre ayant touché le Royaume du Maroc, sous la forme d'un don de 1 MMDH». L'appel à la solidarité ne s'est pas fait attendre, et de nombreux acteurs, publics et privés, se sont joints à cette cause. Bank Al-Maghrib a également participé à hauteur de 1 MMDH à ce fonds. Idem pour le groupe OCP, géant mondial des phosphates, qui a décidé de verser la même somme pour soutenir les efforts de secours et de reconstruction. En plus de ce don direct, les salariés d'OCP ont lancé une initiative de collecte d'argent, suivant la démarche du «matching funds» : ces dons seront doublés par le groupe et reversés au fonds. Le secteur bancaire a également répondu à l'appel, avec une contribution de 850 millions de dirhams (MDH), à travers le Groupement professionnel des banques du Maroc (GPBM). L'Agence nationale de la conservation foncière, du cadastre et de la cartographie (ANCFCC) a, de son côté, annoncé un versement de 1 MMDH, s'ajoutant ainsi à la liste des organismes et institutions engagés dans cette noble cause. Les ministres, ministres délégués, hauts commissaires, délégués généraux et ministériels, contribueront avec un mois de salaire au Fonds spécial. Khadim Mbaye / Les Inspirations ECO