Vingt-quatre personnes dont deux femmes et un enfant ont trouvé la mort, tandis qu'une dizaine d'autres ont été grièvement blessées dimanche, dans la province d'Azilal. Le minibus qui les transportait en provenance du douar Aït Âninass vers un souk hebdomadaire de Demnate, relevant de la province d'Azilal, dans la région de Béni Mellal-Khénifra a chuté dans un ravin, ont déploré les autorités locales. Il s'agit de l'un des pires drames routiers au Maroc ces dernières années. Cette tragédie a mis en lumière les problèmes dans lesquels patauge le secteur du transport clandestin, malgré des mesures légales prises par le gouvernement pour le réglementer. Si ce transport mixte résout un certain nombre de problèmes de mobilité dont souffrent les Marocains vivant dans des zones reculées, il pose néanmoins des problèmes majeurs en termes de sécurité routière de tout un chacun. Les véhicules de transport collectif clandestins, transportent au-delà de leur capacité, que ce soit en termes de nombre de passagers ou de charge et dépassent les tolérances du code du transport mixte dans le monde rural et où il est interdit la surcharge de passagers ou de les transporter sur le toit du véhicule, et il est également interdit de placer des sièges supplémentaires dans l'allée médiane du véhicule. Le nombre maximum de places pour le véhicule doit être compris entre 9 et 15 places, sans compter la place du conducteur, comme le stipule l'article 9 du texte de loi prévu à cet effet. Malheureusement cet article n'est pas appliqué par ceux qui s'adonnent à cette activité, comme l'a constaté par exemple Hespress au Souk d'Ain Jemaa, en périphérie de la ville de Meknès. Une illustration au demeurant de ce que l'on trouve dans d'autres régions. Même les voitures légères « clandestines » sont exploitées en étant surchargées jusqu'à trois personnes installées à l'avant, en plus du conducteur, tandis que l'on en entasse encore plus derrière. Ces scènes sont familières un peu partout dans les souks hebdomadaires ou tous les moyens sont utilisés pour le transport, de la charrette au tracteur en passant par les voitures de transport clandestin, grands taxis, minibus, voire pick-up ou camions. Hassan Chahlaoui, président de l'Observatoire international des médias et des droits de l'homme dans la région de Beni Mellal-Khénifra, a estimé que « les mesures juridiques qui ont été mises en place pour légaliser le transport dans le monde rural doivent être accompagnées de mesures pratiques. Il faudrait avant tout contrôler les personnes concernées ainsi que leur degré de conformité avec les mesures prises, mais également considérer très sérieusement l'infrastructure routière ». Chahlaoui a déclaré à Hespress, que « la route sur laquelle s'est produite cette tragédie n'avait pas de barrières latérales, bien qu'il s'agisse d'une route montagneuse avec des virages dangereux ». A la question comment concilier la mise à disposition de moyens de transport suffisants pour les habitants du monde rural, d'une part, et l'obligation pour les travailleurs de ce secteur de respecter la loi, d'autre part, du fait que les citoyens sont contraints de prendre n'importe quel véhicule en raison du manque de moyens de transport, le militant des droits de l'homme a déclaré qu' »il doit y avoir un contrôle pour faire respecter nombre autorisé de passagers, de sorte que si un accident se produit, les pertes seront moindres ». Et de souligner que « plus le nombre de passagers est élevé, plus le volume de marchandises est important, et donc la charge de la voiture augmente, ce qui conduit à la possibilité d'une fatalité ». Selon les données publiées par le ministère des Transports et de la Logistique, le nombre de doubles licences de transport délivrées au Maroc s'élève à 3 638, dont 1 380 sont opérationnelles. Et le ministre des Transports et de la Logistique, Mohammed Abdeljalil, avait précédemment reconnu que certaines lacunes subsistaient pour résoudre le problème du transport justement dans le monde rural. Il avait indiqué que la solution à ce problème passait à travers la réforme de la régionalisation avancée en déclinant l'action publique pour un développement territorial inclusif et durable sous la tutelle des communes et des élus locaux. En 2022, les accidents de la route ont entraîné la mort de plus de 3 200 personnes au Maroc, (baisse d'environ 7 % 2021) , selon les statistiques les plus récentes de l'Agence nationale de sécurité routière (NARSA). Les autorités marocaines ont mis en place une série de mesures afin de lutter contre l'insécurité routière et de réduire de moitié le taux de mortalité d'ici 2026.