Le parti socialiste du Premier ministre sortant Pedro Sánchez et le Parti populaire (opposition de droite) sont au coude-à-coude dimanche soir après dépouillement de deux tiers des suffrages aux élections législatives en Espagne. Le ministère de l'Intérieur projetait à 22H20 (20H20 GMT) 132 sièges pour le PP et 127 pour les socialistes, qui résistaient bien mieux que ce que tous les sondages réalisés au cours des derniers jours – et dont la loi interdisait la publication – prédisaient. En troisième place, le parti d'extrême-droite Vox était crédité de 33 sièges, juste devant Sumar, formation de gauche radicale alliée de M. Sánchez, qui aurait 30 sièges. Même avec l'appui de Vox, le PP d'Albert Núñez Feijóo disposerait donc de seulement 165 sièges, loin de la majorité absolue, qui est de 176 sièges. En revanche, le bloc de gauche, avec potentiellement 157 sièges, semble dans une position paradoxalement plus favorable pour se maintenir au pouvoir grâce à l »appui de plusieurs petites formations basques et catalanes qui pourraient lui apporter les 19 sièges qui lui manquent pour atteindre la majorité absolue. Une telle issue constituerait une énorme surprise, tous les sondages ayant donné les socialistes battus depuis leur déroute aux élections municipales et régionales du 28 mai, qui avaient convaincu M. Sánchez de dissoudre l'assemblée et de convoquer des élections anticipées en plein été. Il n'existe pas en Espagne de sondage de sortie des urnes, mais tous les sondages réalisés au cours des derniers jours de la campagne, et qui ont été rendus publics dimanche à la fermeture des bureaux de vote, donnaient une victoire assez large du PP, avec environ 140 sièges, et prévoyaient qu'il approcherait voire dépasserait la majorité absolue. Feijóo avait déclaré après avoir voté qu'il espérait que l'Espagne « entame une nouvelle ère », mais tout semblait indiquer qu'il n'atteindrait pas son but. Cette élection est « très importante (...) pour le monde et pour l'Europe », avait, de son côté, le Premier ministre sortant, le socialiste Pedro Sánchez, au pouvoir depuis cinq ans. Le scrutateur a provoqué un intérêt inhabituel à l'étranger en raison de la possible arrivée au pouvoir d'une alliance entre la droite traditionnelle et Vox, un parti ultranationaliste, ultraconservateur et europhobe qui rejette l'existence de la violence de genre, critique le « fanatisme climatique » et est ouvertment anti-LGBT et anti-avortement. Un tel scénario, qui semble maintenant très improbable, aurait marqué le retour au pouvoir de l'extrême droite en Espagne pour la première fois depuis la fin de la dictature franquiste en 1975, il y a près d'un demi-siècle.