Le Nigeria a commencé à annoncer dimanche les tout premiers résultats de la présidentielle après un scrutin très serré entre trois favoris. Plus de 87 millions d'électeurs étaient appelés samedi à choisir parmi 18 candidats, dont une femme, l'homme qui succédera au président Muhammadu Buhari, qui ne se représente pas en vertu de la Constitution, après deux mandats à la tête du pays. L'annonce des résultats, Etat par Etat, a commencé peu avant 19H00 locales, mais va prendre du temps. Après avoir donné les chiffres pour Ekiti, un petit Etat du sud-ouest, la Commission électorale nationale indépendante (INEC) a reporté la suite à lundi matin. Le Nigeria compte 36 Etats et le Territoire de la capitale fédérale (FCT), Abuja. Plus tôt dimanche, le candidat de l'opposition, le Parti démocratique populaire (PDP), Atiku Abubakar, avait appelé l'INEC à rester neutre et à publier les résultats au plus vite, accusant certains gouverneurs d'essayer de compromettre le processus électoral. « Ce sera un mauvais service rendu aux Nigérians et une négation de la démocratie si quiconque subvertit la volonté du peuple telle qu'elle s'est librement exprimée dans les urnes hier », a déclaré dans un communiqué l'ancien vice-président, qui brigue la présidence pour la sixième fois. De son côté, le Parti travailliste de l'outsider Peter Obi a accusé samedi soir l'INEC de « refuser de faire remonter les résultats » dans l'Etat de Lagos – qui compte le plus grand nombre d'électeurs inscrits dans le pays (7 millions) – et celui du Delta (sud-est). MM. Obi et Abubakar font partie du trio de favoris en compétition avec Bola Tinubu, 70 ans, représentant du parti au pouvoir, le Congrès des progressistes (APC). Considéré comme l'un des hommes les plus influents du pays, cet ancien gouverneur de Lagos, a prévenu: cette fois, « c'est mon tour ». Dans un communiqué, l'INEC a reconnu des « problèmes techniques » liés à l'utilisation de nouvelles technologies de collecte et de centralisation des résultats de quelque 176.000 bureaux de vote pour la première fois dans une élection nationale. Elle a toutefois assuré que « ces résultats sont en sécurité et ne peuvent pas être falsifiés ». Le vote s'est globalement déroulé dans le calme, malgré quelques incidents sécuritaires et des couacs logistiques, qui ont provoqué des retards. Le Nigeria pourrait connaître, pour la première fois depuis 1999, une présidentielle à deux tours si Peter Obi, qui a réussi à s'imposer comme un challenger sérieux face aux deux partis dominant traditionnellement la politique nigériane, transforme l'essai dans les urnes. L'ex-gouverneur d'Anambra (sud-est), un chrétien de 61 ans, est très populaire auprès de la jeunesse. Ses deux principaux adversaires, tous les deux septuagénaires et poids lourds de la politique, bénéficient d'une vaste assise nationale. Pour être élu dès le premier tour, le vainqueur doit obtenir, outre la majorité des suffrages exprimés, au moins 25% des voix dans les deux tiers des 36 Etats de la Fédération auxquels s'ajoute le territoire d'Abuja. Sinon un second tour devrait avoir lieu dans les 21 jours.