Le ministre espagnol des Affaires étrangères, de l'Union européenne et de la Coopération, José Manuel Albares, dans un entretien accordé ce dimanche au journaliste Enric Juliana du journal catalan "La Vanguardia" s'est, pour ainsi dire, confié sur ses activités politiques de la semaine. Au menu, mis à part la situation internationale (Ukraine, OTAN, amélioration des relations avec les Etats-Unis après le virage sur le Sahara marocain, extension de la base navale de Rota, Royaume-Uni et l'après Brexit, l'Allemagne, la France etc.), on l'imagine aisément, un débriefing quant à la réunion de haut niveau (RHN) Espagne-Maroc, n'aurait pu être en reste. En effet, la RHN a fait l'actualité dans les deux Royaumes. José Manuel Albares a défendu une amélioration des relations entre l'Espagne et le Maroc basée, selon lui, sur un dialogue politique renforcé et surtout un respect mutuel, « Ce qui compte, ce sont les résultats, aujourd'hui nous nous en sortons mieux » " a-t-il assuré. José Manuel Albares, en faisant le point sur RHN, n'en a pas manqué d'éloges. Répondant au journaliste sur le sommet entre les deux pays à Rabat, avec douze ministres du gouvernement de Pedro Sanchez et sans le Roi Mohammed VI, le chef de la diplomatie espagnole a répondu, "c'était un excellent sommet, il n'y a jamais eu autant de ministres espagnols et marocains des deux côtés de la table » notant qu'"il réunissait 28 ministres au total". A rappeler qu'aucun ministre de Podemos ne figurait parmi eux. " Il n'y a jamais eu autant d'accords signés dira-t-il, nous ne sommes pas allés à Rabat à la recherche de photos ou d'actes formels, nous sommes allés à la recherche de résultats et le principal est un nouveau modèle relationnel basé sur le bénéfice mutuel, l'absence d'actions unilatérales, la transparence et la communication permanente. Permettez-moi d'insister, a-t-il poursuivi, le Roi Mohammed VI n'a certes pas reçu le président du gouvernement espagnol pour des contraintes royales, mais le Souverain marocain s'est personnellement impliqué dans la préparation de la RHN. Le chef de la diplomatie espagnole ajoutera que "le président du gouvernement espagnol actuel est probablement celui qui a vu le roi du Maroc, le plus de fois. D'ailleurs, le président Pedro Sanchez a reçu une invitation à Rabat pour une prochaine rencontre avec Mohamed VI. Selon le communiqué du cabinet royal, ce sera pour bientôt. L'Espagne a changé sa position sur le Sahara, admettant qu'il y a la possibilité qu'il devienne une région autonome du Maroc, tant qu'il porte le sceau de l'ONU. Pour la première fois la souveraineté marocaine sur le Sahara est acceptée en dépit de la colère en conséquence de l'Algérie. Le PSOE expliquera José Manuel Albares, évite de voter sur les résolutions du Parlement européen qui pourraient mettre le Maroc mal à l'aise. Le gouvernement espagnol prend des précautions extrêmes. C'est un équilibre asymétrique. Dans la dynamique entre l'Espagne et le Maroc, ce qui compte, ce sont les résultats. Ceux concrets sont bénéfiques pour les deux parties et de les détailler, "dialogue politique renforcé, respect mutuel, amélioration des relations commerciales (un chiffre d'affaires mondial record) 50% des investissements espagnols en Afrique sont concentrés au Maroc, plan d'investissement marocain de 45 milliards d'euros, ouvert aux entreprises espagnoles, possibilités d'investissement dans le domaine ferroviaire, dans le secteur de l'eau, dans l'assainissement, dans le secteur agro-alimentaire, plus grande présence de l'enseignement de l'espagnol dans les écoles marocaines... La grande question poursuivra-t-il concerne » l'avenir du Sahara et l'Espagne sera du côté du commissaire de l'ONU ». A la question de la maîtrise de l'immigration irrégulière, José Manuel Albares dira "Oui, si l'on prend comme référence les chiffres de ce mois de janvier. L'arrivée d'immigrants irréguliers sur les côtes andalouses a diminué de 69 % et sur la route vers les îles Canaries, elle a diminué de 82% par rapport à l'exercice précédent. Pour ce qui est d'Alger « Avec l'Algérie, nous voulons des relations basées sur le respect mutuel ». Puis revenant à la politique espagnole, il poursuivra en disant que "le Parti populaire soutient que l'Espagne a été humiliée et ignorée à Rabat. L'ancien ministre des Affaires étrangères José Manuel García-Margallo affirme que l'Espagne est devenue un protectorat marocain. Ils ne savent pas de quoi ils parlent. Si le PP dirigeait l'Espagne en ce moment, nous aurions une crise très profonde avec le Maroc. Avons-nous oublié Persil ?" Négliger les relations de l'Espagne avec le Maroc, je pense, rend ce parti incapable de gouverner. « Nous devons éviter tout ce qui offense l'autre partie, d'autant plus que cela affecte nos sphères de souveraineté respectives. » Pour ce qui est de Sebta et Melilla le MAE espagnol a indiqué que la douane sera organisée comme "nous l'avons convenu, c'est à dire, à travers un calendrier qui sera déployé progressivement. Le 27 janvier dernier, le bureau des douanes de Melilla, fermé depuis 2018, a été rouvert. Nous ne voulons pas précipiter les choses". Aux questions le Maroc a-t-il demandé le contrôle total de l'espace aérien du Sahara ? Le Maroc a-t-il proposé l'ouverture d'un consulat espagnol au Sahara Occidental ? Albares répondra que la position espagnole sur le Sahara se reflète parfaitement à travers le point numéro 7 de la déclaration commune du sommet de Rabat. Le Chef de la diplomatie espagnole est resté droit dans ses bottes quand il a été interrogé sur d'éventuel discussion à Rabat sur le retrait de la France du Mali et du Burkina Faso, des problèmes du Sahel ou de la présence de la société Wagner dans cette zone. Il esquivera cette question en brandissant le hors sujet. Imperturbable, il dira "Le Maroc est un pays très important en Afrique, il faut aussi parler de ce continent. Cela dit, un nouveau modèle de relation avec le Maroc basé sur la concertation est né". Impassible, il le sera aussi quant à la ligne de conduite de l'Espagne avec l'Algérie ? "nous voulons exactement la même relation qu'avec tous nos voisins. Une relation basée sur le respect mutuel, le bénéfice mutuel et la non-ingérence dans les affaires internes". Il passera outre nombre de questions à l'instar de celles qu'il n'a pas jugées être siennes comme, "Existe-t-il encore une tentative de médiation du roi Abdallah II de Jordanie pour améliorer les relations entre le Maroc et l'Algérie ? Connaissez-vous une amélioration des relations, même minime, entre les Etats-Unis et l'Algérie ? Êtes-vous conscient de l'intérêt des États-Unis à ouvrir une base militaire au Maroc pour une plus grande projection de force au Sahel ?". "Je ne suis pas au courant" répondra-t-il à ces curiosités, "ce n'est pas mon travail de commenter les relations entre les autres pays. Ce que je sais, c'est que l'Espagne a une relation de premier ordre avec les États-Unis, ce qu'elle -n'avait plus eu depuis plusieurs décennies".