Le président français Emmanuel Macron n'a pas l'intention de présenter ses excuses au nom de la France à l'Algérie pour les vestiges de l'ère coloniale, considérant, catégorique en cela, qu'il ne demandera pas «pardon» pour les atrocités commises par la France du temps de la colonisation. «Je ne demande pas pardon à l'Algérie... j'ai demandé pardon aux Harkis auprès de qui la République a failli à ses devoirs de les défendre comme promis», a-t-il tranché dans un long entretien au journal « Le Point ». Cependant, il « espère bien » accueillir son homologue algérien en France en 2023 pour poursuivre le chantier de réconciliation entre les deux pays pour ce qui est des questions mémorielles portant sur la colonisation et la guerre d'Algérie. Sur un autre registre, Macron a estimé que la guerre entre le Maroc et l'Algérie est exclue, compte tenu des menaces laissées par la guerre russo-ukrainienne sur la communauté internationale. « La question est importante. Je ne veux pas le croire, le penser. Parce que ni l'Algérie ni le Maroc ne sont des puissances irrationnelles (...) Il n'est pas possible d'imaginer le déclenchement d'un conflit armé dans la région du Maghreb », a affirmé le chef d'Etat français, qui s'est voulu rassurant. Il a en ce sens plaidé pour un « apaisement » des tensions entre l'Algérie et le Maroc, deux puissances rivales dans la région. Sans toutefois préciser ou dévoiler le fond de sa pensée, il aura ces mots: «Je ne crois pas que la guerre soit une réalité qui va survenir, par contre, je vois la spéculation chez les uns, le fantasme chez les autres et même la volonté de guerre chez certains, et je vois la distance que cela crée». Aussi peut-on s'interroger quid de celui qui spécule ou fantasme ou qui désire réellement la guerre. Cela étant, Macron a déclaré que la stabilité en Afrique du Nord est importante et nécessaire, excluant la possibilité d'une guerre entre les régimes marocain et algérien. A la comparaison avec le conflit ukrainien, Emmanuel Macron a indiqué que « les pays africains ne peuvent pas soutenir la Russie dans cette guerre ni adopter une position neutre, car la question est liée à la souveraineté des Etats ». « Il s'agit de la conséquence d'un processus politique qui vient de loin, qui repose d'ailleurs sur un puissant ressentiment des Russes« , dira encore Macron, évoquant en cela le non-respect de l'intégrité territoriale de l'Ukraine par une « puissance impérialiste ». Interrogé, par ailleurs, sur la possibilité pour le président algérien d'organiser une cérémonie de recueillement devant les tombes de membres héros de la résistance au colonialisme français et de la famille de l'Emir Abdelkader, enterrés à Amboise, Macron a estimé que ce serait «une moment très fort et une belle cérémonie», notant que «cela aura un sens dans l'histoire du peuple algérien. Par contre, relève-t-il, pour les Français «ce sera l'occasion de comprendre des vérités souvent cachées ». Dans ces questions mémorielles de la colonisation et la guerre d'Algérie, un legs pour lequel les deux pays naviguent à vue sans possibilité d'un recours sans douleur, a-t-il encore souligné, rappelant que « la question des excuses reste au cœur des relations bilatérales et des tensions récurrentes entre les deux pays ». En 2020, l'Algérie avait pourtant accueilli favorablement un rapport de l'historien français Benjamin Stora appelant à une série d'initiatives pour tenter de réconcilier les deux pays, tout en excluant les « repentirs » et les « excuses ». Reste à faire !