"Comment se présente 2023?" telle a été la thématique au cœur des débats lors d'un webinaire de l'Institut Groupe CDG, le septième du genre cette année qui a été organisé ce mardi 22 novembre 2022. La rencontre à laquelle ont participé d'éminentes personnalités, Fatima Ezzahra El Mansouri Responsable Gestion Portefeuilles, Pôle Finance – CDG , Karim El Mokri est Economiste et chercheur, Taoufik Abbad Chef de la Division des Synthèses Macroéconomiques à la Direction des Etudes et des Prévisions Financières (DEPF) du ministère de l'Economie et des Finances du Maroc et Javier Diaz-Cassou économiste principal de la Banque mondiale pour le Maroc a été modérée par Aziz Boucetta, directeur de publication du portail d'information PanoraPost.com. Les échanges très intéressants au demeurant ont porté sur les réflexions autour des enjeux de l'économie mondiale en générale et de la nôtre en particulier. L'économie mondiale perturbée par Dame Covid, le conflit ukrainien et ses répercussions directes sur l'énergie et les produits alimentaires aux conséquences inflationnistes, les politiques monétaires et autres ... Au niveau national, en plus de subir ces tensions, le sort s'est acharné sur le pays à travers des chocs internes, dont la sécheresse actuelle comme jamais auparavant, a fortement impacté la bonne marche qui caractérisait l'économie nationale notamment sur la récolte agricole et celles céréalières particulier. Afin d'assurer la pérennité des réformes structurelles engagées par le Royaume, l'Exécutif dans son projet de loi de finances 2023 a fixé quatre priorités ambitieuses et qui ont été adoptées à la Chambre des représentants à savoir le renforcement de l'état social, la relance de l'économie nationale, la consécration de la justice territoriale et spatiale à travers le renforcement de la régionalisation et, enfin, le rétablissement des marges budgétaires. A la question 2023 année de répit ou de dépit ? C'est Taoufik Abbad Chef de la Division des Synthèses Macroéconomiques qui a ouvert ces débats en disant: « Nous sommes en période de très faible certitude et même dans un contexte normal, l'exercice de faire des prévisions est difficile et avec la succession des chocs ça l'est encore plus. On assiste à des cycles de croissance de plus en plus courts avec des récessions à grandes amplitudes et donc sans la moindre visibilité. Maintenant se prononcer sur 2023, on peut dire que le Maroc est confronté à un contexte international peu favorable et peu porteur avec la sécheresse cela perturbe un peu la trajectoire de croissance de l'économie national ». Cependant, remarquera le responsable à la DEPF, « ce qui est bien c'est que la fourchette de croissance établie par les différents organismes aussi bien nationaux qu'internationaux varie entre 3,1% et 4,5% et le gouvernement tale sur 3,5% à 4% selon la Loi de finances ». Javier Diaz-Cassou (Senior Economist, World Bank Group) Économiste principal de la Banque mondiale s'est également montré pessimiste quant à une projection pour 2023. «Malheureusement, avec ces multiplicité de chocs qui sont en train d'affecter le Maroc et les autres pays du monde il est impossible de se projeter vers l'avenir. Du côté de la Banque Mondiale, nous avons une fourchette de croissance pour le Maroc entre 3,5% et 3,8%. C'est une projection qui tient compte de l'augmentation en quatorze du taux directeur de la BM, des effets inflationnistes sur la consommation », dira-t-il... Et d'ajouter: « Je tiens à préciser qu'il y a d'autres facteurs qui peuvent réduire la croissance au-dessous de ce chiffre comme la performance du secteur agricole dont on table une production moyenne en 2023. Dans le cas où la sécheresse persisterait c'est de l'ordre d'une croissance de 2,5% qu'il s'agirait ». Mais pour autant, Javier Diaz-Cassou se montrera confiant quant à l'avenir d'après la projection 2023 et ce pour plusieurs raisons: « L'économie marocaine a des atouts très importants. Sa résilience en est l'argument principal, avec une politique macroéconomique qui est très solide, avec des institutions chargées de la politique macro également très solides, une Banque Centrale à mon avis admirable, avec un ministère de l'Economie et des Finances qui priorise le maintien des équilibres macro à moyen terme, nous continuons à croire à travers cela, que l'économie marocaine continuera de croitre au-dessus du niveau mondial ». Pour l'Economiste et chercheur, Karim El Mokri, l'année 2023 sera assez délicate. Il étaye ses dires en affirmant que « ce ne sera pas une année de répit mais plutôt une année de dur labeur pour éviter justement de se retrouver en fin de parcours dans une situation de dépit. 2023 est une année exceptionnelle parce qu'elle arrive après trois ans de chocs successifs (crise Covid, sécheresse conflit en Ukraine...) aussi elle se présente avec beaucoup d'incertitudes au regard du contexte national et international. Il y a un manque de visibilité que ce soit pour les décideurs politiques ou pour les acteurs économiques investisseurs mais également les citoyens ». En se projetant vers 2023, Karim Mokri dira: « Ce sera une année d'arbitrage et de dosage de politique économique et ce à tous les niveaux. Par exemple au niveau de la politique monétaire, arbitrage entre stabilité des prix et en même temps éviter de casser le rythme de reprise. Pour les finances publiques arbitrage entre le renforcement de l'Etat social et les marges et équilibres budgétaires, arbitrage entre la relance par l'investissement et reconstituer la ressource fiscale». De son côté, Fatima Ezzahra El Mansouri Responsable Gestion Portefeuilles, Pôle Finance – CDG, a indiqué que « l'année 2022 a été exceptionnelle de par ses choses inédites, une situation de taux élevée, une situation de politique monétaire très restrictive ce que l'on n'avait pas vu plus d'une décennie durant. Les marchés ont plongé dans une situation inédite et vécu dans des situations de taux très bas voire négatif. Aujourd'hui il y a un virage de politique monétaire et il y a eu beaucoup de volatilité cette année parce que les marchés n'aiment pas trop le manque de visibilité ». «Les Banques Centrales en tout cas en Europe ont longtemps hésité avant de relever leur taux. Mais il faut dire que pire est derrière nous. La crise Covid a créé énormément de problèmes économiquement et sur les marchés également. Il faut dire aussi que les agrégats du Maroc sont solides avec une notation qui est stable et pour un pays émergeant ce sont des agrégats macroéconomiques très positifs et on arrive à faire ramener le déficit budgétaire au-dessous des 5%. Avec ces éléments cela laisse présager une année 2023 en tout cas au niveau des marchés qui j'espère ramènera de la stabilité et d'opportunités à notre économie », a ajouté la responsable.