Bien que l'économie marocaine montre quelques signes de reprise en cette conjoncture de pandémie, la Banque mondiale indique dans un rapport de suivi de la situation économique du Maroc élaboré par son département économique, que la situation reste fragile, étant donné la dégradation récente de la situation épidémiologique. Dans ce contexte incertain, le même département fait savoir qu'une contraction du PIB réel de 6,3 % est prévue en 2020 au Royaume tandis qu'un retour au niveau préalable à la pandémie ne devrait pas intervenir avant 2022. Comme dans d'autres pays à travers le monde, la crise actuelle entraînera une augmentation considérable du déficit budgétaire jusqu'à 7,8% du PIB en 2020, et la dette publique devrait dépasser 76 % du PIB. Le déficit du compte courant devrait également augmenter pour atteindre 6 % du PIB cette année précise la même source. Le produit intérieur brut (PIB) réel du Maroc devrait se contracter de 6,3% en 2020 et le retour au niveau préalable à la pandémie du nouveau coronavirus ne serait possible qu'à partir de 2022, a affirmé, jeudi, Javier Diaz Cassou, économiste principal de la Banque mondiale (BM) au Maroc. Lors d'une table ronde dédiée à la présentation du rapport de suivi de la situation économique du Maroc intitulé « De la riposte d'urgence à la reprise », Javier Diaz Cassou, économiste principal de la Banque mondiale (BM) au Maroc et auteur de ce rapport réalisé en collaboration avec en Amina Iraqi, économiste à la BM, a ainsi rappelé que la pandémie du Covid-19 a brusquement interrompu plus de deux décennies de progrès socio-économique soutenus au Maroc. « En 2020, le pays devrait subir sa première récession depuis les années 1990, et la contraction économique qui a eu lieu au deuxième trimestre, coïncidant largement avec le confinement, est la plus importante jamais enregistrée », a-t-il dit. Le même responsable de la BM au Maroc a souligné qu'il s'agit là du résultat de la combinaison des chocs de l'offre et de la demande et des chocs externes provoqués par la pandémie, mais aussi des effets des conditions climatiques défavorables sur la production agricole. En effet, la crise a eu un impact sévère sur les emplois et les revenus des ménages, générant le pic du chômage et une détérioration des indicateurs de pauvreté et de vulnérabilité a précisé le responsable. Concernant le PIB Marocain, Javier Diaz Cassou reconnaît que cet indice a connu en effet « une chute très marquante au titre du 2ème trimestre de l'année 2020 allant jusqu'à -15%, avec une légère reprise économique au 3ème et 4ème trimestres ». Le responsable note ainsi qu'entre le 3ème trimestre de 2019 et le 3ème trimestre de 2020, l'économie marocaine a perdu plus de 580.000 emplois, notamment en milieu rural. Par ailleurs, Cassou a expliqué que malgré la gravité de la crise, le Maroc est mieux placé que d'autres économies émergentes pour résister à cette tempête grâce à la crédibilité de son cadre macro-budgétaire, à ses tampons extérieurs relativement importants et à son accès aisé aux marchés financiers internationaux. En ce début d'année 2021 qui s'annonce plutôt bien avec le lancement de plusieurs campagne de vaccination dans les quatre coins du monde, plusieurs risques sont à suivre de près au Maroc à savoir la marge de manœuvre de la politique économique pour faire face à une éventuelle aggravation de la crise sanitaire ou internationale, les conditions de financement extérieur qui pourraient se détériorer, et les besoins de financements qui sont élevés insiste le rapport. Il sera également importante en 2021 de suivre l'évolution des échéances en souffrance dans un contexte d'augmentation des délais de paiement, l'importante accumulation de passifs contingents liés aux programmes de garanties mis en place par le gouvernement et le besoin de pousser la croissance économique au dessus des niveaux pré-pandémiques. Eric Le Borgne, Chef de département macroéconomique commerce et investissement a ainsi indiqué que le rapport de suivi de la situation économique du Maroc, qui est un rapport semestriel du département économique de la Banque mondiale « fait partie d'une nouvelle série que nous allons commencer à publier spécifiquement sur le Maroc ».