La Fédération marocaine des éditeurs de journaux (FMEJ) s'est insurgée dans un communiqué contre la situation actuelle du Conseil national de la presse (CNP), dont le mandat a expiré le 4 octobre sans tenir ses élections, ce qui ne fait pas l'unanimité au sein de la profession. La FMEJ, tout en ayant pris acte de la décision gouvernementale de prolonger de six mois le mandat, ajoute que cette situation qui a « porté un coup dur à la réputation de l'autorégulation » pouvait être évitée si les dispositions de l'article 54 de la loi portant création du Conseil avaient été mises en œuvre. Aussi, la FMEJ a affirmé jeudi qu'elle suivait « avec préoccupation » les développements survenus dans le secteur médiatique national, qu'ils soient liés aux conditions professionnelles ou économiques des entreprises journalistiques, sociales des ressources humaines, ou à l'enjeu d'immunisation, de moralisation et de qualification confié à l'autorégulation dans le cadre du CNP. D'ailleurs une délégation du Bureau Exécutif de la FMEJ, a dans ce sens, fait part, lors de sa rencontre mercredi avec le ministre de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication, Mohamed Mehdi Bensaïd, des préoccupations, positions et perceptions des éditeurs face à la réalité et à l'avenir d'une presse marocaine qui « vit l'un des plus grands défis existentiels de son histoire », a souligné la FMEJ dans son communiqué. Aussi a-t-on tenu à rappeler au ministre les correspondances de la Fédération adressées à la tutelle depuis juin dernier, pour insister sur la nécessité d'activer les mécanismes de renouvellement des structures du CNP avant que d'arriver à cette impasse à laquelle on a eu droit. Selon le communiqué de la FMEJ, le Bureau exécutif a exprimé, au nom de la Fédération en tant que composante essentielle du Conseil national de la presse, sa position claire sur cette prolongation qui, une fois devenue un fait accompli, doit être l'occasion de réunir les conditions propices à la tenue d'élections libres et transparentes, conformément aux dispositions de l'article 28 de la Constitution du Royaume. Le Bureau exécutif de la FMEJ a en outre qualifié de « louable » l'appel à l'amendement du Code de la presse, à condition qu'il ne soit lié en aucun cas à des échéances électorales constitutionnelles, « C'est la raison pour laquelle la Fédération a exprimé son rejet de toute proposition d'amendement de l'article 4 de la loi relative au Conseil national de la presse, qui prévoit l'élection des représentants des journalistes et des éditeurs au sein du Conseil, car toute proposition de nomination est tout simplement inconstitutionnelle », indique encore le communiqué. La Fédération a aussi qualifié d' »enjeu essentiel » le fait de s'atteler aux problèmes du modèle économique de l'entreprise journalistique, ajoutant que l'économie demeure le moteur du secteur. Elle a aussi appelé au respect de la légalité et de la démocratie et au renforcement des mécanismes de moralisation et d'immunisation de la profession, qui font partie intégrante de la vie de toute presse qui veut décoller et se réconcilier avec son environnement sociétal. La FMEJ, qui a dit apprécier l'interaction du ministre avec sa demande de versement de la subvention au titre de l'année 2022, a tenu à préciser qu'elle insiste, depuis plus d'un an, sur la nécessité d'élaborer une nouvelle vision pour une subvention publique équitable et juste. Le référentiel doit prendre en considération l'aspect économique, mais également le volet relatif au renforcement du pluralisme, de la démocratie et du professionnalisme, outre l'investissement non seulement dans le capital, mais dans le service sociétal et les ressources humaines, poursuit le communiqué. La Fédération, en tant que partenaire historique dans les chantiers de réforme, composante principale du Conseil national de la presse et organisation la plus représentative, plaide humblement pour sauver ce qui doit l'être, et participera à la journée d'étude au Parlement sur l'avenir de la presse marocaine, nationale et régionale, souligne le communiqué. S'il est donc un fait c'est que la régulation du secteur de la presse est de nouveau au cœur des débats entre les professionnels du secteur. En effet, depuis les dernières élections la profession est passée par une phase de jugement de valeur de la presse pour le moins, peu partagée avec toutes ses composantes et a surtout été marquée par un véritable rapport de force. L'objet ou point ou objets et points de la discorde, élémentaire cher..., l'enjeu électoral que l'on a bien voulu formuler en deux. Fallait-il passer, immédiatement, au renouvellement des instances du CNP, dont le premier mandat est arrivé à échéance bien trop vite pour certains ? ou fallait-il procéder, d'abord, à un lifting du Code de la presse pour remédier aux nombreux dysfonctionnements du premier exercice du CNP durant ce premier mandat ? Le premier, à titre de sursis, fut botté en touche et laissé aux bons soins de l'Exécutif quant aux second, le débat, le vrai celui-là ne fait que commencer avec la fronde actuelle et la FMEJ semble tenir fermement les cornes du fameux taureau. A bon entendeur !