Le Conseil national de la presse, est la nouvelle instance d'autorégulation des médias au Maroc. Les Inspirations ECO liste les principales priorités de ce «Conseil des sages». Au club des avocats, sis boulevard la Résistance à Casablanca, les journalistes n'ont pas fait le déplacement en masse, ce 22 juin, pour élire leurs représentants au CNP. Le taux de participation n'a pas atteint le seuil de symbolique de 50%, pour à peine se situer au niveau de 43%. Les plus motivés pour participer à ce scrutin ont fait le déplacement dès l'ouverture des dix bureaux à travers le Maroc. Parmi eux, Miloud Chelh du média web Le360, il fait partie des 955 journalistes ayant participé à cette première élection du CNP. «Nous avons attendu plusieurs années pour enfin pouvoir élire le CNP. Les attentes des professionnels sont nombreuses». Son confrère, Soufiane Sami de Radio Aswat, résume ses enjeux en deux mots : «Nous aspirons à une instance indépendante des pouvoirs publics défendant la liberté de la presse et le professionnalisme». Pour réussir à atteindre ces deux objectifs centraux, cette phase de l'installation du CNP s'annonce cruciale». Charte, cartes et code Hamid Saâdni (2M TV) fait partie des élus au CNP. La tête de liste «Liberté professionnelle et intégrité» se veut prudent : «Nous attendrons la confirmation finale des résultats et les réponses à d'éventuels recours judiciaires pour partir sur de bonnes bases». Saâdni a dans les esprits les menaces proclamées par les deux listes perdantes, ainsi que des journalistes de la MAP, dans cette course, qui ont menacé, «de faire appel par tous moyens pour contester les résultats». Pour l'heure, les 14 membres élus (7 des journalistes et autant pour les éditeurs) démarrent les démarches avec le ministère de la Communication pour la passation des pouvoirs et la coordination pour la nomination de 4 membres nommés d'office (CNDH, Conseil supérieur du pouvoir judiciaire, Union des écrivains, associations des barreaux d'avocats), un 5e membre dans cette catégorie, représentant le Conseil national des langues et de la culture marocaine (CNLCM) attendra la naissance de cette instance constitutionnelle. Pour leur part, la Fédération marocaine des éditeurs de journaux (FMEJ) aura à choisir un éditeur honoraire. «Une réunion est prévue aujourd'hui pour désigner ce confrère. Notre choix sera démocratique», précise Nourredine Miftah, président de la FMEJ et fraîchement élu au CNP. Selon nos informations, les éditeurs devront copter pour Mohamed Labrini, fondateur d'Al Ahdath Al Maghribiya. Le Syndicat national de la presse marocaine (SNPM) devra également choisir un journaliste honoraire au sein du CNP. Rien ne filtre pour l'heure sur le mode de choix. Les membres du CNP désigneront, par la suite, leur président et leur vice-président. Les journalistes et éditeurs décideront qui des deux collègues présidera en premier le CNP. Précisons que la règle de la parité a été introduite dans le texte créant le CNP. Ainsi si le président est une femme son vice-président doit être un homme et vice-versa. Dès que l'équipe sera formée le CNP aura à mener des chantiers de la réforme du secteur. La loi 13-90 relative au CNP fixe seize prérogatives à cette institution. Editeurs et journalistes s'accordent à dire que la rédaction de la Charte de déontologie sera la première mission de cette équipe. «L'état de la déontologie est calamiteux. Le CNP doit pouvoir construire une personnalité morale capable de faire revenir la profession à ces bases éthiques. Le CNP doit pouvoir amener la profession à respecter le public et regagner la respectabilité de la profession au sein de la société», souligne Miftah. Par la suite, plusieurs chantiers seront ouverts. «Le champ du CNP couvre toutes les questions relatives au monde des médias et de l'édition. Ces chantiers revêtent un caractère urgent», affirme le président de la FMEJ. Et d'ajouter : «À titre d'exemple, on doit pouvoir donner un avis sur la révision en cours du Code de la presse, en discussion au Parlement». Pour Saâdni, la priorité des journalistes sera aussi «de revoir les critères d'octroi de la carte de presse pour la donner à ceux qui la méritent». Une prérogative qui doit être transférée au préalable du ministère de la Communication vers le CNP. Tout un chantier... Nourreddine Miftah Membre du CNP-Collège des éditeurs Notre première priorité est déjà inscrite dans la loi du CNP. Nous sommes tenus par la loi de rédiger et adopter une charte de déontologie de la profession. Ce texte, qui va être publié au BO, va être notre référence. Cette charte sera rédigée de manière consensuelle. Si dans ce délai, nous arrivons à structurer le CNP et valider la charte nous aurons réussi la phase d'installation de ce conseil». Hamid Saâdni Membre du CNP-Collège des journalistes Ce conseil d'autorégulation du journalisme et des médias au Maroc est celui de tous les journalistes au Maroc. Le début du mandat sera consacré à la rédaction de la charte. Nous proposons par la suite de lancer un dialogue régional puis national, pour recueillir les doléances et les idées de la profession. L'objectif est de disposer d'un Livre blanc de la réforme du secteur».