C'est finalement le Rwanda qui abritera le siège de l'Agence africaine du médicament (AMA). Le vote, qui a eu lieu dans le cadre de la 41e session du Conseil exécutif de l'Union africaine (UA) tenue les 14 et 15 juillet à Lusaka. Cette décision a constitué un nouveau revers pour le régime algérien, représenté par Ramtane Lamamra, incontournable quand il s'agit de magouiller. Mais ce fut peine perdue! Ce n'est pas que Lamamra n'a pas fait du zèle, au contraire, il s'est démené comme un petit (grand) diable pour essayer de mobiliser autour d'un dossier algérien, somme toute très faible, et qui n'a pas réussi à convaincre. Tout a été tenté : Lobbyings, manigances dans les couloirs, tentatives d'acheter des voix, de soudoyer des votants, et même de faire miroiter de l'argent, celui des Algériens qui font encore la queue pour un litre de lait ou un kilo de pommes de terre...Mais rien n'y fit ! D'un vote massif en faveur du Rwanda, les pays africains ont clairement montré que le choix était définitivement et inéluctablement porté sur ce pays africain dont le dossier était placé en tête de liste des huit candidatures en lice, à savoir la Tunisie, le Maroc, le Zimbabwe, l'Ouganda, la Tanzanie, l'Égypte, le Rwanda et l'Algérie. Le vote, faut-il le préciser, était fait sur la base d'un processus d'évaluation scientifique, qui a pourtant (ô surprise) été contesté par notre ami Lamara et sa délégation, qui ont refusé d'accepter le verdict objectif de l'équipe d'évaluation relevant de la Commission de l'UA. Si ce comportement a quelque peu « choqué », il a surtout été le reflet d'une déroute, encore une autre, de la diplomatie algérienne, toujours otage de procédés surannés, et qui a du mal à digérer les process démocratiques en vigueur dans le monde entier. Cette attitude de la délégation algérienne n'a pas manqué d'attirer l'attention, suscitant même des réactions dans la presse continentale. Isolement de plus en plus manifeste En ce sens, le site sénégalais « Senego » a souligné que « le désaveu ainsi constaté de l'Algérie, alors même qu'elle avait tout misé, confirme, également, le recul de sa capacité de mobilisation au sein de l'Union Africaine ». « Isolé, ce pays n'arrive plus à peser sur la décision souveraine des pays africains malgré son lobbying dans l'enceinte et les couloirs du Conseil Exécutif à Lusaka et, surtout, malgré sa tentative d'intimidation pour amener le Rwanda à lui céder le premier rang du classement, tentative qui a suscité l'étonnement et l'indignation des participants à ce Conseil« , note encore le média. Lamamra and co sont même allés jusqu'à essayer d'appuyer l'offre pour abriter le siège de l'AMA par la promesse d'une subvention financière d'environ 200 millions de dollars ainsi qu'une prise en charge de l'ensemble des frais pour l'opérationnalisation du siège durant les deux premières années. Néanmoins, constate Senego, cette offre a été ignorée. Cette gymnastique, à laquelle la diplomatie algérienne est rompue depuis de longues années, a été perçue par nombre de diplomates africains, comme un « chantage » clairement « insultant » pour l'intelligence des représentants des pays du Continent. Propagande, encore et toujours Avant la tenu de cette 41è session qui allait livrer le verdict du siège de l'AMA, la machine a propagande algérienne avait pourtant fonctionné à pleine vapeur. Les titres des grands tirages donnaient tous le pays favori de cette « course ». Le ministère ministère de l'Industrie pharmaceutique s'était même fendu d'un communiqué pour prétendre que « les conclusions du rapport des travaux de la Première Conférence des Etats parties au traité portant création de l'AMA, font ressortir que la candidature de l'Algérie arrive avec celle du Rwanda parmi les deux premières du classement. Le dossier algérien a dépassé ainsi dans le classement la Tunisie, le Maroc, le Zimbabwe, l'Ouganda, la Tanzanie et l'Egypte ». « Forte de ses ressources institutionnelles, réglementaires et humaines et du développement sans précédent de son industrie pharmaceutique, mais aussi des garanties offertes à l'AMA, en application des instructions et du programme du président de la République, la candidature de l'Algérie apparaît désormais comme favorite pour accueillir le siège de cette Agence« , s'est laissé aller à rêver le département de Abderrahmane Djamel Lotfi Benbahmed. Mais faut croire qu'il était le seul à penser ainsi...dans un pays où la perpétuelle pénurie crée un marché noir du faux médicament des plus prospères. Et besoin de preuves il y avait, la pandémie du Covid-19 est venue lever le voile sur un système de santé et du médicament plus que défaillant. Si une moyenne de 15% de la population a pu être vaccinée contre la covid-19, ce qui bien loin des objectifs de l'OMS, l'Algérie le doit essentiellement au mécanisme multilatéral Covax, qui lui a fourni au total 1.420.800 doses de vaccins. AMA sur les traces de EMA Pour rappel, le projet de création de l'Agence africaine du médicament (AMA) est mis en sourdine depuis 2009. Entrée en vigueur en novembre dernier, la deuxième agence sanitaire du continent (après le CDC africain) est née d'une initiative conjointe de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et de l'UA. Calquée sur le modèle de l'Agence européenne du médicament (EMA), la nouvelle structure continentale, qui siègera au Rwanda (n'en déplaise à Lamamra), aura la charge d'assurer la disponibilité des médicaments et des vaccins sur le continent africain. Elle devra aussi renforcer la lutte contre les faux médicaments ainsi que les produits médicaux contrefaits ou de qualité douteuse ou inférieure.