La gestion intégrée de l'eau, de l'énergie et de l'agriculture permettra d'assurer l'efficacité et de réaliser le développement durable, a souligné, lundi à Tanger, le ministre de l'Équipement et de l'eau, Nizar Baraka. S'exprimant à l'ouverture du Forum international sur la perspective locale du « Nexus eau-énergie-sécurité alimentaire », le ministre a assuré que la gestion intégrée des secteurs de l'eau, de l'énergie et de l'agriculture permettra d'atteindre plus d'efficacité dans la mise en œuvre des projets liés à ces domaines vitaux et nécessaires au développement de l'économie nationale et à la réalisation de la sécurité hydrique, énergétique et alimentaire, à la lumière du changement climatique, ainsi qu'à la réalisation du développement durable. Nizar Baraka a, dans ce cadre, évoqué la relation étroite entre les ressources hydriques et énergétiques et les efforts visant à assurer la sécurité alimentaire au Maroc, relevant que ce sujet revêt une importance particulière, compte tenu des défis liés à ces domaines et de la nécessité d'accompagner le développement socio-économique durable que connaît le Maroc. Il a, en outre, relevé que le Maroc a franchi des étapes importantes dans la mise en œuvre de sa politique hydrique depuis l'indépendance, grâce à la vision perspicace de feu Hassan II, qui a été confortée sous le leadership éclairé du Roi Mohammed VI, notant que cette politique volontariste, prospective et ambitieuse repose sur la mobilisation des ressources en eau, à travers la construction de grands ouvrages destinés à stocker l'eau en période d'abondance pour une réutilisation en période de pénurie, en plus d'assurer son acheminement des zones d'abondance aux zones de pénurie. Après avoir présenté le cadre juridique et législatif relatif à la gestion des ressources en eau, Nizar Baraka a fait savoir que le Maroc dispose d'importantes infrastructures hydrauliques réparties sur toutes les régions du Royaume, relevant qu'il s'agit de 149 grands barrages d'une capacité totale de plus de 19 milliards de m3, 16 grands barrages en cours de réalisation, 136 petits barrages en cours d'exploitation, 16 ouvrages de dérivation et de transfert d'eau, des milliers de puits et points d'eau, 9 stations de dessalement d'eau de mer et 158 stations d'épuration des eaux usées. Le ministre a fait remarquer que le développement du secteur hydrique nécessite des ressources énergétiques supplémentaires, à la lumière des changements climatiques et de la diminution des ressources en eau, et ce face à une demande croissante en eau dans le domaine agricole, notant que cette situation requiert la mobilisation de ressources hydriques supplémentaires consommatrices d'énergie (dessalement de l'eau de mer pour produire environ un milliard de m3 par an, transfert de l'excédent d'eau et liaison des bassins), ce qui nécessite d'intégrer ces projets, très coûteux en termes d'énergie, dans la stratégie énergétique nationale, notamment dans le programme des énergies renouvelables. Il a ainsi appelé à une refonte de la gestion de l'eau et de l'énergie en adoptant une approche intégrée, afin de trouver des solutions basées sur une évaluation intégrée des défis et l'unification des opportunités offertes par les secteurs de l'eau et de l'énergie, soulignant la nécessité d'assurer l'efficacité hydrique et l'efficacité énergétique dans les domaines de l'industrie, du tourisme et de la construction, entre autres. « Le développement des énergies renouvelables constitue une réelle opportunité pour contribuer à assurer la sécurité hydrique, à travers l'augmentation de l'efficacité énergétique des installations de traitement et de transfert d'eau, la planification de projets intégrés (énergétiques et hydriques) pour une consommation énergétique optimale, l'amélioration du rendement des centrales hydroélectriques, la liaison entre les projets consommateurs d'énergie et les sources d'énergies renouvelables, et l'étude des possibilités d'utiliser les retenues des barrages pour le développement de panneaux photovoltaïques flottants », a-t-il relevé. Nizar Baraka a fait savoir que le secteur agricole, qui a connu une dynamique remarquable grâce au Plan Maroc vert (PMV), constitue un moteur de développement économique et un mécanisme efficace de lutte contre la pauvreté dans le monde rural, en plus d'être au cœur des préoccupations de développement durable et de sécurité alimentaire, soulignant que le domaine de l'eau est au cœur des réformes adoptées, pour relever les défis de la poursuite des efforts de mobilisation des ressources en eau conventionnelles et non conventionnelles, valoriser les ressources en eau destinées à l'irrigation, et mettre en place une politique tarifaire visant à stimuler l'économie et valoriser l'eau. « Malgré les efforts déployés, la demande en eau d'irrigation continue d'augmenter, notamment à travers le pompage croissant des eaux souterraines, et le rendement de l'eau d'irrigation reste en deçà du niveau requis », a-t-il noté, appelant à réduire les pertes d'eau au niveau des réseaux de transport et de distribution dans la zone irriguée, contenir la demande en eau d'irrigation, et renforcer les mécanismes de gestion et de contrôle du développement de l'irrigation privée, en particulier à partir des nappes phréatiques, ainsi qu'à orienter les agriculteurs vers les méthodes d'irrigation durables, et à investir dans la modernisation de l'agriculture comme moyen essentiel pour assurer et développer la sécurité hydrique et alimentaire. Cet événement de deux jours, organisé par le Conseil de la région Tanger-Tétouan-Al Hoceima et la Maison méditerranéenne du climat (MCC), a pour objectif de comprendre les impacts à long terme du lien du nexus eau-énergie-sécurité alimentaire sur la croissance, les moyens d'améliorer la cohérence entre la planification et les priorités nationales, régionales et locales, ainsi que l'importance de promouvoir les investissements du secteur privé dans le Nexus. Il ambitionne également de contribuer à l'élaboration de politiques régionales intégrées, à même d'ériger Tanger-Tétouan-Al Hoceima en région pilote, en prônant de nouvelles façons de penser sur la gouvernance des ressources naturelles nécessaires pour fournir à tous les besoins humains fondamentaux en eau, en énergie et en nourriture, d'une manière écologiquement durable, économiquement viable et socialement inclusive, qui soit en outre capable de faire face aux chocs et aux catastrophes.