A l'occasion de son passage devant les députés de la Chambre des Représentants pour une séance de questions orales autour de la Politique de l'Eau, le ministre de l'Equipement et de l'Eau, Nizar Baraka, a présenté sa stratégie pour le secteur et les actions nouvelles que son département compte mener en 2022 et dans les prochaines années pour répondre aux défis majeurs auxquels face le pays dans ce domaine vital et hautement stratégique. La stratégie et les actions présentées par Nizar Baraka s'inscrivent comme il l'a rappelé dans sa réponse aux députés de la nation dans la continuité du Programme Nationale pour l'Approvisionnement en Eau Potable et l'Irrigation 2020-2027 (PNAEPI 20-27), dont la convention cadre de réalisation a été signée devant Sa Majesté le Roi le 13 janvier 2020, pour un coût estimé à 115,4 milliards de dirhams. Une stratégie qui va subir, souligne le ministre, quelques adaptations inspirées des recommandations du rapport sur le Nouveau Modèle de Développement et des engagements du programme gouvernemental. Rappelant les acquis du Royaume en matière de politique de l'Eau depuis l'indépendance, ainsi que les grands axes de la stratégie de l'Eau 2020-2027 qui vise à garantir une gestion durable de cette ressource rare pour assurer la souveraineté hydrique et alimentaire du pays, le ministre a insisté sur la nécessité d'accélérer l'exécution de ce programme ambitieux pour répondre aux défis qui se posent à court terme mais aussi sur le long terme pour un pays menacé de stress hydrique. Ainsi, pour l'année 2022, le ministre de l'Equipement et de l'Eau a dévoilé une série de projets et de chantiers qui viendront consolider les efforts du Royaume dans le secteur de l'Eau, et le préparer à faire face aux différents risques qui se posent. Des projets et des chantiers structurants qui traitent la Politique de l'Eau dans ses différents aspects. Poursuite de la politique des grands barrages Dans le domaine des grands barrages, le ministre a détaillé la liste des projets suivants qui seront exécutés dès 2022 : -L'achèvement des travaux de construction du barrage d'Agdez dans la province de Zagora et du barrage de Tiddas dans la province de Khemisset, ainsi que du barrage de Sakia El Hamra à Laâyoune. Et la poursuite des travaux de 12 grands barrages dans les provinces de Guelmim, Al Hoceima, Taounate, Chichaoua, Driouch, Taroudant, Taourirt, Al Haouz, Taounate, Sidi Kacem, Guercif et Sefrou. -Début des travaux de surélévation du barrage d'Imfout dans la province de Settat, le lancement des travaux de construction du barrage de Oued Lakhdar dans la province d'Azilal, le barrage de Taghzirt dans la province de Béni Mellal, le barrage de Kheng Grou dans la province de Figuig, et le barrage de Tamri dans la province d'Agadir. -Le lancement des appels d'offres pour amorcer les travaux de deux grands barrages : le barrage de Ribat El Khair dans la région de Fès-Meknès et la surélévation du barrage Ibn Battuta dans la région Tanger-Tétouan-Al Hoceima. Petits barrages et lacs collinaires : une nouvelle génération de projets sera lancée En ce qui concerne les petits et moyens barrages, le ministre a listé les projets suivants et qui seront prioritaires en 2022 : -L'Achèvement des travaux de 9 petits et moyens barrages dans les régions de Midelt, Figuig, Guelmim, Tiznit, Ouarzazate, Sidi Ifni, Taourirt, Nador et Sidi Slimane ; -La poursuite des travaux de construction de 4 petits et moyens barrages dans les régions de Foum Zguid, Moulay Yacoub, Errachidia et Chefchaouen ; -L'initiation des travaux d'un groupe de nouveaux barrages, petits et moyens, à objectifs multiples (irrigation – bétail – protection contre les inondations et renforcement de la nappe phréatique, etc.) Dessalement de l'eau de mer : deux nouvelles stations à Casa et Safi Faisant partie du Programme National 2020-2027, les projets de stations de dessalement de l'eau vont se poursuivre. En 2022, le focus sera mis sur deux nouveaux projets : L'achèvement des études du projet de l'usine de dessalement de l'eau de mer dans la région de Casablanca-Settat. D'une capacité de production de 300 millions de mètres cubes par an, sa réalisation sera faite dans le cadre d'un partenariat public-privé, ce qui permettra la fourniture d'eau potable à toute la région, d'alléger la pression sur les ressources en eau du bassin inférieur de l'oued Oum Er-Rbia, et d'irriguer 5 000 hectares de terres agricoles. L'année 2022 sera marquée également par le lancement des études pour la réalisation d'une nouvelle station de dessalement dans la ville de Safi. Interconnexion entre systèmes hydrauliques Dans ce chapitre très stratégique de l'interconnexion entre bassins hydrauliques, Le ministre a annoncé la réalisation des études nécessaires liées à l'interconnexion entre plusieurs systèmes hydrauliques, en tenant compte des évolutions de la demande en eau et l'impact des changements climatiques : -L'interconnexion entre les bassins côtiers de la Méditerranée occidentale (Laou – El Kannar – Bouhia), les bassins côtiers de la Méditerranée orientale et Moulouya. Un projet qui vise à appliquer les directives royales, objet de la réunion présidée par Sa Majesté le Roi le 18 avril 2019, liées à la construction d'un complexe hydraulique composé des barrages de Beni Mansour, Dar Maimon et Bouhamed, ainsi que des ouvrages de raccordement qui permettront le transfert d'un volume pouvant atteindre 500 millions de m3. -L'interconnexion entre les bassins du Sebou, du Bouregreg et de l'Oum Er-Rbia pour un volume total compris entre 500 et 800 millions de m3. Un grand projet qui sera réalisé en deux phases, précise le ministre. La première, portant le raccordement des bassins de Sebou et du Bouregreg est intégrée dans le cadre du programme national 2020-2027. Et une seconde phase qui reliera les bassins du Bouregreg et de Oum Er-Rbia. Préservation des ressources en eau : 34 nappes phréatiques sujettes à des contrats de gestion Axe déterminant de la gestion des ressources en eau, la composante de l'économie en eau, de la gestion rationnelle des ressources, notamment phréatiques, est au cœur du programme du département de l'Eau. Au total, 34 nappes phréatiques ont été identifiées, déclare le ministre, et nécessitent la signature de contrats avec les différentes parties prenantes pour leur gestion, comme prévu par la loi 15-36 qui est venue combler un grand vide juridique et dont le texte d'application sera prêt en 2022. Deux de ses contrats (Souss-Massa et Haouz-Mejjat) ont été déjà signés, et cinq autres contrats sont en cours de signature (Berrechid, Fès-Meknès, Tadla, Dakhla, Souss-Massa). Un décret a été également publié déclarant un état de pénurie d'eau dans la zone de Chtouka, pour faciliter sa gestion intégrée. L'efficacité de ces contrats, a précisé M. le ministre, qui visent à une gestion rationnelle et durable des ressources en eaux souterraines dépend de l'implication de toutes les parties concernées, Administrations, établissements publics et les utilisateurs de l'eau. La protection contre les inondations est un des axes soulevés par M. Nizar Baraka en réponse à plusieurs questions des députés posées en ce sens. La réponse du ministère se concrétisera par l'achèvement des travaux de 13 projets de protection contre les inondations et la poursuite des travaux de 8 autres projets. Plusieurs nouveaux projets s'ajouteront à ces chantiers qui seront lancés au cours de l'exercice 2022 sur l'ensemble du territoire national, en partenariat avec les différentes parties prenantes. Une planification sur 30 ans pour assurer la souveraineté hydrique et alimentaire du pays Outre ces projets qui seront lancés dès 2022, le ministre de l'Equipement et de l'Eau a également évoqué la stratégie à long terme du gouvernement afin d'accompagner le développement socio-économique que connaît notre pays, et de sécuriser durablement l'approvisionnement en eau du pays. Une politique qui court sur les 30 prochaines années et qui est basée sur trois orientations stratégiques : -La poursuite et l'amélioration de l'approvisionnement en eau en mobilisant les ressources en eau des régions intérieures du Royaume, en interconnectant les bassins hydrauliques, en développant l'industrie de dessalement de l'eau de mer dans les zones côtières et en réutilisant les eaux usées. -Une gestion rigoureuse de la demande en eau dans tous les domaines et secteurs de production, à travers notamment l'amélioration de l'efficacité des réseaux de production et de distribution d'eau potable, en vue d'atteindre un taux de rendement annuel de 80 % d'ici 2030 et de 85 % d'ici 2040. Une amélioration du rendement qui s'accompagnera par la poursuite des efforts de transition à une irrigation localisée pour atteindre 70 % de la superficie totale irriguée d'ici 2050. -La lutte contre la pollution et la protection des ressources en eau, notamment souterraines, par la mise en place d'une gestion participative et contractuelle des nappes phréatiques, ainsi qu'une gestion des phénomènes météorologiques extrêmes et des risques liés à l'eau. L'ensemble de ces mesures et de ces politiques s'inscrivent, comme l'a rappelé le ministre dans son intervention à la Chambre des Représentants, dans le cadre du Programme Nationale pour l'Approvisionnement en Eau Potable et l'Irrigation 2020-2027. Un programme, précise-t-il, qui sera enrichi par les observations de tous les acteurs du secteur, les orientations du programme gouvernemental ainsi que par les recommandations du rapport sur le Nouveau Modèle de Développement. Une stratégie de long terme qui vient répondre à la menace de stress hydrique et à la rareté des ressources en eau potable et d'irrigation, comme celle vécue l'année dernière dans certaines régions. Une année qui a enregistré un déficit en ressources hydriques de 59%. Ce qui nécessite, déclare le ministre, l'accélération de l'exécution de cet ambitieux programme national pour assurer un approvisionnement durable du pays en matière d'eau, un sujet qui est selon le ministre au cœur des préoccupations du gouvernement. Mais aussi et surtout assurer la sécurité et la souveraineté hydrique et alimentaire du pays.