Face au déficit hydrique, le programme gouvernemental dans le domaine de l'eau sera axé sur l'efficacité hydrique et le dessalement de l'eau de mer, a affirmé le ministre de l'Equipement et de l'Eau, Nizar Baraka. Sans concessions et sans langue de bois, le ministre de l'Equipement et de l'Eau, Nizar Baraka, s'est prêté à une analyse profonde, complète et pertinente de l'état des lieux de la gestion des ressources hydriques au Maroc et a exposé les projets du ministère pour assurer la sécurité hydrique qui est également essentielle pour assurer la sécurité alimentaire. Dans le cadre des questions orales à la Chambre des Représentants, le ministre a évoqué les acquis du Maroc, mais a également expliqué les défis qui se profilent dans ce domaine. "Compte tenu de la position géographique du royaume et de son climat, ses ressources hydriques sont limitées et fragilisées par les impacts des changements climatiques", reconnaît-il. Devant une phase d'urgence et critique Le ministre a également rappelé les prémisses de la valorisation des ressources en eau sur le plan national, qui reviennent au milieu des années 60, à travers le lancement de la politique de construction et d'édification de barrages qui consistait à construire des barrages emmagasinant et préservant les ressources en eau durant les années à forte pluviométrie en vue d'en faire usage en cas de pénurie. La deuxième étape était celle de suivre l'évolution des besoins en eau au royaume, et ce, à travers la rénovation des infrastructures nécessaires. Quant à la troisième phase de la valorisation des ressources hydriques, que nous vivons actuellement, c'est celle de la gestion de la rareté de l'eau face au changement climatique. "La dotation annuelle en eau au royaume va baisser de 30 à 50% à l'horizon 2050", a-t-il martelé. Une vision proactive Par la même occasion, le leader de l'Istiqlal a mis en avant les chantiers prioritaires pour le ministère de l'Equipement et de l'Eau. Grâce à une politique hydrique proactive et de long terme, basée sur la planification et les programmes ambitieux et adossée au cadre juridique et institutionnel approprié pour créer les conditions idoines à une gestion durable des ressources hydriques, le Maroc dispose désormais d'un nombre important d'installations et de structures hydrauliques, dont 149 grands barrages d'une retenue de plus de 19 milliards m3 et de 9 stations de dessalement de l'eau de mer d'une capacité de 147 millions m3 par an, outre des milliers de puits pour l'exploitation des eaux souterraines, a souligné le ministre. Au niveau de la distribution de l'eau potable, le milieu urbain est servi à 100%. Le rural atteint actuellement 97,8%, où toutefois, l'eau n'arrive pas aux robinets, a-t-il nuancé. Au niveau de l'assainissement liquide, qui est l'un des chantiers prioritaires du ministère, le taux de raccordement au réseau est de 75% dans les villes, contre moins de 10% dans le milieu rural. En dépit des acquis réalisés, qui ont permis au Royaume d'occuper une place privilégiée à l'échelle mondiale dans le domaine de l'eau, le secteur connaît toujours certains déficits, tels que mentionnés dans le Nouveau Modèle de Développement, a-t-il relevé, faisant savoir que le gouvernement a érigé parmi ses priorités le traitement de ces déficits. Il a, dans ce sens, évoqué le programme national de l'eau, qui constitue une première étape dans le Plan national de l'eau et dont l'exécution nécessitera une enveloppe de 115 MMDH, notant que depuis la signature de la convention-cadre pour la réalisation de ce programme, il a été procédé au lancement de la réalisation de 11 grands barrages sur les 20 programmés d'une capacité de 4,25 millions m3 par an, pour un coût de 15,5 MMDH. Le ministre a également indiqué qu'il sera procédé à la réalisation et à l'équipement de forages pour une enveloppe de plus de 100 millions de dirhams, ainsi qu'à la mise en place du programme national des petits barrages et barrages collinaires, à travers la programmation de 120 barrages collinaires au cours des trois prochaines années dans l'ensemble des provinces du Royaume, à compter de 2022. Dessalement de l'eau : la grande ambition Il a, en outre, affirmé qu'un projet de station de dessalement sera lancé dans le Grand Casablanca, avec une capacité de production de 300 millions m3, dans le cadre d'un partenariat public-privé, ainsi que d'un projet similaire à Safi avec la poursuite du programme à l'échelle nationale, soulignant que le dessalement de l'eau est la solution pour faire face au stress hydrique. Le ministre a également évoqué le premier projet de dessalement de l'eau à Dakhla en se basant sur l'énergie éolienne, avec un coût beaucoup plus bas. Une première nationale, s'est-il félicité. D'autre part, pour ce qui est du monde rural, le ministre a indiqué que le Programme national d'approvisionnement en eau potable et d'irrigation a consacré un volet au renforcement de l'approvisionnement en eau potable dans le monde rural, et ce, en accélérant la cadence de réalisation des projets programmés par les différents intervenants, à leur tête l'Office national de l'électricité et de l'eau potable (ONEE), ainsi que les autres programmes, notamment celui de réduction des disparités territoriales et sociales, outre l'adoption d'un programme complémentaire pour les régions non concernées par les projets précités. Vers la valorisation des nappes phréatiques Conscient de l'importance des nappes phréatiques contre la sécheresse, Nizar Baraka a ramené l'assistance aux années 80, où "nous avions encore des nappes phréatiques dont les ressources étaient importantes. C'est grâce à l'utilisation de ces ressources que nous avons pu dépasser les épisodes de sécheresse qui avaient marqué cette période. Or, aujourd'hui, si nous étions obligés de revivre un autre épisode prolongé de sécheresse, nous serions en difficulté puisqu'il y a eu entre-temps une exploitation excessive des nappes. C'est à cette éventualité que nous devons nous préparer en mobilisant toutes les ressources humaines et financières nécessaires pour anticiper, planifier et commencer à agir", a-t-il alerté. Ainsi, face à une urgence climatique, le ministre œuvre pour assurer la sécurité hydrique qui est également essentielle pour assurer la sécurité alimentaire et assurer une croissance économique et sociale du royaume.