L'évaluation du RAMED (Régime d'assistance médicale aux économiquement démunis), il en a été longuement question dans le dernier rapport de l'Observatoire national du développement humain (ONDH) rendu public le 20 juillet. Le rapport reflète clairement l'insatisfaction aussi bien de l'observatoire que des patients de ce régime. En effet, la généralisation du RAMED devrait normalement constituer un plus pour le système sanitaire marocain, tandis que pour l'ONDH, cette généralisation a fragilisé davantage le système, et a eu des retombées négatives sur tous les patients, y compris les non ramédistes. Selon l'observatoire, la demande excessive des soins et du matériel médical a donné naissance à une défaillance au niveau des hôpitaux publics, qui ont enregistré une pénurie remarquable des ressources ces dernières années. Les limites de ce régime donnent naissance à un autre phénomène, à savoir la fuite vers le secteur privé, surtout par les assurés de l'AMO (Assurance Maladie Obligatoire), « qui fuient les conditions lamentables du secteur public, et les difficultés de prise en charge qu'ils y rencontrent ». Pour les auteurs du rapport, il s'agit d'un phénomène qui accentue la division de la population entre secteur public et privé, en fonction de leur classe sociale. Qui dit santé dit médicaments, où en est le RAMED ? Contacté à ce propos par Hespress FR, Ali LOUTFI, président du Réseau Marocain pour la Défense du Droit à la Santé, déplore que «des fois, même quand les ramédistes sont hospitalisés, ils doivent acheter les médicaments par leurs propres moyens». Il explique dans ce sens qu' »un ramédiste ne bénéficie pas de la gratuité des soins comme il a été convenu dans la loi 65-00 régissant la couverture médicale, puisqu'un titulaire d'une carte RAMED doit payer 76% de ses dépenses sanitaires, et cette carte ne lui donne pas le droit d'accéder aux soins dans tous les hôpitaux publics du Maroc, encore moins dans le privé ». Les temps changent, mais pas les critères d'obtention d'une carte RAMED Les critères de définition des personnes pauvres ou vulnérables afin de leur accorder la carte RAMED ne semblent pas être suffisamment fins pour permettre de faire la différence entre les indigents absolus et ceux relatifs. "Un citoyen risque en 2018 de ne pas avoir la carte RAMED, car il dispose de petits biens, comme une télévision ou un réfrigérateur", ajoute Ali LOUTFI. Un point qui semble indigner bon nombre de ramédistes qui trouvent cela illogique et injuste. Par ailleurs, la conception de la pauvreté change au fil des années, un citoyen de 2018 ne perçoit pas la pauvreté de la même manière que celle d'un citoyen en 2014 et ne la vit surtout pas de la même manière. A noter que les vulnérables ou les personnes en situation de pauvreté relative, au nombre de 4,5 millions, sont amenées à payer 120 dh par personne plafonnée à 600 dh par an, pour pouvoir avoir une carte RAMED, qui ne leur permettrait pas de bénéficier de la gratuité totale des soins. Pauvres absolus ou relatifs, la plupart des ramédistes pointent du doigt ce régime qui a fait couler beaucoup d'encre, et dont « le succès » est clamé les responsables du secteur. Les titulaires de la carte RAMED sont loin de l'article de loi qui souligne qu'avec ce régime la gratuité des services sera garantie. La source du mécontentement serait donc purement financière. Certains patients vont jusqu'à qualifier la gestion de ce lourd régime de « défaillante, voire même humiliante ».