L'Union européenne s'inquiète et « suit de près » la situation des droits de l'Homme et des libertés fondamentales en Algérie, a indiqué le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell. Le Haut représentant européen a révélé que l'UE a toujours alerté les autorités algériennes des dépassements et des répressions qui ont lieu régulièrement dans le pays. Des appels au dialogue restés lettre morte. « Le respect des droits de l'homme et des libertés fondamentales constitue un élément clé des relations UE-Algérie », a rappelé jeudi, Josep Borrell, dans une réponse au nom de la Commission européenne sur la situation des droits de l'homme en Algérie. Il a indiqué en ce sens que la surveillance des droits de l'homme et des libertés fondamentales, fait partie de l'accord d'association du 22 avril 2002, et renforcé dans le Partenariat Priorités qui érigent les priorités communes entre l'UE et l'Algérie, entrant dans le cadre de la Politique européenne de voisinage révisée de 2017. « L'UE suit de près l'évolution des droits de l'homme en Algérie, y compris et en particulier la situation des défenseurs des droits de l'homme, des membres de la société civile et des opposants politiques », a-t-il déclaré, en ajoutant qu' »au cours de l'année dernière, un niveau accru de répressions ciblées contre des militants, des organisations non gouvernementales (ONG) et des journalistes a été noté ». Alors que l'Union européenne « s'est engagée à soutenir la mise en œuvre des réformes politiques envisagées par les autorités algériennes », c'est aussi dans cet esprit qu'elle a « régulièrement évoqué la situation des droits de l'homme et des libertés fondamentales avec les autorités algériennes, tant par l'intermédiaire de la délégation de l'UE à Alger que de contacts diplomatiques au Siège, y compris au plus haut niveau », a révélé le Haut représentant européen. Par ses déclarations, Josep Borrell, a ainsi révélé que l'Union européenne a non seulement suivi toutes les violations des droits de l'Homme commises par les autorités algériennes depuis l'accession au pouvoir du président Abdelmadjid Tebboune, mais aussi qu'elle a critiqué et communiqué avec les représentants algériens, y compris avec le président lui-même. Jusqu'ici, l'UE semblait bien complaisante avec l'Algérie sur la dégradation des droits de l'homme et des libertés fondamentales en comparaison avec les déclarations publiques faites dans le même esprit avec d'autres pays. Les déclarations et communiqués à ce sujet étant extrêmement rares malgré la sévérité et l'urgence de la situation notamment à cause de la dégradation de la santé de nombreux détenus d'opinion qui s'est soldée par la mort dans plusieurs cas. Pour le moment, Bruxelles privilégie encore la voie du dialogue pour tenter d'apaiser la situation des violations des droits de l'homme en Algérie. « L'UE est déterminée à approfondir le dialogue ouvert avec l'Algérie, basé sur la confiance et la critique constructive » a déclaré M. Borrell. Et d'ajouter que les 27 encouragent « les partenaires algériens à établir un dialogue inclusif pour accroître la confiance avec tous les représentants de la société », soulignant que l'UE met toujours l'accent sur le respect des droits de l'homme et des libertés fondamentales dans le cadre des dialogues avec l'Algérie. L'Algérie fait continuellement l'objet de critiques concernant le recul des droits de l'homme et celui des libertés fondamentales, qu'il s'agisse d'Algériens critiquant le pouvoir, de militants pour la démocratie, de simples citoyens réclamant l'accès à l'eau potable ou l'accès au travail, mais également des membres du polisario ou Sahraouis retenus contre leur gré dans les camps de Tindouf. Début juin, le Comité des droits de l'Homme de l'ONU a adopté un avis contre l'Etat algérien suite à une plainte déposée au nom de Mrabih Ahmed Mahmoud Adda, un membre de la milice séparatiste du polisario, exilé en Mauritanie, Le Comité onusien a condamné l'Algérie, faveur du plaignant pour « enlèvement, détention arbitraire, torture et traitements dégradants et inhumains », en représailles contre sa participation à des manifestations contre la direction du polisario. Le 21 juin, la Ligue algérienne des droits de l'Homme (LADDH) a encore une fois alerté sur la situation des droits de l'homme dans le pays. « Des centaines de détenus d'opinion restent en prison, des dizaines de citoyens sont sous le coup de poursuites judiciaires pour délit d'opinion et à cause de leur engagement pour et dans un Hirak pacifique et exemplaire », a indiqué l'ONG dans un communiqué. La Ligue algérienne des droits de l'Homme a critiqué la « multiplication des lois liberticides » par les autorités algériennes qui les utilisent « comme seul moyen de régulation de la vie politique, sociale et économique » et qui « installe la société, dans son ensemble, dans une vulnérabilité juridique déstabilisante et fait éloigner le pays de la construction de l'État de droit ». « De l'agriculteur à l'avocat en passant par le chef d'entreprise, la répression au nom de l'ordre et la justice ne provoque que colère, démobilisation et sentiment d'injustice », a écrit LADDH.