Le projet de loi de Finance (PLF) 2019 présente deux points ayant le plus suscité l'intérêt des observateurs, à savoir l'augmentation du budget de Défense, mais aussi la baisse annoncée des dons en provenance des pays du Golfe persique. Ces deux points ont été, entre autres, abordés par le ministre de l'économie et des finances, Mohamed Benchaaboun, qui a passé ce lundi 22 octobre, son premier grand oral au parlement. La première version du PLF 2019 est fin prête. Devant les deux Chambres du parlement, puis devant la Commission des finances de la première chambre qui va examiner le texte de loi, le ministre de l'Economie et des finances a exposé les grandes lignes de son projet de loi. C'était également l'occasion de relever les contraintes externes et internes qui ont conditionné sa préparation. Des contraintes principalement dues à la remontée des prix du pétrole et du gaz sur les marchés internationaux. En ce sens, Mohamed Benchaâboun a évoqué une augmentation d'environ 40% par rapport à l'année dernière, « ce qui devrait se refléter sur les dépenses prévues de 18 milliards de DH, soit 5 milliards supplémentaires par rapport à 2018 », selon le ministre. Moins d'argent du Golfe S'agissant des moyens financiers à même de combler ce gap, le responsable gouvernemental a précisé que la baisse des ressources des pays membres du Conseil de coopération du Golfe (CCG) impactera à son tour le déficit de trésorerie du royaume. Ce dernier « passera de 3 à 3,8% du PIB » d'après le ministre. Les données fournies par le ministre font état d'un « recul de 2,8 milliards de DH de dons octroyés par les Etats membres du CCG ». Ceux-ci feront passer leur dotation de 4,8 milliards de DH en 2018 à 2,8 milliards de DH en 2019. Rappelons que depuis la signature d'un partenariat stratégique entre le Maroc et ce groupement régional en 2013, la moyenne annuelle des dons que perçoit le gouvernement marocain en provenance de ces pays est de 10 milliards de DH. « C'est un soutien déterminant dans le contrôle du déficit public » d'après Mohamed Benchaâboun. Priorité à la Défense A l'entame de cette rentrée politique, l'Exécutif, ministre de l'Economie et des finances en tête, ont significativement promu « l'orientation sociale et solidaire » du présent PLF. Hier encore, Mohamed Benchaâboun a déclaré que « 7 milliards de DH avaient été alloués dans le cadre de l'engagement du gouvernement d'augmenter les dépenses destinées aux secteurs sociaux, notamment l'éducation et la santé ». Mais le PLF 2019 prévoit bel et bien une nette augmentation du compte spécial «Achats et réparations des équipements des Forces armées royales». Le texte de loi, dont Hespress FR détient une copie, mentionne une dépense de 96,7 milliards de DH, contre 84,2 milliards en 2018. Soit une hausse de plus de 12 milliards de DH en un an seulement. L'Article 48 du PLF stipule que ce montant, placé sous la responsabilité du ministre délégué auprès du chef du gouvernement chargé de l'administration de la Défense nationale est engagé « par anticipation sur les crédits qui lui seront ouverts pour l'année budgétaire 2020 ». Ce qui confirme la tendance haussière de ce département de l'Etat Embauches sécuritaires Idem pour la masse salariale des fonctionnaires et auxiliaires de l'administration de la Défense qui est appelée à la hausse. Il s'agira d'une augmentation de 400 millions de DH. Ce qui engendrera une hausse dans la comptabilité publique de 23,9 milliards de DH en 2018 à environ 24,3 milliards en 2019. Dans cette même logique, les dépenses diverses de ce département atteindront 6,051 milliards de DH, contre 5,871 milliards en 2018. Plus que dans la Santé (4000 nouveaux postes budgétaires) et dans le l'Education nationale, la formation professionnelle, l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique réunis (725 nouveaux postes budgétaires seulement), le PLF 2019 détaille dans son Article 34 la prédominance de la création d'emplois dans l'Administration de défense nationale (9.000 postes en 2019 contre 4.000 en 2018), mais aussi au ministère de l'Intérieur (8100 postes). A eux seuls, ces deux départements surclassent (17 100 nouveaux postes) le reste des ministères et institutions où l'employabilité est engagé par le gouvernement El Othmani. Pour les observateurs, ces révisions à la hausse s'expliqueraient par le rétablissement du service militaire obligatoire supprimé en 2006. Sans précision de la part du gouvernement, son entrée en vigueur devra se faire fin 2019.