La Mauritanie a proposé de faire la médiation entre le Maroc et l'Algérie, qui ont rompu leur relations diplomatiques cet été à l'initiative d'Alger. Le différend du Sahara qui importe les trois pays, est au cœur du conflit entre les deux voisins d'Afrique du nord. Dans une interview accordée au magazine libanais Al Iktissad wa Al Aamal, le président mauritanien, Mohammed Ould Ghazouani, a affirmé la volonté de son pays de renforcer la « cohésion maghrébine ». « Nous disons toujours que notre pays peut jouer un rôle majeur dans le rétablissement de la cohésion entre les pays du Maghreb », a-t-il déclaré, se disant « inquiet des facteurs de tension qui apparaissent de temps en temps ». « C'est inimaginable l'ampleur du coût que les peuples de la région paient en raison de l'échec d'une union maghrébine forte, efficace et intégrée. Nous sommes conscients des difficultés que rencontre ce rêve et nous regrettons les obstacles qui se dressent sur son chemin », a-t-il affirmé en faisant référence au problème d'intégration de la région bloqué par les prétentions algériennes sur le Sahara marocain sous couvert des milices du polisario. Cette déclaration laisse entendre que la Mauritanie pourrait jouer un rôle dans la médiation entre Rabat et Alger, étant donné que les liens entre les deux pays ont été totalement rompu depuis le retour aux affaires du chef de la diplomatie algérienne, Ramtane Lamamra. Alors que pour plusieurs experts en relations internationales, la rupture des relations diplomatiques à l'initiative d'Alger, visait surtout à envoyer à la communauté internationale le message que la diplomatie algérienne a ressuscité, cette décision aura beaucoup de plus de conséquences à l'avenir pour l'Algérie au niveau régional. Car en effet, si le pays s'est affranchi de son amitié et ses liens avec le Maroc, c'est surtout pour se dédouaner pour ses futures actions déstabilisatrices dans la région, notamment sa stratégie visant à « diviser pour mieux régner ». A ce stade, l'Algérie a refusé catégoriquement la médiation de certains pays arabes comme l'Arabie Saoudite, et a tenté de corrompre la Tunisie en volant au secours de son économie. Le pays a soigné ses relations le président Kais Saied dès son élection pour faire sortir la Tunisie de sa zone de neutralité dans le conflit du Sahara. Le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, a rendu visite en décembre à son homologue tunisien, et lui accordé un prêt de 300 millions de dollars, un an après un dépôt de 150 millions de dollars à la Banque centrale de Tunisie. Quelques jours après cette visite en Tunisie, c'est au tour de la Mauritanie d'être sur l'agenda de l'Algérie, notamment parce que la Mauritanie est l'un des 4 acteurs principaux du conflit régional sur la Sahara. Al Ghazouani est attendu à Alger pour une visite officielle, avec une importante délégation à ses côtés. Comme avec la Tunisie, le régime politico-militaire algérien va tenter de corrompre la Mauritanie. Selon la presse mauritanienne, cette visite permettra de signer plusieurs accords bilatéraux, comme les 27 signés avec Tunis. Au centre des préoccupations algériennes avec la Mauritanie, il s'agira de tenter de saper ses relations commerciales avec le Maroc, pays qui livre l'essentiel des produits frais des marchés mauritaniens via l'axe routier El Guerguerat-Nouakchott, qui avait créé une crise à l'automne 2020, lorsque l'Algérie à prémédité l'entrée de milices armées des séparatistes du polisario, ayant pris en otage des routiers marocains pendant plus de 20 jours avant le rétablissement de la circulation grâce aux Forces armées royales (FAR). Cette opération calculée par Alger pour déstabiliser le calme dans le Sahara à quelques jours de la tenue d'une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU, avait également démontré une volonté de reprendre à son compte le flux commercial entre Rabat et Nouakchott, qui s'est traduite par l'envoi d'avions chargés de produits frais depuis Alger pendant que le polisario bloquait la route aux camions marocains. Face à cette agression, la Mauritanie avait protesté officiellement car voyant ses intérêts mis en danger par l'Algérie. Depuis, le pays a fortifié la sécurité de ses frontières avec l'Algérie pour empêcher les éléments du polisario d'entrer sur son sol et édifié une base près des frontières avec Alger. Si le président mauritanien a montré sa bonne volonté et bonne foi pour tenter de faire une médiation entre le Maroc et l'Algérie sur le dossier du Sahara, l'affaire ne sera pas mince pour autant, puisqu'il faudra convaincre l'Algérie de ne plus menacer l'intégrité territoriale marocaine et de ne plus s'ingérer dans ses affaires, ce qui ne semble pas être la direction prise par le régime algérien qui refuse de reconnaitre qu'il est l'instigateur du conflit.