Dans un article publié aujourd'hui, ABC croit savoir que le Maroc attend un « grand geste » de l'Espagne pour normaliser les relations bilatérales. Revenant sur les relations bien ternes depuis le début de la crise provoquée par l'entrée illégale de Ghali en Espagne, le média espagnol indique que seulement deux contacts en guise de rapprochement ont eu lieu, entre l'Espagne et le Maroc depuis le 18 mai dernier, lorsque Rabat avait rappelé son ambassadrice à Madrid, Karima Benyaich. Le premier contact survint le 21 septembre, lorsque le ministre des Affaires étrangères, de l'UE et de la Coopération, José Manuel Albares, tout juste nommé avait annoncé qu'il s'était entretenu par téléphone avec son homologue marocain, le ministre des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l'étranger, Nasser Bourita. La seconde fois que les deux hommes s'étaient parlés, ce fut lorsque Nasser Bourita avait appelé Albares pour s'excuser de ne pouvoir assister au forum de l'Union pour la Méditerranée (UpM), qui s'est tenu le 29 à Barcelone. Après quoi, Albares a affirmé maintenir « une relation fluide » avec Bourita et que les deux sont d'accord pour continuer à travailler pour « renforcer davantage » les relations entre les deux pays. Mais à la vérité, déplore le média espagnol « c'est que ces deux conversations téléphoniques ont eu lieu à cinq mois d'intervalle, c'est le temps écoulé depuis la nomination d'Albares à la tête de la diplomatie espagnole le 12 juillet ». Après l'expérience d'Arancha Gonzalez Laya, Pedro Sanchez a parié sur l'un de ses plus fidèles compagnons de route. Affilié au PSOE dès son plus jeune âge et aguerri à la carrière diplomatique, Albares avait été appelé à rétablir les relations diplomatiques entre l'Espagne et le Maroc. Malheureusement, ce n'est pas le cas. D'ailleurs, le ministre des Affaires étrangères, de l'UE et de la Coopération, José Manuel Albares l'a reconnu, lundi à Barcelone, lorsqu'il a déclaré « qu'il "aurait aimé" que Bourita assiste à l'UpM, car sans aucun doute, cela aurait été le cadre idéal pour une approche tangible avec le Maroc ». Cela aurait même pu déboucher sur une rencontre bilatérale précise-t-on. Mais le Maroc a évité le face-à-face Bourita-Albares, car il attend « un grand geste » de l'Espagne pour faire table rase sur le passé écrit le journal. « Pour renouer et pour vraiment repartir sur des bases solides, le Maroc a besoin que l'Espagne se manifeste et qu'elle le considère en tant que pays ami et partenaire stratégique, avant tout le reste », a expliqué une source diplomatique à ABC. Qu'est-ce que tout le reste ? s'interroge le canard. Personne ne pipe mot sur ce « grand geste », qui interviendrait lors d'un accord entre l'Espagne et le Maroc, fruit d'une négociation menée depuis des mois dans le plus grand secret. ABC croit même savoir que les négociations entre les délégations désignées par les deux pays sont embourbées dans un bras de fer pour cause de lignes rouges à ne pas dépasser. La seule réponse que peut fournir l'exécutif espagnol à chaque fois qu'il est sollicité pour, « c'est une question sensible ». Pourtant de prime abord, il semblait que le processus de dialogue portait ses fruits, à tel point que le roi du Maroc, Mohammed VI, avait évoqué pour la première fois la crise diplomatique le 21 août lors de son discours à l'occasion du 68e anniversaire de la « Révolution du Roi et du peuple », « Nous aspirons à continuer à travailler avec le gouvernement espagnol et avec son président, Son Excellence M. Pedro Sanchez, afin d'inaugurer une nouvelle étape sans précédent dans les relations entre les deux pays, fondée sur la confiance, la transparence, le respect mutuel et le respect des engagements », avait déclaré le Souverain, qui a reconnu avoir « suivi personnellement et directement le déroulement du dialogue et l'évolution des discussions ». Mais malheureusement, après cette déclaration reconnait le média, il semble que le rapprochement avec le Maroc ne soit resté qu'au stade des bonnes intentions au regard d'une communication peu fluide dans le cadre de négociations qui n'avancent pas. Aussi, la raison sous-jacente, pour laquelle aucun accord n'a encore été trouvé, dira encore le quotidien, c'est la reconnaissance de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental par Donald Trump. Ce fut là un germe de l'escalade de la tension qui a connu son apothéose le 18 avril, lorsque le gouvernement a autorisé l'entrée illégale de Brahim Ghali en Espagne, alléguant des « raisons humanitaires ». Le Maroc, poursuit-on, voulait que l'Espagne suive les traces du président américain de l'époque ou, du moins, se rapproche d'eux et se positionne à leurs côtés. « Si l'Espagne changeait de position et rompait avec la position traditionnelle à l'égard du Sahara occidental, d'autres pays l'observeraient et suivraient éventuellement la ligne qu'elle a tracée. », expliquait il y a quelques semaines à ABC Haizam Amirah Fernandez, chercheur principal de la Méditerranée et du monde arabe à l'Institut royal Elcano. Or, les attentes du Maroc n'ont pas été satisfaites pour diverses raisons dont entre autres dit le média, la « légalité internationale » et la réponse de la CJUE qui s'est appuyée sur cela pour juger un différend commercial UE/Maroc. De l'autre côté il y a eu cette déception au regard d'un poids deux mesures. En effet, la crise catalane a été assimilée à la question du Sahara. Le Maroc « n'a pas opté pour la neutralité » et « a été un des premiers pays à se ranger du côté de l'intégrité territoriale et de l'unité nationale de son voisin du nord de manière claire et énergique dit encore le quotidien espagnol.