La situation à la frontière maroco-algérienne, au Sahara, est des plus tendues. La crise entre les deux pays ne cesse de prendre de l'ampleur, nourrie par des provocations et des accusations algériennes à l'égard du Royaume. Des accusations qui, du reste, n'ont jamais été prouvées, et ne convainquent personne. L'hostilité d'Alger à l'égard du Maroc, que les militaires qui tiennent les rênes d'El Mouradia ne cherchent plus à dissimuler, a franchi des étapes, montant crescendo et allant toujours plus loin. Si la guerre se faisait par parties interposées, polisario en tête, à coups d'agitations aux frontières et de complots dans différentes chancelleries, voire même dans les couloirs des Nations Unies, aujourd'hui elle est franche et directe. En effet à travers deux décisions unilatérales, l'Algérie a rompu ses relations avec le Maroc et refusé de reconduire le contrat d'approvisionnement de l'Europe en gaz via le gazoduc Maghreb-Europe (GME). Il ne restait plus qu'un pas, qu'Alger a vite franchi en menaçant carrément de déclarer la guerre au Maroc, qui, de son côté, a clairement fait savoir qu'il « ne sera jamais entraîner dans une spirale de violence et de déstabilisation régionales ». Mais les calculs ne sont pas les mêmes des deux côtés de la frontière. Si le Maroc a choisi la sagesse, les généraux à l'Est, en rupture avec la rue algérienne, savent qu'une guerre au Maroc pourrait leur être salvatrice. Car à défaut de répondre aux revendications légitimes d'un peuple en détresse, ils préfèrent jouer sur la corde sensible, en ce sens qu'il suffit d'une tension, à minima, pour raviver le nationalisme, et faire diversion. Une guerre reste possible Le risque de la guerre était toujours possible, pas réel, mais possible, nous dira Tajeddine El Hussaini, professeur de droit international et avocat près la Cour de cassation. D'ailleurs, dit-il, dans l'histoire des relations Maroc-Algérie cela a été le cas depuis les années 60, en lien avec les frontières héritées du colonialisme. Le gouvernement algérien n'a jamais tenu ses promesses à cet égard, alors que le Maroc s'est conformé à la décision du comité ad-hoc désigné à l'époque par l'organisation de l'unité africaine, même si c'était contre ses intérêts, rappelle l'expert. Une autre occasion s'est présentée avec Amgala 1 et 2, mais aujourd'hui, même si le risque existe, si guerre il y a, elle ne va pas être comme les autres et pourrait être presque globale, poursuit Tajeddine El Hussaini. « On est en train de tabler sur le fait que plusieurs puissances pourraient s'opposer à la guerre, mais parfois quand la guerre éclate, plus personne ne peut la maitriser. En plus le président Tebboune a dit que les Algériens pourraient faire la guerre pendant longtemps, et rappelé qu'ils ont fait la guerre à la France pendant 70 ans, ce sont donc des menaces », indique encore l'universitaire, faisant observer que le dernier communiqué de la présidence algérienne après le prétendu assassinat de camionneurs à Ouargla, montre clairement qu'il n'y a pas d'acceptation d'enquête ou de médiation. Course à l'armement Tajeddine El Husseini rappelle en outre que l'Algérie a dépensé pendant 46 ans plus de 400 milliards de dollars en armement, c'est à dire que c'est le premier pays africain qui achète des armes depuis plus de 15 ans. Le Maroc, dit-il, est obligé de suivre pour maintenir l'équilibre régional, mais aussi pour être prêt à parer à toute éventualité, car il faut le reconnaître, la situation est grave et dangereuse. Ce que l'Algérie est en train de faire sur la frontière « peut être un étalage de force, comme ça peut devenir une réalité », estime-t-il. Que cache cette agitation ? Pour notre interlocuteur, cette agitation « cache de la tristesse et la misère où se trouve ce régime après avoir perdu beaucoup de choses, notamment sa crédibilité ». Il détaille à ce propos : Il y eut d'abord El Guerguerat, c'était là une question vitale pour les Algériens qui rêvaient d'arriver à l'Atlantique et n'ont rien ménagé pour. Il y eut par la suite la reconnaissance des USA de la marocanité du Sahara, puis les consulats ouverts au Sahara par plusieurs pays, et cette tendance se poursuit, avec en face les retraits de la reconnaissance de la prétendue RASD qui se multiplient. Vint après le coup de grâce, à savoir la dernière résolution du conseil de sécurité, qui a non seulement conforté la position du Maroc, mais également mis l'Algérie devant ses responsabilités, comme acteur clé de ce conflit. Les Algériens n'ont jamais su accepter l'échec, et tout ce qu'ils font maintenant, c'est leur dernier essai pour sortir de la situation, soutient l'expert. Face à l'excitation, la sagesse Devant toute cette agitation, le Maroc a fait le choix de la sagesse et la pondération. C'est une politique pour laquelle le Royaume a opté depuis longtemps. Le Maroc passe à l'acte mais ne parle jamais, souligne ce fin connaisseur de la question algérienne. Le Roi Mohammed VI a multiplié les mains tendues vers ce régime : Il a proposé la mise en place d'un comité bilatéral pour discuter et régler toutes les questions et conflits relatifs aux deux pays mais la réponse était absolument négative. Il parlé des deux pays comme étant jumeaux, il a demandé au président d'ouvrir la frontière, mais les Algériens ont tout refusé en bloc, et continuent d'avancer des futilités pour justifier l'injustifiable, déplore-t-il. Et d'ajouter : Le Maroc, et le monde entier en est témoin, a toujours été un bon élève des nations unies et de l'ordre international. Dans cette affaire avec l'Algérie, il n'a jamais essayé é de prendre des mesures coercitives, n'a jamais essayé de menacer même verbalement l'Algérie, et surtout ces dernières années, le Roi a pris des mesures très sages dans le cadre des relations de voisinage. Cela a été dit clairement, on ne touchera jamais à un citoyen algérien. Mai en revanche, on protègera notre territoire, relève Tajeddine El Husseini, qui affirme en conclusion que le Maroc a la force de sa conviction, de son intégrité territoriale, et chaque Marocain peut être un front devant de toute infiltration ou menace. C'est une cause sacrée de la Nation, une notion dont les Algériens se fichent royalement, eux qui font la queue plusieurs fois par jour pour avoir du lait ou toute autre denrée alimentaire.