Les premiers effets de l'Affaire Khasshoggi, la disparition tragique d'un journaliste anti-régime, n'ont pas tardé à se faire sentir sur Ryad. Les annulations pour le « Davos du Désert », son événement phare de l'année, tombent les unes après les autres. D'aucuns parlent de dégâts collatéraux dont l'Arabie Saoudite aura du mal à se remettre! Deux semaines après la disparition pour le moins déconcertante du journaliste saoudien Jamal Khashoggi du consulat saoudien à Istanbul en Turquie et la multiplication des preuves à charge contre Ryad, ont créé une inquiétude généralisée dans tout l'occident, provoquant une série de défections sans précédent pour l'événement « Davos du Désert » organisé en Arabie Saoudite. Mercredi 17 octobre, le site de l'événement ne donnait plus accès aux intervenants. Christine Lagarde, la patronne du Fond monétaire International (FMI), qui avait réitéré sa participation tout en se disant être « horrifiée » de la disparition douteuse du journaliste saoudien, a finalement rebroussé chemin et annulé sa venue. Elle était pourtant tête d'affiche de cette conférence. Boudé par les plus grands décideurs du Monde pour son événement intitulé « Future Investment Initiative » initié par le prince héritier, Mohammed Ben Salmane, dans le cadre la Vision 2030, Ryad aura du mal à remonter la pente glissante dans laquelle elle s'est engouffrée. Cet événement qui doit avoir lieu du 23 au 25 octobre, le deuxième en son genre, était censé redorer l'image du pays, connu sur la scène économique mondiale uniquement en tant qu'exportateur de pétrole. Le prince hériter souhaitait donner un coup d'éclat à son pays en le positionnant comme hub technologique et touristique, mais vu la tournure qu'à prise l'affaire Khashogghi, il n'est pas loin de voir tout le monde contourner la destination Ryad. En effet, les annulations des présences des marques et de leur hauts responsables censés les représenter, ont fait effet boule de neige. Dans le secteur bancaire et financier, le directeur général d'HSBC, John Flint, Ajay Banga, PDG de MasterCard HSBC et Tidjane Thiam, directeur général de Crédit Suisse, Jamie Dimon, PDG de JPMorgan, Chase Larry Fink, PDG de BlackRock, Jean Lemierre, président de BNP Paribas, Frédéric Oudéa, directeur général de Société Générale... ont tous annoncé le boycott. Pourtant le Crédit Suisse et MasterCard sont des partenaires stratégiques de l'événement. Blackstone, Standard Chartered, Ford, Uber et Richard Branson ne seront pas de la partie aussi, sans compter les médias américains tels que le New York Times, CNN, le Financial Times et The Economist... qui eux aussi ont annoncé le boycott en raison des l'affaire de Khashoggi. Lionel Barber, le rédacteur en chef du Financial Times, a déclaré sur Twitter: « On ne sera pas partenaires tant que la disparition du journaliste Jamal Khashoggi restera inexpliquée ». Official statement: The Financial Times will not be partnering with the FII conference in Riyadh while the disappearance of journalist Jamal Khashoggi remains unexplained — Lionel Barber (@lionelbarber) October 12, 2018 Cette série d'annulations met l'Arabie Saoudite dans l'embarras, perdant la face lors d'un événement d'envergure internationale, ce qui laisse penser que ce déchaînement d'annulations serait peut-être un avant-gout des représailles dont Donald Trump avait parlé... Affaire à suivre.