Le monde a fait des progrès imprécédés en matière de réduction de la pauvreté au cours des 25 dernières années. En 1990, près de deux milliards de personnes vivaient dans l'extrême pauvreté, en 2015 ce chiffre est tombé à moins d'un milliard. Ces progrès nous rapprochent de l'objectif de la Banque mondiale qui vise à réduire le taux de personnes en situation d'extrême pauvreté à moins de 3% d'ici 2030. Ces réalisations sont détaillées dans le rapport « Pauvreté et prospérité partagée 2018 : résoudre le puzzle de la pauvreté » de la banque mondiale publié le 17 octobre. Les pays qui comptent moins de 3% de leur population sous le seuil de pauvreté international (International Poverty Line : IPL), représentent déjà plus de la moitié. Ceci est essentiellement dû aux prouesses de croissance réalisées par les régions les plus peuplées du monde, à savoir l'Asie de l'Est, du Pacifique et du Sud. Malgré tout la lutte contre l'extrême pauvreté n'en devient que plus difficile. Le nombre de pauvres dans le monde (736 millions) reste inacceptable, car même si l'extrême pauvreté s'est fortement réduite, elle est de plus en plus enracinée et difficile à éradiquer dans certaines régions, en particulier dans les pays subissant des conflits violents ou souffrant d'institutions faibles. 25 ans en chiffres En 1990, 36% des habitants de la planète vivant dans la pauvreté, c'est-à-dire avec moins d'1,90 dollars par jour (selon le seuil de parité de pouvoir d'achat de 2011 ou PPA). En 2015, cette proportion était tombée à 11%. Malgré la croissance mondiale plus lente des dernières années, le nombre total de personnes vivant dans la pauvreté a diminué de plus de 68 millions entre 2013 et 2015. Des dizaines de millions de personnes ont échappé à la pauvreté chaque année depuis 1990, réduisant le taux de pauvreté mondial d'un point en moyenne chaque année entre 1990 et 2015. Les progrès réalisés par l'Asie sont dus en grande partie à l'essor économique de la Chine. Les pays de cette région sont passés d'un taux moyen de pauvreté de 62% en 1990 à moins de 3% en 2015. L'Asie danse et l'Afrique ne suit pas la cadence L'autre objectif principal de la Banque mondiale est de parvenir à une croissance similaire à celle des régions précédemment citées dans toutes les régions du globe, à savoir accroître la prospérité partagée pour que les franges relativement pauvres de la société participent au succès économique et en tirent parti. Selon les dernières estimations pour 2010-2015, les revenus des 40% les moins bien lotis dans l'Asie de l'est et de l'Asie du sud ont augmenté respectivement de 4,7% et 2,6% par an, respectivement. Mais ces énormes progrès contrastent fortement avec le rythme beaucoup plus lent de la réduction de la pauvreté en Afrique subsaharienne. L'extrême pauvreté y est de plus en plus concentrée à cause du taux de croissance plus lent de la région, des problèmes causés par les conflits et la faiblesse des institutions, ainsi que de l'absence de succès dans l'utilisation de la croissance dans la réduction de la pauvreté. L'Afrique subsaharienne concentre maintenant la plupart des pauvres du monde et, contrairement à la plupart des autres pays, le nombre total de pauvres y augmente. Le nombre de personnes pauvres dans la région est passé de 278 millions en 1990, à 413 millions en 2015. Alors que le taux de pauvreté moyen dans les autres régions était inférieur à 13% en 2015, il était d'environ 41% en Afrique sub-saharienne. Parmi les 28 pays les plus pauvres du monde, 27 se trouvent en Afrique subsaharienne, tous avec des taux de pauvreté supérieurs à 30%. Les pays africains souffrent en grande partie à cause de leur forte dépendance à l'égard des industries minières et de l'extraction, ce qui rend la zone instable politiquement, et faisant face à la faiblesse de revenus et aux catastrophes naturelles.