Commentant la condamnation du journaliste Omar Radi à six ans de prison ferme, la militante des droits de l'Homme, Khadija Riyadi, fustige « un procès inéquitable ». En laps de dix jours, deux journalistes ont été condamnés, pour des affaires différentes, à de lourdes peines. D'abord le journaliste Soulaimane Raissouni et ancien rédacteur en chef du défunt quotidien « Akhbar Al Yaoum » condamné, le 9 juillet, à 5 ans de prison ferme pour «viol avec violence et séquestration » contre un individu de la communauté LGBT. Puis le journaliste Omar Radi qui a été condamné le lundi 19 juillet à 6 ans de prison ferme pour « viol » et « intelligence avec l'étranger« . Des accusations que les deux journalistes ont bien entendu toujours niées. Ces deux peines, aussi lourdes l'une que l'autre, ont eu un coup de blues sur les journalistes et militants des droits de l'Homme au Maroc d'autant plus que les familles et soutiens des deux journalistes n'ont de cesse clamé que leur détention était « arbitraire ». De « farces judiciaires » à « procès iniques » en passant par « procès politiques et inéquitables », ceux-ci ont traité les poursuites des journalistes de tous les noms soulignant que les deux journalistes ont été condamnés pour leur « courage et leurs opinions et articles critiques« . Khadija Riyadi blâme un procès revanchard Joint par Hespress Fr pour commenter la condamnation d'Omar Radi, Khadija Riyadi, l'ancienne présidente de l'AMDH et lauréate 2013 du Prix des droits de l'Homme des Nations Unies nous a confié qu'il s'agit « d'un procès où toutes les normes d'un procès équitable ont été violées. Il n'y a pas eu de respect de la loi en ce qui concerne d'abord l'arrestation et la mise en détention d'Omar Radi depuis juillet 2020 ». Selon la militante des droits de l'homme, « Omar Radi ne doit pas être en prison aujourd'hui. Déjà sa mise en garde en vue était arbitraire d'une part et le jugement est injuste d'autre part. C'est la pire des vengeances envers un journaliste critique. C'est un journaliste d'investigation qui a été pris pour cible par la répression sécuritaire », s'est-elle insurgée. Régression notable de la liberté de la presse Interpellée sur sa perception de la scène nationale en ce qui concerne la liberté d'expression et la liberté de la presse au Maroc, Khadija Riyadi estime qu'il y a « une régression notable dans ce sens ». « Ça a commencé en 2014, lorsque l'ancien ministre de l'Intérieur avait déclaré devant le Parlement que les ONG des droits humains entravent les efforts de l'Etat contre le terrorisme et que ce sont des gens qui travaillent à la solde d'agendas étrangers. C'était visible que ce qui allait suivre était l'horreur. On réprime les ONG des droits humains pour pouvoir réprimer par la suite en toute liberté la presse et autre », a-t-elle regretté. Cette régression de la liberté d'expression et la liberté de la presse au Maroc « a été d'ores et déjà qualifiée par plusieurs ONG internationales d'alarmante », poursuit notre interlocutrice en notant que « le Maroc est très mal classé au niveau international sur ce plan ». « Une répression qu'on sent dans la liberté d'expression. On voit à quel niveau les autorités sont allées jusqu'à utiliser des moyens de diffamation et d'immersion dans la vie privée des gens, de les filmer dans leurs chambres à coucher. Un niveau très bas qu'on n'a pas vu depuis les années de plomb », s'est-elle désolée.