Dans le cadre du débat sur le Nouveau Modèle de Développement (NMD) l'Association Démocratique des Femmes du Maroc (ADFM) n'a pas hésité a tenu à exprimer son mécontentement quant au NMD, notamment en ce qui concerne l'égalité des genres qu'il a occultée. Sous la thématique « Un nouveau Modèle pour les filles et les femmes également », l'Organisation n'y est pas allée de main morte pour faire part de son étonnement quant au rapport. Photo Mounir Mehimdate A cet égard, Khadija Rabah, l'une des fondatrices de l'Association démocratique des femmes marocaines, a expliqué que « les militantes marocaines œuvrant dans le domaine des droits des femmes ont accueilli telle une offense et avec énormément de ressentiment et de colère, les conclusions du rapport ». Rabah a souligné que s'il faisait consensus pour nombre de partenaires politiques, s'agissant des femmes marocaines défenseures des droits humains et de l'égalité des genres, l'étude « ramenait à la période d'avant la réforme du code de la famille » ajoutant que c'était « un échec pour les rêves d'égalité, pour ceux et celles qui pensaient à travers le NMD entrevoir un espoir de parité entre les hommes et les femmes du Maroc. Malheureusement le modèle de développement n'y pas parvenu, bien au contraire ». Les membres de l'ADFM ont expliqué que le NMD tout en pensant le Maroc 2035 a rompu avec les approches adoptées et mises en application et a consolidé la vision patriarcale des relations hommes-femmes en maintenant le blocus, en institutionnalisant l'idée que les femmes sont une catégorie et en maintenant les mécanismes gouvernementaux qui « prennent en charge la femme » comme « question sociale » à traiter à l'instar des enfants, personnes en situation de handicap, personnes âgées qui, du reste, sont femmes et hommes et titulaires de droits. Aujourd'hui, les Marocaines assument à part entière les responsabilités qui leur incombent dans différents domaines. Aussi, est-il de leur droit et responsabilité de citoyennes d'appeler à un Maroc qui se positionne clairement et avec détermination pour qu'à l'horizon 2035 il y ait une promulgation d'une loi, en conformité avec le Préambule de la Constitution et les conventions internationales pertinentes. L'inclusion, en conséquence, et de manière systématique, une refonte globale et cohérente du Code de la famille (âge au mariage, polygamie, divorce, représentation légale, partage des biens acquis durant le mariage et, en particulier, le droit successoral...), une refonte parallèle des contenus culturels, notamment éducatifs, médiatiques et de sensibilisation de masse ne doivent pas être en reste souligne-t-on du côté de 'ADFM. Photo Mounir Mehimdate Par ailleurs, les mesures garantissant l'accès des femmes aux postes de prise de la décision politique et administrative au niveau national et territorial, l'adoption d'une approche Droits fondée sur les données et statistiques et accompagnée des moyens institutionnels, humains et financiers et conférant la priorité aux femmes les plus désavantagées, se doivent d'être prises. La mise en place de structures et organes de gouvernance de l'APALD tout en dotant cette dernière de l'indépendance administrative et de prérogatives relatives à son bon fonctionnement ne sont pas à occulter. Tout comme au demeurant, la mise en place de mécanismes et moyens institutionnels et humains ainsi que des ressources financières, visibles dans les lois de finances, pouvant résorber les disparités hommes-femmes aux niveaux national et territorial. Le NMD expliqué à nos filles et petites-filles se doit d'avoir une vision politique s'appuyant sur la volonté de faire de l'égalité effective, une priorité sociétale porteuse de certitudes pour le développement démocratique de notre pays. Photo Mounir Mehimdate Dans ce cadre Hespress.fr a sollicité Houdna Bennani membre de l'ADFM qui de sa bienveillance légendaire nous a déclaré « La mission première de notre Association sur le NMD est la promotion de l'égalité entre les femmes et les hommes et la promotion des droits humain des femmes, estime qu'on ne peut avoir une vision de développement sans des approches intégrants l'approche genre et le droit de l'homme. Et d'ajouter « L'ADFM attendait du NMD des solutions ambitieuses et courageuses en plaçant la question de l'égalité en tant que priorité sociétale et en tant que vision de développement pour un Maroc 2035, sans discrimination de genres. Le NMD n'a pas adopté une approche globale et transversale concernant l'égalité et le développement des femmes. De plus, indique Houdna Bennani, « les solutions proposées restent peu ambitieuses et manquent de moyens et de considération pour leur réalisations. Le NMD considère toujours les femmes comme une catégorie et une question sociale et la question des femmes est basée sur le référentiel religieux et culturel et un consensus entre les différentes idéologie politiques faisant ainsi fi des dispositions la Constitution et des conventions internationales ». Il est donc temps, à poursuivi Houdna Bennani, « de rompre avec la vision patriarcale et la tutelle de la Législation et adopter une vision politique basée sur l'égalité effective d'une société démocratique et un développement du pays intégrant les femmes et les filles. Dans ce cadre, l'ADFM propose une réforme de loi pour faire avancer les droits des femmes à savoir une loi sur les discriminations de genres et l'harmonisation des textes juridiques avec les normes de non-discrimination et la refonte globale du Code de la Famille. Il est temps également, d'instaurer la parité aux postes de prise de la décision politique et administrative et réduire les disparités ».