En France, aussi bien au premier qu'au second tour, les élections régionales et départementales ont été incontestablement, très largement boudées par les quelque 48 millions de Français formant l'électorat. Dimanche, le taux d'abstention a atteint 65,7%, selon un sondage Ipsos-Sopra Steria. Une faible mobilisation qui confirme l'abstention record (66,72%) enregistrée une semaine auparavant. Aussi, la première leçon à tirer de ce double scrutin, c'est une légitimité acquise sans assise populaire. Par ailleurs, à la lecture des résultats on constate que les deux principales victimes de ce scrutin laissé-pour-compte, sont le parti présidentiel, La République en marche (LREM) et le Rassemblement national de Marine Le Pen. A dix mois de la présidentielle cela promet ! En effet, les incarnations de ces deux blocs, Emmanuel Macron et Marine Le Pen, voient leur image atteinte et leur velléité électorale respective bien contrarié dans cette bouderie populaire marquée par un désintérêt de plus en plus grandissant de l'opinion française pour sa chose électorale voire politique. Au final, force est de constater qu'en l'absence d'une mobilisation notamment celle de l'électorat RN, c'est la réhabilitation du front républicain et de la gauche historique, que d'aucuns, à droite comme à gauche, disaient morts, qui réconforte les adeptes du classique droite/gauche. Car il est effectif, que cette consultation électorale a marqué le triomphe des partis établis ou historiques de la Cinquième République. Le réveil est dur au lendemain de ce vote pour le RN et LREM, obligés de reconnaître que la notion de nostalgie est toujours vivante en France et que les vieux partis ont plutôt la vie dure. La prééminence des présidents sortants a prévalu puisque tous ont été réélus en France métropolitaine (Outre-mer, La Réunion passe de droite à gauche), et que rien ne bouge dans la répartition des régions entre la droite (7) et la gauche (5), la Corse restant dirigée par les nationalistes- indépendantistes. Le RN n'a remporté aucune région alors qu'il avait tout misé sur la région Provence-Alpes-Côte d'Azur (PACA). En effet, le transfuge de la droite parlementaire envouté par la Marine, Thierry Mariani (en tête lors du premier tour), s'est incliné face au président sortant, Renaud Muselier (LR) qui a empoché la présidence de ses 55,8% des voix, contre 44,2% pour le candidat RN. Cette consultation est également un clin d'œil au futur proche, celui de la présidentielle dans huit mois. Pour Emmanuel Macron, ni LREM ni du reste le Modem dans son sillage n'ont été en mesure de s'imposer comme force d'appoint indispensable au second tour dans le prolongement du macronisme. Le président de la république en panne de stratégie ce coup-ci, va devoir chercher pour 2022 un second souffle dans sa façon de mener les affaires, tandis que sa meilleure ennemie, la présidente du parti d'extrême droite a quant elle, essuyé une cuisante défaite. Retour donc des partis traditionnels et le match Macron-Le Pen, que d'aucuns attendent, remis en question, telle sont les deux principales leçons de ce second tour des régionales et départementales. La droite républicaine ressurgit du fond du gouffre où elle sombrait et place des présidents de région dans la carte de l'Hexagone et même plus et la gauche du moins le PS soutenu par EELV a réussi à maintenir le cap à travers ses présidents réélus. Du tout bon pour ces deux tendances historique et traditionnels, sauf que pour aucun leader ne se dégage ni pour la droite ni pour la gauche et plus particulièrement pour cette dernière déjà engagée dans une bataille de leadership entre le PS et EELV. On verra bien, chemin faisant. Après avoir profité du « dégagisme » des Français pour glaner un mandat, Emmanuel Macron pourrait en être la victime expiatoire dans huit mois. C'est que le président de la République, avance sans parti efficace pour le seconder. La présidente du RN, quant à elle, ne peut plus se prévaloir d'une position dominantes, son parti devient victime de l'abstention. Les cartes sont rebattues affirment les partis. Reste à savoir si l'électorat fait la même analyse.