L'eau, qui ne coule déjà pas de source en Algérie, ne coule ni, tous les jours ni, toute la journée au demeurant, dans les robinets d'Alger et d'une soixantaine de communes de la capitale algérienne. Et pour cause, la distribution d'eau est rationnée. Chaleur faisant l'Algérois en est persuadé, cela n'ira que de mal en pis. D'ailleurs, les mesures, au gré des walis du coin tombent une à une, en ce sens, au fur et à mesure qu'éclatent les émeutes dans des quartiers privés d'eau, dont certains depuis plusieurs jours déjà. Et au chapitre du « hugh j'ai dit » des pensées à la dérive, ce quartier ne sera desservi qu'un jour sur deux, huit heures durant, tandis que celui-ci que quelques petites heures par jour et vas-y que je te monte des plans prévoyant les coupures d'eau à tout bout de champs. Quant aux laissés pour compte, c'est parfois en semaines que ça se compte. Et encore on ne vous dit pas pour la pression ni de l'eau ni de celle de la rue. Ces types de rationnement, selon les autorités permettront de « distribuer l'eau la journée et de reconstituer les stocks la nuit, au niveau des réservoirs ». Cette situation de déficit en approvisionnement pour le moins chronique, Alger la doit à une nappe phréatique et à l'apport de barrages de proximité en net diminution à cause de la sécheresse ou tout au moins d'une faible pluviométrie ces dernières années. L'apport en eaux superficielles nous disent ces gens du régime algérien, ayant chuté de 500 000 mètres cubes d'eau/jour à 170 000 m /jour. Toujours est-il que pour pallier à cette crise d'approvisionnement en eau potable aucun délai n'a été cependant avancé par les autorités. On est resté évasif, évoquant «les mois prochains» puis «l'année prochaine». Aux sceaux et jerricans citoyens ! les Algérois vont être contraints au stockage de l'eau. C'est que cela prend d'autres proportions inquiétantes et pas qu'au niveau de la coupure d'eau. En effet, après les restrictions décidées dans plusieurs wilayas du pays, les protestations se sont manifestées çà et là, avec parfois des coupures de routes comme jeudi dernier dans un quartier de la capitale à Bab Ezzouar où les habitants ont coupé la route menant à l'aéroport international d'Alger. En effet, les citoyens de ce quartier limitrophe de l'aéroport et d'un autre plus huppé, clos du reste au populaire et qui abrite « l'élitisme » du régime, ont dénoncé le fait que pas une seule goutte d'eau n'a coulé des robinets, trois jours durant. La circulation n'a été rétablie qu'après la promesse des autorités d'approvisionner le quartier en eau dans la soirée. Mais des exemples du genre sont du domaine du quotidien en Algérie et notamment dans la capitale comme à Bordj El Kiffan ou à Réghaïa... Cette situation qui a donné lieu à d'autres restrictions, comme pour des activités d'arrosage public ou de lavage des automobiles par exemple, a vu également une ruée vers les équipements de stockage. C'est ainsi que les citernes, jerricans, sceaux et autres contenants s'arrachent comme des petits pains. Les pompes à eau ne sont pas en reste. Elles sont prisées par les Algérois habitant les hauteurs des étages supérieurs qui subissent plus la pénurie car même quand approvisionnement il y a, l'eau n'arrive pas forcément dans leurs foyers, notamment lorsque l'immeuble en est dépourvu. Le stress hydrique s'est fait durement ressentir cette année en Algérie à cause d'une mauvaise pluviométrie cumulée au fil des ans qui a énormément affecté le remplissage des barrages. En Kabylie le deuxième plus grand du pays ( 640 millions de m3 ), Koudiet Assserdoune, dans la wilaya de Bouira, est complètement à sec, depuis mai tout comme du reste, le barrage de Taksebt, à Tizi-Ouzou, qui n'a affichait à cette même période qu'un taux de 18 %. Les wilayas de l'extrême Est et du Sud sont à un degré plus ou moindre, c'est selon, mieux loties. Les barrages notamment à l'Est étaient remplis, correctement grâce à une pluviométrie plus clémente. Le Sud quant à lui, est approvisionné à partir de forages. Quant aux régions du Centre et de l'Ouest du pays, l'été s'annonce des plus torrides.